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Olivier de Sagazan, l’homme de boue

Même si de nombreux artistes ont fait appel à son travail d’interprète comme le chorégraphe Wim Vandekeybus et même si sa prochaine création devrait venir à Bruxelles au festival Artonov, Transfiguration continue de fasciner ceux qui l’ont vu (les cinq représentations à Namur sont déjà épuisé).

Il l’a rejoué en août dernier aux Brigittines à Bruxelles. En costume-cravate (qu’il déchire ensuite), dans la pénombre, à l’aveugle, les yeux fermés, il accomplit un rituel au cours duquel il s’immerge dans l’argile, se couvrant la tête d’épaisses couches d’argile parfois mêlées de paille, avec des points de peinture noire et rouge pour faire les yeux ou la bouche. Son corps devient une sculpture dans laquelle de nouveaux êtres étranges émergent constamment.

Les étonnantes transfigurations d’Olivier de Sagazan

Il peut devenir un oiseau, membre du Ku Klux Klan, prendre feu, aussi rappeler le Christ des douleurs sous la sublime musique de Sauf si le propriétaire par Vivaldi. En seulement une heure, mille hybridités stimulent notre imaginaire sans qu’il bouge de sa place. Avec des petits cris, des sons, un tableau qui prend forme.

« Je suis étonné de voir à quel point les gens pensent qu’il est normal d’être en vie. Tout mon objectif est de capturer l’étrangeté d’être là. La défiguration dans l’art est pour moi un moyen, par la puissance même des images qui peuvent apparaître, d’accéder à cette prise de conscience. »dit-il.

Tête de viande

Exposition d’Olivier de Sagazan au CCN de Namur © Olivier de Sagazan

Parallèlement à cette exposition, le centre culturel de Namur expose jusqu’au 22 février ses travaux récents réalisés dans son atelier et sur place à Namur. Des figures en ronde-bosse, entre sculpture et peinture, des personnages surgissant de l’argile et du chanvre, comme des séquelles de l’exposition. Transfiguration.

Même si, par nature, Transfiguration est d’autant plus frappant que la vie et son étrangeté sont là, son travail de plasticien évoque aussi l’énigme du vivant qui cherche à s’affranchir de la matière. « Le visage humain n’a pas encore trouvé son visage et c’est au peintre de lui donner», a déclaré Antonin Artaud.

Biologiste de formation, Olivier de Sagazan cherche ce qu’est notre humanité dans ces corps déformés, enlacés dans des tourbillons, la tête parfois enfouie dans le mur, ou le corps en lévitation.

Il cite Rembrandt et surtout les visages déformés de Francis Bacon. Le titre de l’exposition, De la Sainte Face à la Tête de Viande, fait référence à Bacon chez qui les visages ne sont plus des visages qui nous regardent, mais des lambeaux de chair que l’on appelait les “tête de viande”.

Les fulgurances de Francis Bacon enflammées par la littérature

Le travail d’Olivier de Sagazan s’articule autour de la question du corps. « Devant mon tableau, je suis en ring »dit-il. Il entend s’occuper de la condition humaine, ouvrir la carcasse.

Deux vidéos mettent en lumière son travail. Dans l’une nous le suivons en Afrique, au contact des mythes et des cultures locales. L’autre est un dialogue avec le styliste Gareth Pugh à l’ouverture de la Fashion Week de Londres.

Olivier de Sagazan au CCN, à Namur, du 16 janvier au 22 février et « Transfiguration » Théâtre de Namur du 28 janvier au 1er février (complet).

 
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