Visiblement heureux après la victoire bonifiée de ses joueurs face à La Rochelle (37-7), le manager de l’Aviron Bayonnais, Grégory Patat, a longuement analysé les raisons d’une nette victoire.
Comment analysez-vous le démarrage du canon ?
Pour éviter de ressasser le passé, il a fallu commencer fort. C’est ce que j’ai dit aux joueurs. Les observateurs peuvent lire dans l’avenir. D’autres lisent le passé. Rester dans le passé n’est jamais bon. Il fallait être présent dès le début. Aujourd’hui, on a bien commencé notre match, on a été sérieux, on a gagné nos accrochages. L’idée était de gagner le territoire. On sait, par expérience, qu’en jouant très haut contre le Stade Rochelais, c’est beaucoup plus simple. Si l’on analyse notre première période, nous sommes fragilisés par deux sorties de camp incontrôlées. C’était le mot d’ordre. On marque sur nos moments forts en début de match et dans ce style de match, il ne faut pas gâcher les occasions. C’était plutôt positif.
Malgré le carton jaune de Lucas Paulos en première mi-temps, vous ne prenez aucun point. Est-ce un signe fort à ce moment du match ?
Exactement. Premièrement, le plan de jeu a été suivi à la lettre. Deuxièmement, nous avons eu la capacité de ne pas prendre de points lorsque nous étions sous pression et, notamment, sur ce carton jaune, après la première ou la deuxième sortie de camp incontrôlée. On se retrouve alors à défendre notre ligne et c’est dans les moments difficiles qu’on voit le caractère de l’équipe. C’était plutôt positif. On connaît la densité de l’équipe rochelaise et le départ de nos cinq aurait pu nous mettre un peu plus en difficulté, sur des ballons portés ou des rucks.
Vous avez pris La Rochelle sur la densité physique. N’est-ce pas surprenant ?
Ce n’est que le sixième jour. On savait qu’on allait recevoir une équipe en confiance et dans ce Top 14, ce n’est jamais très bien d’avoir trop de confiance. C’est un championnat très homogène de la première à la treizième ou quatorzième place. La réalité d’un jour n’est pas la réalité du lendemain. Oui, on a été surpris car on a réussi à enchaîner, à mettre à mal les Rochelais sur les accrochages. J’ai constaté que les Rochelais avaient un mauvais « langage corporel », après avoir passé des tests. Ils avaient la tête baissée, ce n’est pas leur habitude. Nous avons su maintenir la pression. Si on fait des tests sur leurs points forts, ça peut redistribuer les cartes, mais on a été résilients dans ces moments-là.
On a souvent la solution face à La Rochelle. Comment l’expliquez-vous ?
Mon équipe aime les défis. Quand il y a une stratégie qui marche aussi bien, quand on arrive à jouer loin de sa ligne, c’est plus facile. Face à cette équipe, nous savions que si nous n’étions pas invités aux collisions, nous n’existerions pas. Les joueurs sont repartis frustrés des accrochages bordelais. Les Bordelais, si on regarde leur analyse, constatent qu’ils ont été mis sous pression là-dessus. C’était plutôt bien que nous soyons frustrés. On savait que les rucks allaient être essentiels pour mettre en place notre jeu. Nous ne devrions pas jouer dans la zone 40-40. La Rochelle, c’est le mur jaune. Les espaces sont très restreints, c’est difficile de les déplacer et quand tu joues dans la zone 40-40, tu concèdes des pénalités qui permettent à l’équipe d’en face de rentrer dans ton camp. C’est ce que nous ne voulions vraiment pas faire.
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Vous avez passé 37 points à La Rochelle, ce qui traduit aussi une envie de faire bouger le ballon…
C’est la particularité de Bayonne : être axé sur l’attaque et le jeu déstructuré. On a réussi à gagner les ballons du turnover et on est très intéressant quand arrive ce jeu de lecture situationnelle. Vous voyez que nous avons du mal à augmenter le temps de jeu lorsque nos lancements sont structurés. Dans le désordre, on a des joueurs qui adorent ça et qui réagissent vite. En seconde période, on a voulu attendre que les Rochelais se découvrent pour mieux les contrer. Je regrette cette indiscipline en seconde période, où nous avons été pas mal sifflés. Je pense qu’on a 13 pénalités contre 8 pour eux.
N’avez-vous pas l’impression d’avoir gagné un peu plus qu’un match au vu de votre histoire avec ce stade ?
Oui, complètement. Les joueurs se sont approprié ce moment. A la fin, quand tu vois les chansons, la communion avec le public, tu te dis que c’est bien, on peut y revenir.