Des sites plus grands que nature
Deuxième étape : l’internaute clique et est redirigé vers un faux article de presse provenant d’un média comme Le monde, expliquant les énormes gains que l’on peut obtenir grâce à cette fameuse méthode, qui aurait été révélée par Jamel Debbouze sur le tournage de l’émission Tous les jours. Les articles et extraits d’émissions en question sont évidemment faux, mais très bien réalisés. Élise Lucet, elle aussi victime d’usurpation d’identité, avait d’ailleurs alerté les internautes de cette arnaque sur son compte X.
« Leur objectif est de rediriger l’internaute vers un site sur lequel il laissera ses coordonnées. Il sera alors appelé par un pseudo-conseiller qui recommande généralement de placer 250 euros dans un premier temps sur un compte de trading, promettant des merveilles ensuite », explique Pascal Tonnerre.
Des gains qui s’envolent
C’est ici que commence le cycle. Dans la troisième étape, les fraudeurs créent des comptes fictifs montrant la somme de départ multipliée par les graphiques des marchés financiers. “C’est quelque chose de très bien fait, on a l’impression que nos fonds sont bien placés et que notre capital s’envole”, poursuit notre interlocuteur. Les escrocs en profiteront alors pour demander des sommes plus importantes, censées rapporter toujours plus d’argent. Ce qu’on appelle dans le domaine « effet de levier » qui multiplie les gains ou, dans le cas de cette arnaque, multiplie les pertes. Une technique bien rodée et surtout très efficace car très réaliste.
L’argent a disparu
Une fois le piège fermé, il est quasiment impossible de récupérer son argent. « Vous pouvez porter plainte, mais qui va s’en occuper ? Logiquement, c’est l’étage du siège social de l’entreprise, lorsqu’il est en France. Mais dans ces cas-là, ils ne sont jamais localisés en France», déplore Pascal Tonnerre, mais bien souvent en Israël dans le domaine de la finance, à Chypre, à Malte, en Russie ou en Afrique. Face à un système complexe et à un nombre d’arnaques en constante augmentation, la plainte a peu de chances d’aboutir.
Reste le recours bancaire, le « chargeback » (ou rétro-facturation en français), destiné à protéger les consommateurs contre la fraude en ligne. “La demande doit être faite rapidement mais, soyons clairs, les comptes ayant servi à recevoir l’argent versé par la victime sont souvent vidés très rapidement et la banque ne pourra pas y puiser”, prévient le spécialiste.
Pire encore, il arrive même parfois que des escrocs contactent à nouveau leurs victimes en se faisant passer pour des avocats qui peuvent les aider à récupérer leur argent en échange d’honoraires…
La meilleure prévention reste d’alerter et de dénoncer cette pratique avant de tomber dans le piège.
Des signes qui devraient vous alerter
Si vous souhaitez placer votre argent en bourse ou investir dans une cryptomonnaie, avant de vous lancer, Pascal Tonnerre recommande quelques règles de base, « en commençant par un échange de mail avec le conseiller ». Un professionnel n’utilisera jamais une adresse provenant d’un fournisseur de messagerie gratuit tel que Gmail, Outlook, Hotmail ou Yahoo.
Pour vous proposer des services d’investissement, toute entreprise, française ou étrangère, doit être inscrite comme « prestataire de services d’investissement » ou PSI (société d’investissement, banque, courtier en ligne) et répertoriée dans l’annuaire Regafi. L’Autorité des marchés financiers a élaboré une fiche pratique détaillée vous expliquant les vérifications à effectuer avant d’investir votre argent.
Enfin, n’hésitez pas à contacter des associations comme le réseau anti-arnaque. Ces derniers pourront vous guider ou vous alerter.
