Il y a quelque chose de mystérieux et de mythique dans le parcours d’Aurore Clément. Son CV est fou. Elle est apparue dans plus de 90 films et pièces de théâtre, dont Lacombe Lucien (de Louis Malle, 1974), Le crabe–Tambour (de Pierre Schoendoerffer, 1977), Les rendez-vous d’Anna (de Chantal Akerman, 1978), Apocalypse maintenant (de Francis Ford Coppola, 1979), voire Paris-Texas (par Wim Wenders, 1984). Elle a joué avec les plus grands et son parcours est vertigineux, et pourtant rien ne la prédestinait à faire une telle carrière au cinéma.
Une enfance solitaire
Aurore Clément a grandi dans un petit village près de Verdun. Elle a été élevée par une tante couturière qui n’avait pas d’argent et une mère infirme qui travaillait dans les champs. Ces deux femmes lui ont toutes deux appris des choses : « J’ai appris la beauté avec cette tante. Et avec ma mère, j’ai appris le travail, aller aux champs, travailler les pommes de terre, etc. Et surtout la solitude. Son père était un petit agriculteur sans argent, et Aurore Clément est également allée travailler aux champs à sa sortie de l’école. Ils vivaient de ce qu’ils cultivaient et n’avaient ni chauffage ni douche. Enfant, elle se sentait surtout isolée et s’ennuyait beaucoup, ce qui, selon elle, développait son imagination.
A 17 ans, son père meurt dans ses bras. Elle prend alors des décisions pour sa mère et sa sœur, et part travailler à l’usine. Trois ans plus tard, sa petite sœur décède d’une grossesse extra-utérine, puis sa mère décède cinq ans plus tard. Toute sa vie, elle a porté cette tristesse intérieure et en même temps ce devoir de faire et ce devoir de vivre.
Du mannequinat au cinéma
Un jour, elle voit une annonce dans Paris-Match pour devenir mannequin. Quelques mois plus tard, elle fait la couverture des magazines. A cette époque, elle avait encore trois livres avec elle, un sur Ingrid Bergman, un sur Marilyn Monroe et un sur Greta Garbo.
Louis Malle je l’ai repéré dans le magazine Elleet lui a appris ce qu’était le cinéma. A l’avant-première du film Lacombe LucienLa mère d’Aurore Clément, infirme et presque sourde, vient au cinéma. Au premier rang, après la séance, elle s’est évanouie d’émotion. Elle dit alors à Aurore Clément : «T’avoir vu est une chose, mais t’avoir entendu… »
Il y aura alors Apocalypse maintenant par Coppola. Aurore Clément va alors vivre deux années de folie avec Marlon Brando et Martin Sheen. C’est durant cette période qu’elle rencontre son mari, Dean Tavoularis. Il y aura aussi Milos Forman avec qui elle aura une histoire pendant quatre ans.
La cinéaste Chantal Ackerman était très importante pour elle, car elle est son âme sœur. Elle lui a fait jouer le rôle principal du film Les rendez-vous d’Anna. L’invitée parle de ce qu’elle représente pour elle : « J’ai passé ma vie avec Chantal et sa famille, sa mère. Chantal Ackerman ne m’a dit qu’un mot lorsque nous travaillions : « Pas de psychologie, Aurore, pas de psychologie. Chantal Ackermann, c’est 25 ans de travail ou 30 ans, je ne sais plus. C’est difficile de parler de Chantal. Ce n’était pas une intellectuelle comme on le pense.
La série « C’est Paris »
Aurore Clément à l’affiche de la nouvelle série des créateurs de Dix pour centqui arrive sur France TV, C’est Parisqui sera diffusé mercredi soir (27 novembre), aux côtés d’Alex Lutz, Monica Bellucci, Nicolas Maury et Charlotte de Turckheim. Alex Lutz est le gérant du « Tout Paris », cabaret parisien emblématique qu’il a hérité de son père, mais qu’il a crashé parce qu’il ne savait pas comment le gérer. Le cabaret est au bord de la faillite et il est prêt à le vendre. Il crée tout de même une nouvelle revue qui permettra peut-être au cabaret de survivre et de retrouver le succès. Aurore Clément incarne une ancienne chef de magazine excentrique et capricieuse, un peu coquine, qui a vécu plus de 30 ans à Las Vegas et qui revient à Paris. Elle a, dans la série, cette phrase : “J’ai quitté Paris, c’était la ville de l’amour, j’y reviens, c’est la ville du vélo.”
Aurore Clément a accepté de jouer ce rôle car la rencontre avec Marc Fitoussi, le réalisateur, a été sublime. Et le personnage lui a plu, comme elle le raconte à Léa Salamé au micro : « J’imagine très bien cette femme partie très jeune pour tenter de devenir danseuse à Las Vegas. Elle a tout essayé, puis finalement je crois que cette femme n’a pas réussi du tout et qu’elle jouait aux machines à sous. Et quand ils l’ont ramenée pour être cette meneuse de cabaret, finalement ils ne voulaient pas vraiment d’elle, je pense. ils l’ont rejeté d’une manière très cruelle. Il y a un peu d’elle dans le rôle, comme elle le dit.
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