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“On ne devient pas Wigan ou St-Helens en quelques années”, retient Bernard Guasch, président des Dragons Catalans

Bernard Guasch, plutôt discret après la fin de la 19ème saison de Super League de son club des Dragons Catalans, sort du silence. Une analyse lucide de l’exercice écoulé et de la terrible désillusion qui s’est emparée de tout un club selon son président qui, contrairement à ses joueurs, n’est certainement pas en vacances.

Bernard Guasch, quel bilan tirez-vous de cette saison 2024 (7e place) ?

Je l’ai senti venir, mais j’ai eu deux semaines difficiles à accepter cette très mauvaise saison qu’on vient de vivre, mais il faut travailler pour 2025. C’est une année à oublier. C’est une grosse déception, après trois belles saisons et deux finales de Super League (2021 et 2023). Nous étions habitués à jouer première ou deuxième place, et peut-être pensions-nous aussi que ce serait facile d’y revenir. Mais, cette année 2024 nous apporte une très grande leçon dont nous devons nous souvenir.

Justement, qu’est-ce que tu en retires déjà ?

C’est un grand coup d’humilité. On s’est trop vite dit qu’on était avec les trois ou quatre meilleures équipes de la compétition en faisant régulièrement des finales, ou des demi-finales, sauf que ce n’est pas du tout le cas. J’ai alerté les joueurs et les entraîneurs il y a six mois sur les défauts de cette équipe, mais nous croyions toujours que nous allions y arriver. La difficulté de cette compétition nous a rattrapés et il faut rappeler qu’on ne deviendra pas Wigan ou St-Helens en quelques années.

Votre recrutement a été loin des attentes cette saison. L’échec n’est-il pas simplement parti de là ?

Non, c’est une somme de facteurs. Je vous rappelle que nous avons droit à sept quotas (joueurs étrangers hors Britanniques, NDLR). Nous utilisons ces quotas pour recruter des joueurs expérimentés. Sauf que Taukeiaho et Ma’u n’ont pas joué un seul match (opéré, NDLR) et que Nikorima ne jouait pas beaucoup (12 matchs, NDLR). Et puis nous avons eu de gros blessés, entre McIlorum, McMeeken, Johnstone, Ikuvalu et Abdull. C’est beaucoup, mais encore une fois, j’ai prévenu le staff que la saison est longue et que l’effectif n’était pas suffisamment armé pour durer.

Les Dragons ont joué avec onze joueurs français en moyenne par feuille de match tout au long de la semaine. N’est-ce pas aussi un motif de satisfaction ?

Oui et c’est la première fois depuis 20 ans. Mais il faut être conscient de la difficulté dans laquelle nous nous trouvons engagés, dans une rude compétition. Il faut travailler de plus en plus dur pour jouer en Super League. Le match à Toulouse entre la France et l’Angleterre (défaite 40-8) a également été révélateur puisqu’il y avait 90% de joueurs des Dragons. Au final, vous prenez 40 points et un violent coup à la tête. On ne s’en est pas remis et on a vu ce qui s’est passé depuis. C’est pourquoi il faut continuer à structurer le club pour développer le travail de formation. Après Aispuro-Bichet et Martin, nous avons recruté pour trois ans six joueurs de 19 ans, des garçons qui ont battu l’Angleterre avec la France cet été.

La non-participation à la phase finale a également eu un effet sur les pertes financières…

C’est un gros manque à gagner par rapport aux primes versées en fonction du parcours des barrages et des recettes d’un quart ou d’une demi-finale à domicile.

Au moins 500 000 euros de manque à gagner ?

Au moins.

C’est facile de tuer l’entraîneur, mais ce n’est pas pour ça que je suis là.

N’avez-vous pas été tenté de mettre fin au contrat de votre entraîneur, Steve McNamara, au vu des résultats décevants de l’été ?

