Il y a à peine 20 ans, un film était en partie tourné à Barlin. Un film et quel film ! Joyeux noëlun blockbuster européen avec un casting cinq étoiles (dont Diane Kruger, Guillaume Canet, Daniel Brühl et Dany Boon…) et une histoire émouvante, celle d’une trêve pendant la Grande Guerre. Un moment méconnu de fraternisation, d’humanité, de paix, entre ennemis, dans l’hiver 1914, au milieu des tranchées, dans la neige. Le film a marqué son époque, les esprits, la région, au point d’ériger un monument pour rappeler à jamais cette histoire à Neuville-Saint-Vaast.
Aujourd’hui, on connaît le succès retentissant du long-métrage. Mais à l’époque, lorsque les caméras arrivaient à Barlin après avoir voyagé à travers la Roumanie, l’Allemagne et l’Écosse, on ne connaissait que les grands noms du générique d’un film présenté comme « aussi gros que Germinal ».
Dans les archives
Dans le journal du 2 novembre 2004, nous avons intitulé « Barlin au générique ». Nous expliquions alors que le réalisateur Christian Carion (originaire de Bapaume, connu pour Une hirondelle a fait le printemps à l’époque) allait arriver avec son équipe de 100 personnes au Château de Brias (entre Bruay-La-Buissière et Saint-Pol-sur-Ternoise) et au centre Dumas, ancienne école de musique de Barlin. Deux sites pas très éloignés l’un de l’autre, ce qui convient à tout le monde. La commune de Barlin savait depuis le printemps dernier qu’elle avait été sélectionnée parmi 200 sites de la région pour le tournage d’une scène. En quelques mois, le bâtiment désaffecté est réhabilité pour devenir un écrin : une salle de classe de l’hiver 1914. Un choix audacieux car peu pratique : « pour des raisons techniques, le local a dû être situé au rez-de-chaussée. A l’école de Barlin, la classe sélectionnée est au premier étage et un système de pods recréera l’impression sur un seul niveau. Une grande infrastructure », pouvait-on lire dans l’article.
Dans le journal du 3 novembre 2004, l’impatience et l’enthousiasme grandissaient : « Dany Boon attendu aujourd’hui » titrait. La déco était au rendez-vous : bureaux, encriers, carte du monde ancienne, tableau noir… » Nous voulons montrer que la guerre est arrivée d’un coup en pleine classe. Les inscriptions du professeur sont restées au tableau », a confié un représentant de la production Nord-Ouest. La centaine d’équipe de tournage, dont une quarantaine de nordistes, est là. Dany Boon devrait rejoindre Guillaume Canet sur place.
Dans le journal du 4 novembre 2004, moteur ! Le tournage, de nuit, avait commencé. Premiers clichés le mercredi 3 novembre. et d’autres encore prévus le mardi 9 novembre. Séance de dédicaces autour du site. Les fans de Dany Boon, déjà l’humoriste star des Ch’tis avec sa fricadelle et son coupe-vent, sont au rendez-vous. Mais il y joue un rôle sensible, celui de Ponchel, un jeune coiffeur lensois naïf envoyé au front, loin de sa mère. ” C’est un rôle très émouvant, qui me touche particulièrement. J’ai grandi avec l’histoire de mon arrière-grand-père, blessé au front chez les Zouaves. J’ai un peu l’impression de jouer son rôle. », nous avait-il confié à l’époque, lors d’une conférence de presse à la salle Georges-Brassens.
Et après ?
Et puis, les caméras et l’équipe de tournage sont parties. Laisser les éléments du décor en cadeau à la commune. Le film sort en salles plus d’un an plus tard, le 9 novembre 2005. Ce fut un franc succès. Très bonnes critiques. Il a été présenté au Festival de Cannes et était en lice pour les Oscars 2006.
Très vite, la décoration change. Le centre Dumas devient le commissariat de la ville. “ La salle utilisée pour le tournage a cédé la place au bureau du commandant de district de la police », indique l’actuel maire de Barlin, Julien Dagbert. Des murs qui ont toute une histoire.
Des murs qui ont donc accueilli la scène clé d’une discussion très animée entre Guillaume Canet (Lieutenant Audebert) et son père, joué par Bernard le Cocq. Ce dernier, général dans l’armée, ne comprend pas comment son fils a pu fraterniser avec l’ennemi. Acte d’humanité ou haute trahison ? Ça donne envie de revoir le film, non ? Et si on faisait une soirée cinéma ?