« Madame Berthou » était un personnage emblématique du marché de Toulon, à une époque où on ne l’appelait pas encore « Biltoki ». A l’époque où les charrettes à bras circulaient autour de la place Vincent-Raspail, à l’époque où l’on pouvait acheter sur les étals un steak de cheval ou une daurade pêchée le matin au port des Vignettes. Son truc, c’était plutôt les plats alsaciens, sa région d’origine.
Andrée Berthou, 94 ans, est décédée il y a quelques jours à La Garde, où elle jouissait d’une paisible retraite. Ce “Femme exceptionnelle”, pour citer sa fille aînée, l’auteure et animatrice radio Évelyne Adam, avait consacré deux décennies de sa vie aux halles de Toulon, dont elle avait observé, en 2021, la renaissance avec une certaine curiosité mais aussi beaucoup de bienveillance.
« Il manque une entreprise alsacienne… »
De 1968 à 1989, « Madame Berthou » dirige le Relais d’Alsace dans le grand marché couvert de Toulon. On venait de partout pour déguster une poêlée de la fameuse choucroute, à base de charcuterie de Mulhouse, qu’elle vendait dans sa « caisse » en bois. Kouglof, pâté lorrain, spaetzle ou Adelshoffen artisanal complètent une carte qui devient rapidement une référence en centre-ville.
« Les salles étaient un endroit merveilleux et plein de vie », elle a dit C’était le matin il y a trois ans. « Il y avait une super ambiance entre la cinquantaine de commerçants. Nous étions de bons amis, heureux de venir travailler. La buvette livrait les cafés à chaque stand. Il y avait Ferdinand Baldacchino, le boucher ; le boucher corse Pascal Saravelli ; L’Héritier, l’épicier… Et puis Zize, la poissonnière, on avait beau lui tourner le dos, on ne faisait que l’entendre !
En découvrant les salles Biltoki, elle vantait la beauté des lieux ou leur propreté. “C’est à cause du manque d’hygiène des lieux que mon mari et moi sommes partis.. Au final, elle n’a exprimé qu’un seul regret : « Il y a quand même un manque de commerce alsacien… »
A ses proches, C’était le matin présente ses plus sincères condoléances.