Jean-Luc Mélenchon, sa déclaration enflammée à Rachel Keke

Jean-Luc Mélenchon, sa déclaration enflammée à Rachel Keke
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Ceci n’est pas une préface, c’est une déclaration. Deux pages et demie enflammées signées Jean-Luc Mélenchon, prologue de l’autobiographie de Rachel Keke, ancienne bonne devenue députée de La France insoumise en 2022.

Celle qui se décrivait comme « invisible » est devenue un symbole que l’ancien triple candidat à la présidentielle met en avant dans son texte.

Il célèbre cette femme qui, en juillet 2022, au cœur d’un débat sur l’augmentation du Smic, dans l’hémicycle de l’Assemblée nationale, protestait « Savez-vous ce que c’est de vivre avec 800 euros ? Par mois, pas par jour.

« La vidéo de l’Assemblée montre Rachel dans cet instant où elle semble être une statue géante sur les bancs des députés, écrit le leader des Insoumis dans « Cette rage dans mon cœur ». On nous en parlera au Mexique et au Congo. Son nom est devenu emblématique de cette France digne et forte, telle une Marianne de bronze face aux parvenus privilégiés. […] Rachel les a terrassés en vingt et un mots. Rachel, fierté des rebelles, étendard des humiliés, figure de proue du désir de dignité qui met les cœurs en rébellion. »

Immédiatement, les petits diront : « Quand je serai grand, je veux être Rachel Keke »

Jean-Luc Mélenchon

Il tisse alors le lien entre sa vie antérieure et sa vie actuelle. « Insoumis refuse de mourir, comme elle l’a dit face à l’adversité qui l’a accablée lors de sa première vie de sans-papiers en France. […] Rachel ne cède pas. Rachel fait face. »

La suite après cette annonce

Il conclut. « Il est tout de suite évident de parler de pauvreté pour dire qu’elle n’est ni normale ni acceptable. Immédiatement, les petits diront : « Quand je serai grand, je veux être Rachel Keke. » Les hommes et les femmes encore enfants savent qu’il faut être Rachel Keke pour être remarquable. »

Auparavant, Jean-Luc Mélenchon avait prévenu le lecteur : « Vous ne serez plus la même personne après avoir lu Rachel. » Chacun jugera mais le livre du député est un choc. Si la fin est plus politique, à la manière d’un tract pour LFI, le corps du texte est consacré au récit d’une vie difficile dont il n’évite aucune difficulté. Ils l’ont forgé.

Son enfance dans un quartier pauvre d’Abidjan, en Côte d’Ivoire. La mort prématurée de sa mère alors qu’elle avait douze ans, des suites d’une maladie dont elle ignore encore la cause. “En tout, je l’ai accompagné, même dans sa souffrance, que je ressentais dans chacun de mes pores” écrit-elle.

Pauvreté en Afrique, misère en France, de la résignation à la révolte

Elle celle a ensuite eu faim, a quitté l’école en CM2 pour gagner un peu d’argent et s’occuper de ses frères et sœurs, et est devenue mère à 17 ans. « Il me faudra des années pour passer de la résignation à la révolte », rage-t-elle.

Arrivée en France à 26 ans avec un visa touristique, elle travaillait à domicile pour son oncle à Château-Rouge (quartier parisien), mais pas tous les jours pour ne pas éveiller les soupçons. Parce qu’elle n’a pas le droit de travailler. « Si je travaillais, je volerais le travail de tous les Français qui rêvent de devenir coiffeur à Château-Rouge », ironise-t-elle. Autant que celles qui rêvent d’être éboueuse, nounou ou femme de ménage. »

Enceinte, elle a dû déménager et a donné naissance à son fils, français de naissance. « Le droit des sols garantit l’égalité, l’inclusion et la cohésion sociale, sans droit foncier ; des retraits identitaires et une discrimination garantie », se vante-t-elle, militante. Elle obtient ensuite son titre de séjour puis devient infirmière, caissière et enfin femme de chambre, pour une entreprise de sous-traitance.

C’est l’expérimentation du confort relatif de l’emploi, la découverte de ses droits et d’un monde du travail parfois hostile lorsqu’on est en bas de l’échelle sociale. Elle parle d’attouchements, de cet homme en sous-vêtements qui lui touche le sein, pendant qu’elle entre pour nettoyer, de ceux qui lui montrent leurs parties génitales.

Elle décortique le rythme infernal, vingt chambres à faire en une journée, 444 par mois, pour 500 euros… Hébergée dans un squat avec sa famille, elle en a été expulsée avant de trouver un logement social dans le Val-de-Marne, en 2006. Pendant trois ans, elle a travaillé à l’hôtel Ibis des Batignolles à Paris. Mère de cinq enfants, elle s’est syndiquée, a participé à une première grève pour obtenir un treizième mois. « La grève fonctionne ! » écrit-elle dans son autobiographie. Représentante du personnel, puis licenciée car considérée comme un « emmerdeur » dit-elle, elle a participé avec une quarantaine de collègues à une grande grève lancée en juillet 2019.

Marianne en bronze »

Après deux ans de lutte interrompue par le Covid, les vingt grévistes restants ont finalement obtenu gain de cause : réduction du rythme de leur journée, indemnités alimentaires, matériel de meilleure qualité entièrement pris en charge par l’employeur et pointeuse.

C’est durant ces mois qu’elle rencontre des députés de La France insoumise. Rachel Keke prend goût à « l’intérêt collectif », à la lutte sociale et rejoint le parti de Jean-Luc Mélenchon avant de participer à sa campagne présidentielle, à l’invitation du député Éric Coquerel, alors fidèle lieutenant du patron. Elle monte même sur le podium et prend la parole lors d’une réunion. “Devant moi, 100 000 personnes m’accordent de l’importance, il y a deux ans je ne valais rien” écrit-elle dans son livre.

Elle a presque cinquante ans et se découvre une passion pour la politique, après une vie d’épreuves, résumée en quelques phrases. « J’ai pris l’avion, j’avais les cheveux noirs, j’ai été expulsé, relogé, précaire. Je travaillais dans un supermarché, j’étais infirmière, je m’occupais des enfants des autres… Et puis le ménage, la grève, l’engagement politique. »

Le 19 juin 2022, elle est élue députée du Val-de-Marne.

Dans ses remerciements, la députée n’oublie évidemment pas sa préface. « Merci d’être le grand leader que vous êtes, d’avoir tant de cœur et d’intelligence. Je suis fier de faire campagne à vos côtés pour transformer le monde.

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Le livre sort le 18 avril 2024.

©DR


“Cette rage dans mon coeur”

224 pages, 18,95 euros, édité par Michel Lafon.

 
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