Comment traiter l’autisme au cinéma sans tomber dans les clichés ? Audrey Lamy et John Wax relèvent le défi

Infos RTL : Audrey Lamy et John Wax, vous êtes venus nous présenter votre nouveau film « En tongs aux pieds de l’Himalaya », un film qui mêle drame et comédie. Il raconte l’histoire de Pauline, maman d’un petit garçon autiste prénommé Andrea. Elle se bat pour que son fils soit intégré, notamment à l’école. C’est un recueil d’émotions et de rires. John Wax, ce film est inspiré de « Seul en scène » de Marie-Odile Weiss. Qu’est-ce qui vous a donné envie de l’adapter au cinéma ?

John Wax : C’est parce que j’ai assisté à la seule représentation, juste avant la fermeture des salles pour cause de Covid. J’ai été vraiment touché et j’ai ri. C’est avant tout une amie, donc je connaissais déjà bien sa vie. J’avais envie de raconter son histoire et j’ai tout de suite vu les ingrédients d’un bon film. Je lui ai proposé l’idée, elle a accepté et j’ai été ravi.

Justement, Audrey, vous incarnez Pauline, une mère dépassée par les événements. Qu’est-ce qui vous a attiré dans ce rôle ?

Audrey Lamy : Plusieurs choses. Tout d’abord, John et moi nous connaissions déjà. Nous avions travaillé ensemble sur un film intitulé « Coexistence » avec Fabrice Eboué et nous avions très envie de retravailler ensemble. Quand John m’a proposé le rôle, je n’avais aucune idée de quoi il s’agissait. Comme John vient principalement de la comédie, je m’attendais à quelque chose de drôle. Mais j’ai été extrêmement touché et ému par l’histoire, par sa profondeur et son authenticité. Ce rôle suscite réflexion et empathie pour cette mère qui, elle-même, n’est pas totalement indépendante et autonome, mais qui apprendra à guider son fils vers l’autonomie.

Je suis moi-même maman de deux enfants, donc bien sûr, je ne vis pas ce que vit mon personnage, mais l’histoire m’a beaucoup touchée. John, en plus d’écrire, a trouvé un équilibre en respectant ce sujet complexe tout en y apportant de l’humour, de l’amour et de l’optimisme, avec des personnages qui gravitent autour de Pauline, qui sont extrêmement drôles.comme celui de Benjamin, qui apportent une certaine légèreté et rendent le sujet accessible au public.

L’autisme est un sujet difficile à aborder sans tomber dans la caricature. Comment avez-vous travaillé pour incarner ce personnage et bien équilibrer l’approche de ce thème ?

Audrey Lamy : Cela passe avant tout par l’écriture. Ce que j’ai vraiment aimé, c’est que c’était réaliste. On n’évite pas les obstacles ou les scènes un peu dures, violentes voire brutales. Mais il y a un vrai souci de traiter le sujet avec douceur, et je pense que l’humour permet de réfléchir tout en allégeant un peu le sujet pour le spectateur qui n’est pas familier avec ce sujet. Avant ce film, j’ignorais totalement l’autisme et j’ai beaucoup appris en m’éduquant. Nous avons travaillé avec Marie-Odile, co-auteure avec John, qui était présente sur le plateau pour nous guider et nous orienter. Cela m’a permis de me laisser emporter par le rôle de cette mère.

Le film présente également Aiden Lopez, qui incarne Andrea, six ans. C’est écrasant. Comment l’as-tu trouvé ?

John Wax : Merci à Johanne Borderie, la directrice de casting enfants, qui est également coach. Elle a trié des centaines de candidats. Au final, nous avions deux profils d’enfants très différents, et nous avons bien fait de choisir Aiden. Il possède une grande capacité de concentration et de professionnalisme pour son âge. Nous avons travaillé en amont, notamment avec Marie-Odile, et lui avons montré des vidéos de son fils pour lui apprendre les gestes, le regard, la démarche, spécifiques à l’autisme. Dès qu’on disait « action », il rentrait dans le personnage, changeait de look, d’approche. Nous n’avons quasiment jamais eu à refaire les plans, il était exceptionnel.

Audrey Lamy : Tout repose sur lui. Si vous ne croyez pas au personnage du petit garçon, vous passez à côté du film.

Certaines scènes entre vous sont très intenses, voire violentes. Comment les avez-vous abordés avec Aiden, qui n’a que six ans dans le film ?

Audrey Lamy : J’avais un peu d’appréhension, mais il a fait preuve d’un professionnalisme incroyable. C’est un vrai acteur ! Il était ravi d’être sur le plateau, ce qui n’est pas toujours le cas des jeunes acteurs. Parfois, on a l’impression que ce sont les parents qui poussent un peu les enfants à jouer dans des films. En dehors des prises, j’ai créé une relation affectueuse avec lui. Il a l’âge de mon fils, donc il y avait beaucoup de tendresse et de câlins entre les scènes. Nous avons voulu traiter cette histoire avec authenticité et respect.

Audrey, on te connaît dans des rôles plus légers et comiques. Est-ce un registre plus sérieux que vous souhaitez explorer dans les années à venir ?

Audrey Lamy : Petit à petit, oui. C’est vrai que j’aime évoluer vers des sujets un peu différents. J’ai déjà fait « Les Invisibles », « La Brigade », et j’aime aborder des sujets plus profonds, avec des personnages plus matures. Ce rôle m’a particulièrement attiré car il me permettait de jouer une très large palette d’émotions. Pauline est à la fois perdue et déterminée, vulnérable et résiliente. C’est une palette très riche, et c’est un vrai plaisir pour une actrice.

 
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