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«​​​​​​Elle rembourse 3 200 euros de dettes chaque mois »

En décembre 2023, Julien A. nous racontait l’histoire inquiétante de sa mère : Catherine, alors âgée de 73 ans, était sous l’emprise d’un brouteur depuis plusieurs mois. Un an plus tard, la situation est au point mort. « Elle parle encore à cette personne et continue malheureusement de lui envoyer de l’argent », confie son fils. Catherine continue d’espérer voir arriver son amant virtuel. « Elle était persuadée qu’il viendrait pour le réveillon du Nouvel An. Comme à son habitude, il a repoussé le délai de trois mois. Il a toujours un pigeon qui paie, c’est logique qu’il continue», se désespère Julien.

Il avait coupé les ponts avec sa mère fin 2023. Il n’a pas repris contact depuis. « Cette situation était devenue trop lourde pour moi. Vouloir aider quelqu’un qui ne veut pas qu’on l’aide demande beaucoup d’énergie et je n’en avais plus », explique-t-il. Son frère et sa sœur, en contact régulier avec sa mère, continuent de l’informer.

Catherine s’était endettée pour envoyer de l’argent à son escroc qui prétend être un soldat américain. Fin 2023, elle accumulait déjà « entre 40 000 et 50 000 euros de dettes ». Un an plus tard, le préjudice est estimé entre 70 000 et 80 000 euros. « Elle est dans un plan de surendettement. Elle perçoit une pension de 3 600 euros mais elle rembourse 3 200 euros de dettes chaque mois », précise Julien. Ruinée, Catherine est hébergée chez un ami de la famille. « Ma mère lui a aussi emprunté de l’argent », raconte son fils.

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“C’est comme essayer d’aider quelqu’un à quitter une secte”

Julien envisage désormais de demander la tutelle pour sa mère. « Je recherche actuellement des conseils juridiques pour nous aider car les procédures sont complexes », explique-t-il. Il dit regretter de se retrouver « complètement seul » face à cette situation. “J’ai l’impression qu’il n’y a pas de communication entre la justice, la police et les banques sur ces sujets”, estime-t-il.

Essayant d’analyser le cauchemar dans lequel est plongée sa mère, il pointe un « mal-être, une solitude » chez certaines personnes à hautes responsabilités, qui les rendent plus susceptibles de « se laisser avoir ». Il n’imaginait pas que Catherine, une ancienne haute fonctionnaire divorcée depuis 30 ans, se laisserait berner. Selon lui, ces personnes préfèrent « se projeter dans une irréalité » pour échapper à leur quotidien. « On parle de jeunes qui vivent virtuellement sur les réseaux sociaux mais nos aînés ont la même problématique. C’est peut-être encore pire pour eux, étant donné qu’ils ne sont pas nés avec ces technologies. Ils ont encore plus de mal à s’en débarrasser », théorise-t-il.

Malgré les preuves amassées par ses enfants, qui ont découvert que la personne sur la photo de profil utilisée par l’escroc était bel et bien morte, Catherine refuse d’accepter la vérité. « Elle assure avoir vu son brouteur en vidéo, mais quand on demande à lui parler, l’arnaqueur a toujours une excuse, raconte Julien. Quand le cerveau a décidé d’y croire, on peut croire tout ce qui est faux. C C’est comme essayer d’aider une personne à quitter une secte ! Peu importe ce que vous dites, vous mentez. Il espère toujours faire « le déclic » chez sa mère pour la sauver de cette spirale infernale.

 
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