Alors qu’il devait postuler pour jouer à Lyon avec Clermont, Marcos Kremer a finalement été retenu avec l’Argentine pour défier la France. Un revirement inattendu, mais qui excite le flanc des Pumas.
Marcos, tu n’étais pas censé participer au dernier match de l’Argentine et tu as finalement été sélectionné. Parlez-nous de ce revirement…
Avec ma blessure au genou, nous discutions presque tous les jours avec le staff médical argentin. J’ai aussi parlé à mes amis argentins au sein du groupe et notamment à Felipe Contepomi. Nous avons une super relation, il est très gentil avec moi, il me demande toujours des nouvelles. Au départ, il était prévu que je joue avec Clermont à Lyon. Et la semaine dernière, nous avons parlé avec Felipe pour voir comment j’allais et il a décidé de m’appeler pour être avec le groupe. En début de semaine, j’ai fait l’entraînement de haute intensité et tout se passe bien. Je suis conscient que ce n’est pas une période facile pour l’ASM. Mais quand on est professionnel, on a tous envie de jouer ce type de match. Aujourd’hui, j’ai faim de redevenir un « top player », je dois saisir cette opportunité. Felipe a appelé Christophe (Urios) et je ne pense pas qu’il était content mais ils ont fait ce choix.
Quelle a été votre première émotion en apprenant la nouvelle ?
J’étais extrêmement content car après ma blessure et vu la façon dont jouaient les Pumas, ça m’a fait mal de ne pas jouer. C’est une énorme émotion. Puis l’excitation a pris le dessus. Je vais me mettre au défi pour essayer d’arriver prêt pour le match. Je suis là aujourd’hui, si Felipe ne m’avait pas appelé j’aurais joué avec Clermont.
Physiquement, êtes-vous prêt à affronter l’une des meilleures nations du Monde ?
Jusqu’à samedi dernier, je ne savais pas vraiment… J’ai dit à Felipe Contepomi que je n’avais pas fait d’entraînement de haute intensité et que je ne savais donc pas où j’étais. Mais depuis le début de la semaine, franchement, je me surprends ! Nous verrons maintenant la décision du staff.
Comment avez-vous été accueilli par vos coéquipiers ?
Ils étaient très heureux de me revoir ! Surtout Bautista (Delguy), qui est un ami ! On a un groupe incroyable, tout le monde parle à tout le monde. Ils étaient également heureux de revoir Matteo Carreras ! Entre nous deux, j’espère que nous apporterons une nouvelle énergie à ce groupe qui vit et joue ensemble depuis un mois. C’est bien pour l’équipe.
Qu’attend le staff argentin de votre retour ?
Mon énergie dans la troisième ligne. Comme je l’ai dit, le groupe a peut-être besoin de sang frais. Si je joue, je donnerai tout mais je n’aime pas trop parler, je préfère m’exprimer sur le terrain. Si on parle beaucoup et ne fait rien, c’est problématique (rires).
Christophe Urios était-il frustré de vous voir partir ?
Il était un peu triste, oui, moi aussi ! J’ai été blessé avec l’Argentine mais j’ai été soigné pendant deux mois à Clermont. Et après tout ce temps où le staff et les médecins ont bien pris soin d’eux, je repars directement avec les Pumas. Ça me fait mal, le club est un peu frustré, c’est normal, mais ils sont conscients que c’est une énorme opportunité pour moi. Après cette rencontre contre les Bleus, je serai définitivement à Clermont et j’espère jouer un maximum de matches en jaune et bleu.
Avez-vous regardé France Nouvelle-Zélande ?
Bien sûr. C’était un match énorme. Deux des trois meilleures nations du monde se sont affrontées à un niveau exceptionnel. Après leur victoire contre les All Blacks, je pense que les Français auront à cœur de confirmer et de rééditer un beau match. De notre côté, nous espérons également être à la hauteur de l’événement !
Allez-vous toujours suivre le déplacement de l’ASM à Lyon samedi après-midi ?
Oui bien sûr. Je serai à Clermont le lendemain et j’aurai le temps d’assister à cela avec, je l’espère, une première victoire à l’extérieur pour amener une nouvelle mentalité.
Vous n’avez pas encore joué une seule minute cette saison, votre patience a-t-elle des limites ?
Justement, ça me manque beaucoup. J’attends mon moment, en espérant retrouver de la cohérence.
