Les deux rugbymen attendent le verdict de la justice argentine et cela a pris plus de temps que prévu.
L’affaire des deux joueurs du XV de France, Oscar Jegou et Hugo Auradou qui a débuté en Argentine, est dans sa phase finale. Mais contrairement à ce qui a été dit initialement, la décision définitive du tribunal prend du temps (trois reports) et nous attendons désormais une décision ce 25 novembre à 9 heures (heure locale, 13 heures en France) du parquet de Mendoza ( Argentine). Le dernier report était lié à la demande de l’avocat du plaignant, qui avait présenté au dossier de nouveaux documents, finalement refusés.
Pour rappel, les deux internationaux avaient été inculpés de viol aggravé (car commis en réunion) pour des faits présumés survenus dans la nuit du 6 au 7 juillet dans une chambre d’hôtel à Mendoza, où le XV de France venait de jouer un test. -match contre l’Argentine. Après une première longue bataille, les joueurs ont été autorisés par la justice argentine à quitter le pays le 3 septembre et à rentrer en France, malgré leur mise en examen. La raison ? “l’existence de contradictions notables, d’incohérences, de zones grises et même d’explications insuffisantes » comme l’explique l’accusation. Tout au long de l’enquête, analyse des témoignages, des images de vidéosurveillance, des messages audio (du plaignant avec un ami, notamment), “il ressort clairement (…) que l’accusation initiale a perdu de sa force”, avait constaté le parquet ces dernières semaines. .
Un témoignage glaçant
La victime présumée a livré un témoignage glaçant à Envoyé Spécial quelques jours plus tard. « Ils m’ont brutalisée et considérée comme un morceau de viande », explique-t-elle. « Il m’a attrapé le cou. Il m’a mis sur le lit. Il m’a déshabillé comme une brute. Il m’a tiré du lit alors que j’étais nue et m’a soulevé par le cou, à tel point que je n’avais plus d’oxygène. J’ai essayé de répondre en le giflant. Au lieu de l’arrêter, cette gifle le fit continuer.
Des messages audio qui remettent en cause la version de la victime ?
Des documents cruciaux apportés au dossier ont été divulgués à la presse. Il s’agit de messages audio envoyés par la plaignante à un ami dans les heures qui ont suivi le viol présumé. Le journal argentin La Nation a révélé le contenu d’un de ces messages : « Vous ne savez pas à quel point ce Français était mignon, le plus grand, le gamin était horrible ». Le site argentin Clarin révèle même des messages beaucoup plus explicites de la plaignante : « J’ai rencontré un rugbyman français. Un gars super grand. Trop beau, trop beau. Je suis rentré chez moi à 9 heures du matin. A 9 heures du matin ! Je te dois tout, tu m’as encouragé à ne pas rester ici à la maison, toujours la même histoire. Quand je sors, j’en profite, il m’a fait exploser. . J’ai des marques sur le dos, la mâchoire.
Rafael Cúneo Libarona, un autre avocat des deux joueurs, a affirmé le 6 août que « l’innocence des deux joueurs a été démontrée », estimant qu’il y aurait des « contradictions notoires » dans le témoignage de la femme de 39 ans. De son côté, Natacha Romano, l’avocate du plaignant, a critiqué d’emblée une « manipulation » et un « acte prémédité » après la diffusion des messages vocaux dans la presse argentine. “Il y a 23 messages vocaux au total et seulement quatre ou cinq ont été divulgués, dans le désordre et complètement sortis de leur contexte”, a-t-elle déclaré dans une interview à parisien. Elle a également affirmé que les joueurs n’étaient « jamais en mesure de répondre s’ils avaient demandé à la victime si elle était d’accord ou non ».
Un trouble de la coagulation qui a relancé l’enquête ?
Les deux joueurs avaient affirmé depuis le début du dossier que les relations sexuelles avec la plaignante, rencontrée dans une discothèque, étaient consensuelles. Ils avaient nié toute violence, lorsque l’avocat du plaignant avait évoqué « des violences terribles ». Ces dernières semaines, de nouvelles expertises médicales avaient été présentées pour justifier que le plaignant ne souffrait pas d’un trouble de la coagulation. Cette maladie (appelée maladie de Willebrand) a été invoquée par la défense des joueurs pour expliquer les contusions constatées sur son corps. La jeune femme a elle-même reconnu, dans un premier temps au début du dossier, souffrir de cette maladie. Une version contradictoire qui alimente une nouvelle fois certaines incohérences dans la version. Les experts initialement contactés dans ce dossier ont noté « des contenus contradictoires et incohérents dans l’explication des situations auxquelles il est confronté (…) qui dressent globalement une histoire improbable ».