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boudé en France, l’incroyable histoire d’Alec en Australie

Par

Clément Mazella

Publié le

2 octobre 2024 à 17h04

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« J’ai redécouvert la joie de jouer au rugby et la sensation d’insouciance de courir et de toucher le ballon. » Alec LambertAgé de 22 ans, il prend actuellement une sacrée revanche sur son destin. Formé au Stade Toulousain mais ne suscitant aucune convoitise après son passage par Colomiers et Tarbes, le solide pilier droit exilé en Australie où il s’éclate totalement. Et surtout où il se produit. Événement incroyable : il a attiré l’attention de Brumbiesla meilleure province du pays, ce qui l’a mise à l’épreuve. Qui sait : l’avenir d’Alec, qui n’a joué au mieux qu’en national en France, pourrait s’écrire en Super Rugby.

Alec Lambert s’exile en Australie

Mais comment diable Alec Lambert, qui a fréquenté l’école de rugby à Castanet (Haute-Garonne), a-t-il fini par arpenter les pelouses australiennes ? Force est de constater que son parcours, à seulement 22 ans, a été semé d’embûches. Et il a aussi su saisir une opportunité assez incroyable lorsqu’elle se présentait.

Joueur tarbais lors de la saison 2023-2024, Alec (1,87m et 126 kilos) n’avait plus d’avenir en Bigorre. « J’ai ensuite parlé avec un coéquipier, Mees Erasmus. Il connaissait un certain Jérôme Villegas, entraîneur français en Australie qui cherchait un pilier droit pour son club”, a-t-il déclaré.Actu Rugby Alec Lambert.

« J’essaie de donner la chance et de faire venir chaque année un Français en Australie. Parce que je suis bien conscient que les Français se font voler leur place par les Australiens», répond Jérôme Villegas, 55 ans, qui a quitté la France en 1997, et qui est actuellement entraîneur des Tuggeranong Vikings (première division australienne), proches de Canberra.

« Nous avons eu quelques blessures et nous avions besoin d’un bon accessoire juste avant de commencer la saison. Mees Erasmus, que j’ai entraîné, m’a dit : “il y a un jeune qui n’est pas mauvais, ça va lui faire du bien pour qu’il se développe car il a peu de temps de jeu.” Il a du potentiel, et ça pourrait lui apporter quelque chose. Alors j’ai essayé.

Jérôme Villegas
Entraîneur français des Tuggeranong Vikings

« Je me suis réveillé un matin avec un message vocal de Mees disant : ‘dans deux semaines, tu pars pour l’Australie.’ Tarbes ayant presque terminé sa saison, et n’ayant aucun contact avancé avec un club en France, Alec a déclaré banco. «Ça m’a tout de suite intéressé», dit-il.

Très vite intégré

Voilà donc Alec qui part en Australie, à l’autre bout de la planète, lui qui n’avait que 21 ans lorsqu’il est parti. « Je l’ai vu de manière positive, mais aussi avec une petite appréhension liée aux transports, aux problèmes de visa, à la langue anglaise. Mais là, j’avais un coach français et je savais que ça pouvait m’aider”, souligne l’intéressé.

A son arrivée, Alec est soigneusement accompagné. Le club des Vikings décide qu’il sera hébergé par le capitaine de l’équipe première. « Un vrai gars dans le besoin, aux portes du Super Rugby, décrit l’entraîneur français. “Ça a permis à Alec de voir l’attitude d’un gars impeccable, avec une bonne hygiène de vie.”

Alec a aussi une particularité : il parle très bien anglais. De quoi faciliter son intégration. « On voit que dans le rugby moderne, il faut savoir parler anglais. Du Top 14 à la Fédérale 1, on croise des Fidjiens, des Géorgiens et des anglophones, et dès mon plus jeune âge, j’ai commencé à apprendre l’anglais car le rugby a toujours été un rêve. Je suis content car cela m’a bien servi jusqu’à présent », sourit Alec.

Très vite, Alec Lambert s’impose au sein des Vikings et prend le dessus sur la concurrence pour devenir titulaire. (©Photo fournie par Alec Lambert)

Alec devient titulaire

Considéré comme un produit « exotique », Alec est très vite « devenu l’attraction locale ». Et sur le terrain, le garçon, vu par les coachs australiens comme un pilier de la conquête, à l’opposé des prototypes sur place, s’est très vite mis à performer.

« Il a petit à petit volé la place à son concurrent direct, Silafono Titiuti, qui avait débuté comme titulaire. Sila vient de rejoindre la Western Force. C’est pour cela que les Brumbies se sont intéressés à Alec, curieux de voir le niveau de ce Français”, explique Villegas.

Après avoir disputé une quinzaine de matches jusqu’à la finale du championnat perdue par les Vikings, Alec a surtout redécouvert le plaisir de jouer au rugby. Il découvre également certaines spécificités locales. « En Australie, on s’attend à ce que n’importe quel joueur soit capable de jouer 80 minutes. Pour un Européen comme moi, la première fois que j’ai joué 80 minutes, j’ai vraiment tiré la langue. C’était vraiment dur”, dit-il.

