« Il me reste encore un film à faire »

« Il me reste encore un film à faire »
Descriptive text here

Claude Lelouch sortira “Enfin” le 13 novembre avant de terminer par “Enfin, ça ne finira jamais”.

IMAGO/ABACAPRESS

“Dabadabada, badabadaba.” On a tous en tête la chanson de « Un homme et une femme » (1966) de Claude Lelouch composée par Francis Lai. La musique est omniprésente chez le réalisateur français de 51 films, et rien de tel qu’un ciné-concert pour en profiter. Ce sera dimanche 2 juin au Théâtre du Léman, à Genève, avec l’Orchestre Philharmonique de Douai jouant sur un montage d’images, et la présence de Monsieur Lelouch. Les spectateurs pourront même discuter avec lui s’ils le souhaitent. « J’aime aller à leur rencontre. Le public est le véritable producteur de mes films», nous raconte le cinéaste de 86 ans venu en personne parler de ce spectacle à la tour RTS mardi après-midi.

Quelle est pour vous l’importance de la musique dans un film ?

C’est crucial. Parce que c’est le premier médicament de l’humanité, la première chose que je prends quand je ne vais pas bien. La musique a toutes les vertus. Premièrement, elle dit toujours des choses agréables – c’est le contraire des mots qui peuvent être très désagréables et agressifs. Cela parle de notre part d’éternité, tandis que notre intelligence nous dit que nous sommes mortels. Et c’est le langage de Dieu, un langage universel. Un enfant écoute de la musique avant de parler, cela le calme. J’ai eu sept enfants. Je ne peux pas vous dire combien de fois je leur ai joué de la musique quand ils braillaient ou autre. J’ai réalisé 51 films, ce sont tous des films musicaux.

La musique de vos films est même écrite en premier.

Oui, parce que c’est un grand directeur d’acteurs. S’ils écoutent la musique du film, ils savent dans quel film ils se trouvent. La plupart des gens font la musique de leur film après coup, pour combler les lacunes. Pas moi. Ce spectacle est aussi une merveilleuse façon de rendre hommage à Francis Lai, Michel Legrand, Claude Bolling, à tous les compositeurs partis et à tous les comédiens qui ne sont plus là, Jean-Paul Belmondo, Jean-Louis Trintignant, Lino Ventura, Annie Girardot. Ce film-concert leur donne vie. En une seule fois. D’ailleurs, le cinéma a presque inventé l’immortalité.

“J’ai été témoin de mon époque (…) et tous les hommes et femmes que j’ai mis dans mes films sont des gens que j’ai rencontrés”

Claude Lelouch, réalisateur

Comment réagit votre public lors de ce ciné-concert ?

La première, à Paris, a été un triomphe, tant de gens ont rêvé et ont décollé. Ils ont tous des souvenirs de mes films. Ils ont donc eu des flashbacks. Ce n’est pas mon spectacle qu’ils sont venus voir, mais leur vie. Quand j’ai réalisé “Un homme et une femme”, j’ai reçu des milliers de lettres me disant : “Grâce à toi, je me suis réconciliée avec mon mari” ou encore “J’ai trouvé la femme de ma vie”. Joe Biden a retrouvé sa femme en allant voir ce film. Et quand je faisais “Live to Live”, les gens m’écrivaient pour me dire : “Grâce à toi, j’ai eu le courage de divorcer.” Quand j’ai fait « Les uns et les autres », les gens me disaient : « Mais tu as raconté ma vie ? J’ai été témoin de mon époque, je n’ai pas adapté de livre, j’ai écrit toutes mes histoires, et tous les hommes et femmes que je mets dans mes films sont des gens que j’ai rencontrés.

Qu’avez-vous ressenti la première fois que vous avez vu le montage de deux heures de ces 50 films ?

J’ai revu ma vie, mon travail. J’ai revisité mes rêves. C’est un excellent rappel. Nous n’avons pas de mémoire, mais le cinéma se souvient de tout. Et en revoyant toutes ces images, j’ai redécouvert mes films. Il y avait même des séquences que j’avais oubliées.

Vous avez fait jouer pas mal de chanteurs dans vos films. Est-ce parce qu’ils ont une oreille musicale ?

On ne peut pas être chanteur si on n’est pas un bon acteur. Vous devez interpréter une chanson. Ils parviennent à vous faire croire à une histoire de trois minutes. Pour ma part, cela me prend 1h30. J’ai joué Gilbert Bécaud, Eddy Mitchell, Johnny Hallyday, etc. J’ai essayé de filmer des gens que j’aimais un peu plus que d’autres, je n’ai jamais pris de plaisir à filmer des gens que je n’aimais pas.

Il y a des chansons avec des paroles dans vos films. Y aura-t-il des invités à Genève pour les jouer ?

A chaque spectacle, il y en a. Généralement, s’ils sont libres, ils viennent. Alors, il y aura des surprises, bien sûr…

« Kad Merad s’est révélé être un immense chanteur. Il a la voix d’Yves Montand.

Claude Lelouch, réalisateur

Vous avez terminé votre prochain film, “Enfin”. Que pouvez-vous nous en dire ?

“Enfin” sortira en salles le 13 novembre et c’est un film très musical. Encore plus que les autres. Ibrahim Maalouf a fait la musique et Didier Barbelivien les chansons. J’ai fait appel à Barbara Pravi, une chanteuse magique, une star est née! Et à Kad Merad, qui s’est révélé être un immense chanteur. Il a la voix d’Yves Montand, c’est impressionnant. Il fredonnait toujours. Là, je l’ai fait chanter. Et c’est écrasant. Je ne veux pas trop en raconter, mais c’est un beau voyage qui permet à un homme fatigué de retrouver la joie de vivre. C’est un film qui donne envie de vivre. Et je l’ai appelé « Enfin » parce que c’est probablement un de mes derniers films. A mon âge, il me reste encore un film à faire. Ce qui s’appellera « Finalement, ça ne finira jamais ».

Est-ce un autre film en préparation ?

Oui, mais ce sera le dernier. Parce que je pense qu’il va me falloir trois ou quatre ans de tournage, partout dans le monde. Ce sera la suite de « Enfin ». Vous savez, au final, je n’ai fait qu’un seul film mais en 51 épisodes.

 
For Latest Updates Follow us on Google News
 

PREV Aux Molières, Laetitia Casta en robe dorée, face à Nagui et son épouse Mélanie Page
NEXT Tous les meilleurs looks du tapis rouge du Met Gala 2024