(Séoul) Les enquêteurs venus arrêter mercredi le président sud-coréen Yoon Suk Yeol, suspendu pour sa tentative ratée d’imposer la loi martiale, se livrent à un nouveau face-à-face avec ses gardes du corps qui bloquent leur opération, a constaté l’AFP.
Publié à 16h20
Mis à jour à 17h06
Hailey JO
Agence -
Les agents du CIO, l’entité qui centralise les enquêtes sur M. Yoon, “se trouvent dans une impasse face au Service de sécurité présidentielle (PSS) après avoir présenté leurs mandats”, dont un mandat d’arrêt, a rapporté pour sa part l’agence de presse Yonhap.
Le PSS a déjà échoué lors de sa première tentative le 3 janvier.
M. Yoon, suspendu de ses fonctions, risque son mandat pour avoir brièvement instauré la loi martiale le 3 décembre, une mesure choc qu’il avait justifiée par sa volonté de protéger le pays des « forces communistes nord-coréennes » et « d’éliminer les éléments hostiles à la Corée du Nord ». État.
Au sein d’un Parlement entouré de militaires, un nombre suffisant de députés ont rapidement contrecarré ses plans en votant un texte réclamant la levée de cet état d’exception. Mis sous pression par des élus, des milliers de manifestants pro-démocratie et contraint par la Constitution, M. Yoon a dû s’y plier.
« L’exécution du mandat d’arrêt présidentiel a commencé. “La situation est un moment crucial pour maintenir l’ordre et l’État de droit en Corée du Sud”, a déclaré le président par intérim Choi Sang-mok dans un communiqué, rappelant “l’importance d’éviter un conflit physique”. .
Des retransmissions télévisées en direct ont montré des membres du CIO et de la police bloqués par des personnes non identifiées alors qu’ils tentaient d’entrer dans la résidence de M. Yoon.
Les enquêteurs, qui ont prévenu qu’ils appréhenderaient quiconque les gênerait, ont été pris dans un “affrontement physique alors qu’ils tentaient de pénétrer de force dans la résidence présidentielle”, a déclaré Yonhap, sans préciser qui était impliqué dans le camp adverse.
Les coups de poing ont volé des deux côtés, selon un journaliste de l’AFP.
Au moins une personne a été blessée après une chute lors de l’altercation et a été exfiltrée par les pompiers, ont montré des images télévisées.
Pendant ce temps, les enquêteurs tentent d’accéder au site via un sentier de randonnée à proximité, selon la télévision Yonhap.
Devant le palais présidentiel, des partisans scandent à tue-tête « Mandat illégal ! » en agitant des drapeaux américains.
Par ailleurs, une trentaine de députés du Parti du pouvoir du peuple (PPP) de M. Yoon sont sur place pour protéger leur chef, a indiqué Yonhap.
Début de son procès
Le pays est plongé dans le chaos politique depuis le coup d’État du très impopulaire Yoon Suk Yeol, suspendu le 14 décembre après que l’Assemblée nationale a adopté une motion de destitution contre lui.
Les enquêteurs du CIO ont tenté de l’appréhender pour une première fois le 3 janvier, mais se sont heurtés au PSS, bien décidé à ne pas se laisser faire.
Leur mandat d’arrêt a été renouvelé quelques jours plus tard.
Pour cette deuxième descente, qui s’annonçait extrêmement tendue, les policiers ont décidé de ne pas porter d’armes à feu, se limitant à des gilets pare-balles, expliquent les médias locaux.
Les agents de protection de Yoon Suk Yeol renforçaient les défenses de sa maison depuis des jours, avec des barbelés et des barrières de bus bloquant l’entrée.
S’il est arrêté, ce qui serait une première pour un chef d’Etat sud-coréen en exercice, Yoon Suk Yeol pourrait être maintenu en garde à vue pendant 48 heures en vertu du mandat d’arrêt actif. Les enquêteurs devront en redemander pour éventuellement prolonger sa détention.
L’équipe juridique de l’ancien magistrat vedette qualifie l’ordre d’arrestation d'”invalide”.
Son chef de cabinet, Chung Jin-suk, a déclaré mardi que son bureau était « prêt à considérer toutes les options d’enquêtes et de visites » à M. Yoon « dans un lieu tiers ».
Mardi également, la Cour constitutionnelle a lancé l’examen de la destitution du leader conservateur, avec une première audience très courte. M. Yoon ne s’est pas manifesté en citant des « inquiétudes » concernant la sécurité.
Le procès continuera même sans lui.
Le tribunal a jusqu’à la mi-juin pour décider de l’avenir de Yoon Suk Yeol, toujours officiellement président en attendant le verdict. Le tribunal peut soit le révoquer définitivement, soit le réintégrer dans ses fonctions.