« Avec Louis Vuitton, j’ai appris la discipline »

« Avec Louis Vuitton, j’ai appris la discipline »
« Avec Louis Vuitton, j’ai appris la discipline »

ENTRETIEN – Le célèbre artiste brésilien expose douze années de travail pour Louis Vuitton au LV Dream à Paris. Rencontrez une star du design qui n’a jamais oublié d’où elle vient.

C’est sûrement parce qu’il a toujours gardé les pieds sur terre qu’il travaille aujourd’hui avec les plus grands et qu’il est une référence dans son domaine. Sans parler d’une légende. Cela fait maintenant douze ans que l’artiste brésilien Humberto Campana collabore ponctuellement sur « Objets Nomades », un projet Louis Vuitton qui donne chaque année carte blanche aux plus grands designers, pour imaginer et concevoir une collection d’objets au design avant-gardiste, dans édition ultra-limitée. Si cette histoire entre la maison de luxe et l’artiste dure si longtemps, c’est parce qu’ils partagent les mêmes envies. Celles-ci, sans jamais perdre le fil de l’humilité, du dépassement de soi, de voir plus grand, d’allier élégance et fonctionnalité et de rechercher sans cesse l’innovation.

The Louis Vuitton Objets Nomades collection in collaboration with Estúdio Campana

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En 2012, les frères Campana – qui travaillent ensemble depuis 1984 – créent le Maracatu pour « Objets Nomades », un meuble de voyage transportable caractérisé par des bandes multicolores réalisées à partir de chutes de cuir de Louis Vuitton. Suivront le Cocoon en 2015, le canapé Bomboca en 2017 et le fauteuil Bulbo en 2019. Après la mort tragique de son frère Fernando, en 2022, Humberto poursuit ce projet, toujours accompagné par l’équipe Louis Vuitton. Cette année, en parallèle d’Art Basel, se tient la deuxième édition de Design Miami.Paris 2024.

LV Dream, l’espace d’exposition gratuit de la marque française situé face au Pont-Neuf à Paris, invite les passionnés de mode et de design à (re)découvrir les œuvres des « Objets Nomades » de Louis Vuitton Estúdio Campana. Avec, en bonus, 6 pièces uniques inspirées de figures mythiques de l’imaginaire brésilien, conçues par Humberto Campana à l’occasion des 40 ans de son atelier. Qui évoquent, comme tout ce qui est présenté, la richesse du savoir-faire, de la passion et du talent.

Madame Figaro.- Comment a commencé votre histoire avec Louis Vuitton ?

Humberto Campana.- Tout a commencé il y a douze ans, lorsque la maison m’a invité à travailler sur son projet « Objets Nomades ». J’ai été très touché car j’ai toujours voulu collaborer avec Louis Vuitton. Savez-vous pourquoi ? Pour la fantaisie que ce groupe apporte avec sa mode notamment. Pour moi, Louis Vuitton, c’est la modernité. La première fois que j’ai visité les ateliers de la marque, j’ai été impressionné par leurs matières. Cette collaboration était une invitation à apporter ma vision. Je suis un conteur et j’aime raconter d’où je viens. Mon premier projet date de 2012 et s’appelait Maracatu, un meuble de voyage transportable et multicolore. Travailler avec l’équipe Louis Vuitton est fantastique. Ce ne sont pas seulement mes créations, elles appartiennent à tout le monde. J’apporte de la poésie, ils m’apportent des mathématiques. Peu importe ce qu’ils proposent, je sais que le résultat sera époustouflant.

Il y a de nombreuses valeurs que vous partagez avec la maison Louis Vuitton, comme le besoin de découvrir le monde, de voyager, de perpétuer un héritage…

Et de sortir de sa zone de confort d’un point de vue émotionnel également. Tout ce que je propose chez Louis Vuitton est lié au voyage, même lorsque je conçois un canapé. Parce que je dessine principalement des objets qui vous transportent dans un autre endroit, un autre paysage. A travers mon métier, j’essaie de créer une sorte de récit brésilien, ce pays connu pour ses riches traditions culturelles, pour montrer d’où je viens. Je souhaite apporter mon héritage indigène, afro, italien, portugais, japonais et libanais dans mon travail.

Je suis très intuitif, je suis du signe Poissons en fait. Je choisis l’intuition.

Humberto Campana

J’ai adoré le siège « Iara », inspiré d’une sirène, figure mythique des plans d’eau douce du Brésil. Comment parvenez-vous à représenter une créature aussi complexe dans un fauteuil ?

Je ne suis pas un cerveau, je suis un estomac. C’est-à-dire que je suis très intuitif… Je suis d’ailleurs du signe Poissons. Je choisis l’intuition. Je ne suis pas une personne qui aime parler, je mets ma communication au service de mon art. Je suis une personne timide, donc je fais toujours de mon mieux pour que mes pièces transmettent une bonne énergie à ceux qui les admireront.

Cette collaboration avec Louis Vuitton a-t-elle changé votre façon de travailler ?

Avec cette collaboration, j’essaie de dépasser mes limites. J’ai tellement appris en l’espace de douze ans, c’est comme si j’avais un master en design et communication. Cela m’a appris une forme de discipline, tout en me permettant d’éviter de me perdre en chemin. Vous savez, comme les signes des Poissons se perdent un peu parfois… Au début j’apportais des idées approximatives, mais en travaillant avec elles il m’a fallu aller plus loin, approfondir. J’ai plongé dans des détails qui m’étaient auparavant inconnus.

Ma complexité est ce qui me représente le mieux. Louis Vuitton était l’endroit idéal pour proposer mes idées et mes concepts.

Humberto Campana

Vous étiez avocat avant d’être artiste. Pourquoi avez-vous abandonné cette carrière ?

J’ai réalisé que je voulais construire ma vie de mes mains. Je suis allé à Bali, dans un endroit proche de l’océan, et j’ai commencé à ramasser des coquillages. Je les ai ramenés à la maison, je les ai nettoyés et j’en ai décoré mes murs. Je suis un bon artisan car j’aime le travail manuel. Si quelqu’un me demandait aujourd’hui si je suis designer, je lui répondrais peut-être que je ressemble plus à « beaucoup de choses ». Ma complexité est ce qui me représente le mieux. Et Louis Vuitton était l’endroit idéal pour proposer mes idées et mes concepts.

Après toutes ces années, comment se réinventer ?

Je garde les pieds sur terre. Je garde toujours à l’esprit d’où je viens. Je suis né à la campagne, dans les années 50, dans un endroit où il n’y avait rien, pas même un musée. Seulement un cinéma, dans lequel je me réfugiais chaque soir pour voir les films de Federico Fellini, Roger Vadim… Et la journée je m’amusais à reproduire des scénarios avec les jouets de mes enfants, je construisais des cabanes dans les arbres. Quand j’étais petite, et qu’on me demandait ce que je voulais faire quand je serai grande, j’ai répondu : « être autochtone ». Et c’est ce que je suis aujourd’hui, car j’ai réalisé que ma passion pour l’artisanat venait de l’art indigène.

Que vous a appris la ?

Respect. J’ai eu la chance de créer avec mon frère le « Café Campana » au Musée d’Orsay, d’organiser une exposition au Musée des Décoratifs en 2012. J’ai moins d’opportunités comme celles-là dans mon pays d’origine. Peut-être parce que les Français aiment la différence, ce qui fait que tout le monde s’inspire de la France. Je cultive cette différence.

La collection Louis Vuitton Objets Nomades Estúdio Campana est à découvrir jusqu’en décembre 2024 chez LV Dream à Paris. Billets à réserver ici .

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