En procès avec les Brumbies

Grâce à ses bonnes performances, Alec Lambert a attiré l’attention des Brumbies qui ont décidé de l’essayer. Le Français de 22 ans a accueilli cela « avec pression ». « Ici, c’est le rêve de beaucoup de joueurs, et c’est très compliqué. Jérôme m’a dit que ce test était exceptionnel, parce qu’il était si rare. Et que les Brumbies n’offriront pas une telle opportunité à un étranger s’ils ne sentent pas que cela leur profitera.

« L’Australie est conservatrice et nationaliste. J’ai été surpris que les Brumbies l’aient jugé », admet Villegas. « Mais comme il est jeune, ils disent que s’ils peuvent trouver un grand potentiel, alors pourquoi pas. Et puis le rugby australien a de gros problèmes en première ligne. Alec est arrivé au bon moment.

Le week-end dernier, Alec a disputé son premier match avec les Brumbies contre… une sélection des meilleurs joueurs de la province de Canberra entraînée par Jérôme Villegas. “Ça s’est bien passé”, nous a dit Alec, qui a joué toute la seconde mi-temps pour une victoire 44-7.

Une autre réunion est prévue ce week-end. « Suite à cela, une décision sera prise quant à savoir si je rejoins les Brumbies pour faire avec eux le bloc de pré-saison en vue du Super Rugby », explique Alec Lambert. « Ce serait fabuleux si j’étais gardé », admet-il. Il pourrait être le premier Français à disputer cette compétition dans une province australienne.

Jouant sous les couleurs des Vikings, Alec Lambert a tapé dans l’oeil des Brumbies qui l’ont jugé. (©Document fourni par Alec Lambert)

Les nombreux ennuis d’Alec Lambert

Oui, ce serait fabuleux, et surtout une sacrée revanche personnelle. Car rien n’a été facile pour Alec en matière de ballon ovale, après avoir subi de nombreux coups durs. Après avoir fréquenté l’école de rugby de Castanet (Haute-Garonne), il joue au Stade Toulousain des U14 jusqu’à sa première année Espoirs (champion de France aux côtés de Merkler, Cramont, Brennan, Vergé et Delibes). ).

L’aventure avec les Rouge et Noir a connu une fin brutale. « Il y avait une promesse de temps de jeu, mais on a appris à l’intersaison la signature d’un pilier droit australien arrivé en janvier. 2 matches plus tard, il jouait, alors qu’on s’entraînait depuis 6 mois sans voir la moindre feuille de match. Ça m’a fait du bien, même lorsque j’ai signé à Colomiers », avoue Alec.

Pour sa seule saison en Espoirs à Colomiers, Alec est allé jusqu’à décrocher une place de 24e homme lors d’un match de Pro D2. Pas de suite, car le club haut-garonnais s’est appuyé sur un autre élément local au poste de pilier droit. Le destin pousse Alec vers Tarbes, où il subit également un coup dur.

J’ai été amené à jouer en premier, mais c’est le directeur du centre de formation qui m’a fait signer. Et il n’y avait aucune communication entre lui et le staff de l’équipe première, qui n’était pas forcément intéressé par mon profil. En janvier, je me suis poussé à quitter Tarbes. Mais il était trop tard : la double licence n’était plus possible depuis décembre, et pour signer en Nationale 2, il me fallait au moins un match de Nationale, ce que je n’avais pas. En février, je me suis dit que peut-être le rugby était fini pour moi et que je devrais devenir amateur pour m’amuser.

Alec Lambert
Le pilier droit français joue en Australie

C’était sans compter sur cette discussion avec Mees Erasmus, et la philosophie de Jérôme Villegas. « J’ai le sentiment que mon appel lui a donné une nouvelle envie. C’était une bonne porte de sortie pour Alec», reconnaît le technicien de 55 ans.

Il envisage de rester en Australie

Et quoi qu’il arrive, même un refus définitif des Brumbies, Alec Lambert voit son avenir en Australie. « J’ai l’intention de rester ici, mais je ne sais pas si ce sera avec les Vikings. De toute façon, je n’ai aucune opportunité en France. Si je reviens en France, je serai un pilier parmi des milliers. En Australie, je suis l’exotique, le pilier français qui joue. Et je l’aime davantage… »

Les qualités d’Alec Lambert vues par Jérôme Villegas

« Alec a un physique naturel. Mais je pense que c’est son point faible car il devait être dominant quand il était jeune. Il est fort, avec un haut du corps très développé. Il a les compétences nécessaires avec le ballon dans les mains. Maintenant, il doit travailler sur des détails. Il a une bonne base technique. Il a du travail à faire en mêlée, mais il a été dominant en général cette saison. Il a ce style d’attaquant français, fort en conquête. met la tête dans la bataille. Les Australiens n’ont pas cela. Alec est une personne très sympa, très humble, il ne venait rien faire et sortait jusqu’à 4 heures du matin, ça. lui a donné la banane.

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