Entreprise. Comment le gère-t-il les réseaux sociaux ?

Entreprise. Comment le gère-t-il les réseaux sociaux ?
Entreprise. Comment le rugby gère-t-il les réseaux sociaux ?

Aucun sujet de société n’échappe à l’appétit des réseaux sociaux. Le ballon ovale pas plus qu’un autre. Alors, comment le et les rugbymen gèrent-ils ce nouveau paramètre de leur quotidien ? Et est-ce une opportunité ou une malédiction ? Nous avons essayé d’en savoir plus…

Le sport ne se vit plus seulement au stade ou devant la télévision. On jurerait même qu’aujourd’hui on le consomme davantage via les applications qui ponctuent nos smartphones : en toute liberté, on nommera ici Instagram, truc boomer*. Pro du rugby ? Il a évidemment suivi le mouvement inexorable du monde et s’appuie sur ces différentes plateformes pour communiquer, développer son audience, interagir avec ses fans, peaufiner son image et, enfin et surtout**, gagner de l’argent. Sur le sujet spécifique de la communication, « Rugby », le bras armé des équipes de France dans le métaverse, propose par exemple des contenus à profusion à son million d’abonnés sur Instagram, où se situe le pic d’audience les soirs des grands matchs de la XV de France. Un membre de la FFR confie : « Sur un seul week-end des Bleus, nous pouvons compter jusqu’à 30 000 commentaires et deux fois plus d’interactions, sur chaque post réalisé par notre compte sur les différentes plateformes. Les critiques ? Nous les laissons publiés. Le débat est bon et nous ne sommes pas dans le monde des Bisounours. » En revanche, la fédération s’appuie, pour traquer les propos racistes et homophobes, sur une intelligence artificielle qui efface instantanément les insultes et les outrages de l’interface. Notre interlocuteur poursuit : « L’outil nous permet également de rayer de la carte les démarcheurs commerciaux. » J’entends par là les marabouts de n’importe quelle chapelle, les inoubliables cancérologues ou accompagnateurs en tout genre. Les clubs du Top14 ? S’ils n’ont pas la même puissance que « France Rugby », certains disposent néanmoins d’une grande communauté, l’UBB, Toulon, le Stade Toulousain ou le Stade français incarnant aujourd’hui les leaders du numérique. Samedi soir, le community manager d’une entité du Top 14 nous disait : « Nous n’avons pas d’intelligence artificielle à disposition pour faire le ménage. Nous essayons donc de le faire nous-mêmes. Mais les jours de défaite, c’est compliqué : on est alors noyé sous les insultes ; les gens pensent qu’ils parlent à l’entraîneur, aux joueurs ou au président alors que c’est nous, les petits communicateurs, qui sommes derrière la vitrine virtuelle du club et qui prenons tout cela avec calme. »

Pour les joueurs, une affaire juteuse

Mais qu’en est-il des joueurs ? Ils sont naturellement hyperactifs sur les réseaux sociaux. Certains, comme l’hilarant Nans Ducuing ou le caustique Joe Marler, gèrent eux-mêmes leur compte personnel. Mais les acteurs les plus en vue du Top 14 ont pour la plupart délégué la gestion quotidienne de leurs profils à des entreprises. On pense ici à SD Management, qui soigne l’image de Peato Mauvaka, Manny Meafou et Oscar Jegou. Ou encore Bros Stories, dédié à Charles Ollivon, Cameron Woki et Antoine Dupont. « Les réseaux sociaux ont un impact énorme sur la psychologie des joueurs, nous confie un autre community manager. Ils nous demandent souvent de changer telle ou telle photo, car à leurs yeux cela nuit à leur image et ils se font un peu berner par leurs amis. Nous marchons sur des œufs, avec certains d’entre eux. » Là réside toute la schizophrénie du rugbyman professionnel, lié par la nature de son sport à un suprême instinct grégaire et contraint, aussi, de marquer sa propre identité pour nouer des partenariats privés et, éventuellement, multiplier par deux son salaire : sur les réseaux sociaux, Antoine Dupont s’associe ici à une marque de cryptomonnaie (Bitpanda), là à une eau minérale (Volvic). Gregory Alldritt apparaît au volant d’un SUV Land Rover ou fait la promotion des montres Bell & Ross. Mais les revenus de ces partenariats, s’ils finissent effectivement sur le compte bancaire de l’ambassadeur en crampons, entrent-ils aussi dans le plafond salarial de leur employeur ? Ici, le règlement LNR stipule que pour qu’un partenariat privé ne soit pas transféré dans la masse salariale du club employeur, il faut prouver, attention, au responsable du plafond salarial du rugby pro (Samuel Gauthier) que le contrat en question a été spécifiquement lié à un individu et non à un individu représentant un club de Top 14. Mais comment démontrer, exactement, qu’il s’agit de Matthieu Jalibert de l’UBB et non de celui de la rue des Oliviers, à Mérignac ? Nous ne le savons pas. Mais Gauthier oui, évidemment…

À condition de savoir s’en servir, les réseaux sociaux sont à bien des égards une aubaine pour le rugby cherchant à élargir son audience ou pour les joueurs conscients d’être encore à des années-lumière des salaires des joueurs de tennis ou des footballeurs. Hélas, les « réseaux sociaux » **** peuvent aussi être gênants lorsque l’on se retrouve victime d’une chasse à l’homme ou, et cela peut être un préalable, si l’on appuie sur le mauvais bouton au mauvais moment. Ce fut récemment le cas de Melvyn Jaminet, en Argentine ; cela a provoqué le tollé que l’on connaît et a aussi fait dire au grand Serge Blanco, que l’on recherche toujours sur TikTok et Instagram : « Vous envoyez un message stupide à un ami et pour créer le buzz, celui-là le lance à tout le monde. … Ces réseaux sociaux, c’est la mort… »

* Un individu né en plein baby-boom
** Enfin et surtout
***Gestionnaire de communauté numérique
**** Réseaux sociaux

 
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