ENTRETIEN – Yassine Belattar au Maroc, budget 2025… Le directeur éditorial de L’IncorrectArthur de Watrigant décrypte la nouvelle pour Époque Times.
Epoch Times : Quel est votre avis sur la présence de Yassine Belattar lors du voyage d’Emmanuel Macron au Maroc ?
Arthur de Watrigant : Je constate que sa présence dans la délégation accompagnant Emmanuel Macron n’a pas été annoncée. Il y avait une volonté de cacher son arrivée. D’ailleurs, des images montrant le ministre des Armées, Sébastien Lecornu s’adressant à Yassine Belattar ont circulé. Et l’entourage du ministre a alors expliqué qu’il ne « connaissait » pas l’humoriste et qu’il le prenait pour « un technicien ». Nous avons connu des mensonges plus crédibles !
En réalité, cette histoire prouve une chose : Yassine Belattar est toujours l’un des visiteurs du soir d’Emmanuel Macron. Ce qui n’est pas forcément une bonne nouvelle car c’est un personnage qui a un pedigree assez chargé : il a soutenu le CCIF qui a depuis été dissous ; il était présent à la manifestation contre l’islamophobie en 2019 et a été reconnu coupable de menaces de mort en 2023.
Je rappelle aussi qu’il avait menacé Jean-Michel Blanquer lorsqu’il était ministre de l’Éducation nationale en déclarant : « Si j’étais lui, j’éviterais de mettre les pieds dans le 93. »
C’est donc quelqu’un qui agit comme un voyou et qui, derrière son statut de pseudo-comédien, est un militant de la cause islamique.
Yassine Belattar a souvent pris position officielle contre la France avec des discours décoloniaux classiques. Par ailleurs, le fait qu’il ait l’oreille d’Emmanuel Macron pourrait expliquer les positions ambiguës du chef de l’Etat sur de nombreux sujets : Moyen-Orient, absence à la marche contre l’antisémitisme, etc.
Selon certaines rumeurs, il existe, au sein des ministères et à l’Élysée, une peur de la rue arabe. On peut donc penser que cette peur est alimentée par des personnages comme Yassine Belattar.
Mais il y a un autre élément qui m’a particulièrement choqué dans sa venue au Maroc : ses vêtements. Il accompagnait le chef de l’État lors d’une visite d’État et il s’habillait de manière totalement inappropriée. C’est de la provocation. Il accepte son statut de voyou et je pense qu’une fois de plus, la France ne s’en sort pas mieux.
“Les anecdotes ne m’intéressent pas”, a déclaré Emmanuel Macron à propos de cette polémique. Quelle est votre analyse ?
Alors inviter un individu reconnu coupable de menaces de mort est une anecdote ? C’est étonnant. Malheureusement, cela signifie que le Président de la République le protège, souhaite le garder sous sa garde rapprochée et continue de l’écouter.
Les commissions des finances de l’Assemblée nationale et du Sénat ont voté ce mercredi 30 octobre la suppression du Service national universel (SNU). Un système qui coûte, selon la Cour des comptes, entre 3,5 et 5 milliards d’euros par an. Quelle est votre réaction ?
Il n’y a pas de petites économies quand on cherche 60 milliards d’euros. Mais quoi qu’il arrive, tout ce qui se passe dans les commissions des finances sera inversé. Je pense que le gouvernement va aller jusqu’au bout, que ce soit avec l’article 40, 47 ou 49.3 de la Constitution. Ce qui se passe entre-temps n’a donc en réalité aucun impact.
Or, grâce à ce projet de loi de finances, on découvre qu’il manque 10 milliards d’euros, et on aimerait savoir où ils sont passés.
Je suis d’ailleurs assez surpris qu’à travers ce budget 2025, aucune véritable réforme structurelle ne soit proposée et que l’on ait encore affaire à de petites réparations de façade. Quitte à recourir à la force, à condition que le gouvernement mène de grandes réformes. Il y a de grands chantiers à démarrer, notamment dans l’Éducation nationale. C’est l’un des principaux postes de dépenses avec 60 milliards d’euros. La majorité des fonds sont alloués aux salaires des fonctionnaires, alors que nombreux sont ceux qui ne travaillent pas pour l’Éducation nationale, mais pour d’autres ministères. On sait aussi que 92 000 enseignants sont absents, et lorsque vous demandez aux services du ministère le nombre de fonctionnaires travaillant pour l’Éducation nationale, ils sont incapables de vous le donner…
Ensuite, même si des changements ont déjà eu lieu, je dirais que davantage d’efforts peuvent être faits sur les dépenses symboliques : le budget de l’Élysée par exemple.
Ce n’est pas grand-chose, mais symboliquement c’est important. Si on demande aux Français de se serrer la ceinture, le Président doit, en quelque sorte, le faire aussi. Dans le cas contraire, la population pourrait, à terme, ne plus consentir à la taxe. Et à partir du moment où l’on ne consent plus à l’impôt, la situation devient presque révolutionnaire.
Au-delà de l’Élysée, il faut, selon moi, repenser la haute fonction publique. Il existe deux types de fonctionnaires qui représentent une masse salariale assez importante. Et depuis qu’Emmanuel Macron est aux commandes, les recours aux cabinets de conseil comme McKinsey se multiplient. C’est à dire qu’on a fait des doublons en rémunérant à la fois les agents de l’Etat et ces entreprises. Réduire le nombre de hauts fonctionnaires ne suffirait évidemment pas à assainir nos comptes, mais encore une fois, ce serait symboliquement fort.
Des économies pourraient également être faites sur tout ce qui touche à l’immigration. Je pense à la mission « Immigration, asile et intégration » qui coûte environ 2 milliards d’euros par an. Et 45 % de ce budget est géré par des associations. C’est-à-dire qu’environ 1 milliard d’euros leur reviennent chaque année. Or, ces associations passent leur temps à empêcher les expulsions de clandestins en faisant constamment appel aux tribunaux administratifs. Ils occupent 42% des procédures dans ces tribunaux déjà saturés ! En fin de compte, nous finançons notre propre destruction.
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