Vous vous êtes blessé juste avant la dernière journée du Rugby Championship, où les Pumas pouvaient encore remporter cette édition 2024. Dites-nous…
Nous avions les clés pour remporter ce concours ! Nous avons commencé le Rugby Championship avec une belle victoire en Nouvelle-Zélande mais nous avons perdu contre l’Australie à domicile, et cela a été le tournant de notre compétition. Si on avait gagné ce match, la fin aurait été différente… Je me suis blessé contre l’Afrique du Sud après une victoire difficile, et après c’était trop dur pour nous. Mais l’Argentine a prouvé qu’elle pouvait faire des choses historiques, que ce soit dans le rugby ou ailleurs. Nous l’avons dans le sang. J’espère que nous gagnerons cette compétition à l’avenir.
L’Argentine a connu plusieurs changements d’entraîneur ces dernières années (Ledesma, Cheika et Contepomi). Que vous ont apporté ces trois hommes depuis que vous êtes en équipe nationale ?
J’ai vécu des choses incroyables avec les trois coachs ! Mario (Ledesma) m’a changé en tant qu’homme et il a beaucoup fait pour le rugby argentin, c’est un excellent entraîneur, Michael (Cheika) nous a apporté une expérience et une vision claires. Sous son commandement, nous avons remporté des victoires historiques. Et j’espère que cela continuera avec Felipe !
Vous avez défié la France à deux reprises cet été. Dans quels domaines les Pumas doivent-ils s’améliorer par rapport à ces deux matches pour gagner ?
La conquête. Nous étions en difficulté dans ce secteur, notamment lors du premier match. Le XV de France nous a fait beaucoup de mal en touche et en mêlée. Et au rugby, si tu n’as pas une bonne attaque, tu ne peux pas gagner un match. Ensuite, il faudra être solide en défense car la France a beaucoup de joueurs incroyables. C’est l’une des meilleures équipes du monde. Si on a un peu plus de chance qu’eux, ce sera bien (rires).
Personnellement, quels défauts avez-vous analysés dans le jeu des Bleus jusqu’à présent ?
Je ne pourrais même pas vous en dire un (rires) ! Vraiment !
Quels sont les joueurs qui vous impressionnent le plus en troisième ligne ?
Ce sont tous des monstres, mais j’aime Charles Ollivon. Même s’il était remplaçant contre la Nouvelle-Zélande, c’est un joueur super athlétique et j’aime le regarder jouer. Derrière, Grégory Alldritt (il respire)… C’est un monstre ! Et Alexandre Roumat grandit à une vitesse vertigineuse et il a déjà un niveau mondial… Mais Charles a ma préférence (rires) !
Quelle affiche vous a le plus marqué entre Pumas et Français ?
Il y a eu évidemment 2007, l’ouverture de la Coupe du Monde, mais je ne suis pas un fanatique du rugby. Je ne l’ai jamais été, d’ailleurs j’ai commencé le rugby sur le tard, en 2013, à seize ans. J’ai joué au football quand j’étais jeune, mais à l’époque et encore aujourd’hui, je ne regarde que les matchs des Pumas, les grandes compétitions et les belles affiches, comme France – Nouvelle-Zélande récemment ! Le rugby, c’est mon métier et je dois m’éteindre en rentrant à la maison. Je passe beaucoup de temps dans la nature, à boire du maté ou à couper du bois (rires). Cela me détend, je me sens libre. J’adore faire de la moto, ça me permet d’oublier le rugby et de me vider la tête. Je n’ai donc pas de matches qui m’ont marqué contre la France. En revanche, j’en ai un contre la Nouvelle-Zélande, quand on a gagné pour la première fois contre eux, en novembre 2020. J’ai eu la chance de jouer et ce jour-là, on a réalisé qu’on pouvait gagner contre n’importe quelle nation. Cela m’a changé.
Quel est votre pronostic pour France – Argentine ?
Une victoire d’un point pour les Pumas avec un drop ou penalty un peu controversé et un essai de Bautista Delguy en première mi-temps (rires) !
Quel regard portez-vous sur le début de la saison de l’ASM ?
Il va falloir recommencer à gagner à l’extérieur pour être dans le top 6 à la fin de la saison. Nous voulons tous jouer de la même manière à la maison et à l’extérieur. Mais c’est facile pour moi de parler, puisque je n’ai pas joué. Tout est différent dans le vestiaire et sur le terrain. J’espère qu’on fera plus de matches comme contre l’UBB que contre le Stade français (rires).