Les deux hommes sont presque de vieilles connaissances. Ce mercredi, l’ancien ministre de l’Économie Bruno Le Maire, aujourd’hui enseignant en Suisse, remettra les insignes de chevalier de la Légion d’honneur à Jean-Christophe Repon, le président de la Capeb (Confédération des métiers d’art et des petites entreprises du bâtiment). Des retrouvailles en somme, puisqu’ils se sont souvent retrouvés face à face, dans le cadre de négociations en vue de mesures de soutien au secteur, fortement ébranlé par la crise immobilière.
«Nous l’avons convaincu de la nécessité d’un EMP (prêt garanti par l’Etat, NDLR) vert, il avait même convoqué les banques mais elles n’ont pas trop bougé »se souvient le natif de Toulon, de retour dans son fief de La Valette.
“Ils me disent tous, tu es de retour?”plaisante cet ancien rugbyman professionnel et électricien de métier, installé à la terrasse du Bar des Acacias, dans le quartier de l’Aguillon où est implantée son entreprise familiale, aujourd’hui en sommeil. Car la présidence de la Capeb, remportée en 2020 à la tête de laquelle il a été confirmé à l’unanimité en 2023, lui prend désormais tout son temps. Jusqu’à l’obtention d’une des plus hautes distinctions républicaines, dans la promotion du 14 juillet 2023. “Mais à cette époque nous étions en pleine friction avec Bruno Le Maire, il n’était pas question de recevoir de lui la Légion d’honneur”se souvient l’artisan, également vice-président de l’U2P en charge des questions sociales.
Plaidoyer pour MaPrimeRenov
À l’été 2023, le gouvernement a décidé de reconsidérer les conditions d’octroi de MaPrimeRenov, malgré les protestations des professionnels qui craignaient un effondrement du marché puisque pour en bénéficier, les ménages devaient commander des travaux de grande envergure et non plus seulement des « mono gestes ». . La situation était alors très tendue entre Bercy et la Capeb, qui a finalement obtenu gain de cause en allant directement frapper à la porte du Premier ministre Gabriel Attal.
Car l’ancien trois-quarts centre champion de France en 1992 est persévérant. « Quand on joue au rugby à haut niveau, la négociation fait partie du quotidien, il faut trouver des solutions à toutes les difficultés et il y en a tout le temps » estime ce fils d’électricien qui, plutôt que de devenir professeur d’éducation physique, a finalement passé son CAP en 1995 en alternance à La Grande Tourrache avant de reprendre l’entreprise familiale. « Les artisans manquent d’image. Mais quel métier permet de gagner décemment sa vie, d’être indépendant et aussi utile à la société, par exemple en permettant aux personnes âgées de rester à domicile grâce aux équipements ?
Sur les 62 000 entreprises membres de la Capeb, 60 % emploient entre 3 et 8 salariés et 40 % aucun, l’entrepreneur travaillant seul. « Nous demandons également la création de groupements temporaires d’entreprises afin de regrouper différents métiers pour répondre à des projets individuels. Nous avions obtenu une loi, mais le Parlement a été dissous… » rappelle le président qui a déjà rencontré avec ses équipes la nouvelle ministre du Logement, Valérie Létard.
Fournisseur de solutions
Parce que le secteur de la construction est toujours en panne. De 87 jours à l’été 2023, le carnet de commandes est passé à 71 jours aujourd’hui. La Capeb ne manque pas de propositions pour relancer l’activité, et surtout faire bénéficier les plus petits, en réclamant par exemple l’interdiction pour une entreprise ne disposant pas du label RGE (reconnu garant de l’environnement) de sous-traiter. confiez vos travaux de rénovation énergétique à des entreprises RGE, soit en obtenant la qualification RGE par validation des acquis de l’expérience (VAE) basée sur le contrôle d’un chantier réalisé et non plus sur la base d’un dossier administratif.
Mais c’est dans son fief varois que le chef de la Capeb a choisi de recevoir la Légion d’honneur, sur le campus du RCT bien sûr. Depuis mai dernier, et l’assouplissement des critères MaPrimRenov, les relations avec Bruno le Maire se sont aplanies. “Mais je ne me voyais pas la recevoir à Bercy, avec la jet set parisienne”, dit-il. C’est donc grâce à une convention Capeb chez nous, pendant deux jours, pour former les élus artisans à l’engagement politique, autrement dit leur capacité à apporter des solutions aux décideurs, que la famille Capeb, mais aussi la famille du rugby varois seront réunies. pour cet événement.
Sans politique, même si quelques élus locaux seront là, mais quand même quelques mots de l’ex-locataire de Bercy, en pleine préparation de son audition par la commission des finances de l’Assemblée nationale. « Au début, nous nous sommes sévèrement affrontés mais ensuite il m’a appelé régulièrement pour avoir mon avis. Et je n’oublie pas que pendant la pandémie, il a sorti un dispositif pour aider les TPE. C’était du jamais vu en France, d'”habituellement moins de dix salariés passent sous les radars.” Du jeu collectif, toujours.