C’est facile de tuer l’entraîneur, mais ce n’est pas pour ça que je suis là. Je suis là pour lui dire quand je ne suis pas content, je l’ai fait plusieurs fois, et je suis là pour travailler pour demain en apprenant de cette saison. Il faut être raisonnable. Il a deux ans de contrat, puisque nous avons signé une prolongation en février 2024 pour deux années supplémentaires (fin 2026), après trois ou quatre bonnes saisons et les touches qu’il a eu avec d’autres clubs.

Steve McNamara a évoqué dans nos colonnes plusieurs changements dans le staff pour la saison 2025 ?

C’est sa volonté et la nôtre aussi. Cette équipe a besoin de changements dans sa préparation, il faut régénérer le staff (arrivée d’un responsable de performance et d’un adjoint, NDLR).

Le jeu des Dragons Catalans s’est enlisé comme rarement cette saison. En quoi serait-ce différent en 2025 ?

J’apprécie toutes les critiques, mais le jeu appartient aux joueurs. Ce sont eux sur le terrain qui doivent juger où aller et quand jouer les tirs. Quand on est joueur, il faut avoir envie de produire, de jouer et de faire du spectacle.

Votre recrutement est-il complet avec sept recrues (Partington, Pangai Junior, Whitehead, Keary, Cotric, Smith, Makinson) ?

Ce n’est jamais fini et nos expériences passées sont là pour le prouver. Nous étudions les options qui s’offriront à nous comme nous le faisons chaque automne et chaque hiver avant le début de la prochaine saison.

L’entraîneur a reçu un coup à la tête et il a commis une erreur avec certains de ses joueurs.

Les leçons à tirer ?

Oui et il faut apprendre des erreurs de cette saison mouvementée. Le coach a pris un coup à la tête, il croyait en cette équipe et il s’est trompé sur certains de ses joueurs. Mais cela fait aussi partie de l’histoire d’un club, il faut se structurer davantage et c’est dans ce sens que nous avons embauché Sébastien Munoz comme directeur général depuis le 1er septembre.

Vous connaîtrez bientôt les notes attribuées par IMG pour classer les douze meilleures équipes qui participeront au SL 2025. Êtes-vous inquiet ?

Je sais que nous avons perdu des points pour plusieurs raisons. Nous avons eu un A avec 16,73/20 l’année dernière. Sauf que nous avons terminé septièmes cette saison et, surtout, la vétusté du stade et l’état du terrain ne nous ont pas aidés. J’espère qu’une solution sera trouvée pour la pelouse et ne plus voir ce champignon apparaître chaque été. Il y a aussi le côté financier, puisqu’en 2025 nous devrons payer les déplacements des équipes visiteuses et des arbitres et nous serons aux alentours de 400 000 €. (le coût du déplacement des Dragons approche les 600 000 € chaque saison, NDLR). Nous n’y échapperons pas cette fois. La discussion existe depuis des années et l’échéance a été reportée. Nous avons réussi le tour de force d’amener un partenaire à la compétition (Vignes du Vent) et c’est un des bons points, mais la Super Ligue attend depuis quinze ans des retombées financières de la télévision française. IMG va renégocier avec l’équipe pour 2025 et nous verrons le résultat.

IMG pointe aussi le fait de ne pas avoir de centre de formation…

Depuis des années, nous demandons aux communes autour de Perpignan si nous pouvons nous entraîner sur leurs terrains (Cabestany, Canet-en-Roussillon). Nous sommes le rare club de Super League sans centre de formation, mais vous savez, ça fait 20 ans que ça dure.

Où est le dossier pour la construction de la nouvelle tribune à la place du Guasch-Laborde ?

L’appel d’offres a été lancé cette semaine par la Ville de Perpignan. Nous attendons le verdict pour savoir s’il est nécessaire de modifier les plans dans le but de démarrer les travaux dès septembre 2025. Il faudra anticiper la saison 2026 et les déménagements nécessaires après le début des travaux.

 
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