Où l’on apprend qu’un jour Elie Semoun et Blanche Gardin étaient amis. Dans une interview qu’il a accordée au Journal du Dimanche, dont la rédaction est désormais dirigée par le journaliste d’extrême droite Geoffroy Lejeune, l’humoriste Elie Semoun a expliqué pourquoi il avait pris ses distances avec Blanche Gardin. « Ces gens pensent qu’ils font de l’humour, mais en réalité, ils font de la politique. J’ai du respect pour Blanche, avec qui j’étais ami, mais elle a pris un chemin que je n’aime pas», a-t-il déclaré, invité à réagir aux propos de l’humoriste lors d’une émission de soutien à Gaza, dans laquelle elle déclarait : “Je m’appelle Blanche et depuis le 7 octobre, je suis antisémite.»
Pour Elie Semoun, les comédiens ne doivent pas faire de politique.« C’est le même conseil que j’ai donné à Dieudonné : mélanger l’humour, le spectacle et la politique n’est jamais une bonne idée. Être artiste est le plus beau métier du monde, et vouloir introduire des idées politiques, surtout si elles sont douteuses, comme celles évoquées par Blanche et son amie, c’est gâcher son art.», a-t-il estimé. L’« ami » en question qu’il ne nomme pas n’est autre que le Nordiste Aymeric Lompret.
Elie Semoun a ainsi été interrogé sur une scène partagée par Blanche Gardin et Aymeric Lompret, début juillet et qu’il lui avait fait bondir. Le duo Gardin Lompret a participé à la soirée « Voices for Gaza », avec une trentaine d’autres artistes comme Angèle ou Zaho de Sagazan. Ensemble, ils ont dénoncé comment ceux qui sont émus par la situation à Gaza peuvent rapidement être jugés comme antisémites, au cours d’une séquence ironique. Sur scène Blanche Gardin a lu les messages qu’elle avait reçus en réponse “à un appel à manifester pour le cessez-le-feu” : “C’est quand j’ai commencé à voir tous les commentaires qui disaient que j’étais antisémite, que je ferais mieux d’aller raconter ma sodomie sur scène, mes menaces de mort (…). Au début, c’était choquant, mais j’ai ensuite réalisé que c’était pour mon bien si les gens disaient cela. » a-t-elle dénoncé avec son habituel deuxième degré.
Selon Elie Semoun, Blanche Gardin aurait-elle mieux fait de ne pas réagir ? « Le dénominateur commun de tout ce qui se passe actuellement est la peur. Pourquoi la majorité des musulmans ne manifestent-ils pas pour dénoncer l’islamisme radical ? Parce qu’ils ont peur. Pourquoi est-ce que je pèse mes mots ? Pourquoi est-ce que je donne rarement des interviews sur ces sujets ? Parce que j’ai peur »» argumenta-t-il.
“Prenez Guillaume Meurice par exemple”
Interrogé sur la liberté d’expression, Elie Semoun a confié qu’il avait ses limites. “Prenons par exemple le journaliste de France Inter, Guillaume Meurice.» a-t-il déclaré lorsqu’il a été interrogé sur Dieudonné, de nouveau poursuivi pour apologie du terrorisme après la diffusion d’une vidéo intitulée « 7 octobre, jour de joie ». “Je pense que lorsqu’on franchit certaines limites, notamment lorsque cela vire au racisme, à l’antisémitisme ou au manque de respect d’une communauté, il faut recadrer ces personnes. Cela dit, je reste favorable à la liberté d’expression, malgré tout», a jugé Elie Semoun, sans préciser que les plaintes contre Guillaume Meurice pour « provocation à la violence et à la haine antisémite » et « injures publiques à caractère antisémite » avaient été rejetées par la justice. Dans le courrier de classement, que le journal Libération avait pu consulter, le parquet de Nanterre avait indiqué avoir « a décidé, après étude des éléments du dossier, de classer sans suite la plainte contre lui, les infractions dénoncées ne me paraissant pas suffisamment caractérisées ».
Depuis son entretien au JDD, les internautes appellent au boycott d’Elie Semoun, accusé de vouloir « diaboliser Blanche Gardin ».