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Le candidat Coderre | La presse

Denis Coderre n’est pas le genre d’homme politique qui attend qu’on pense à lui.

Il prend la tête et se positionne sur la ligne de départ.

«Lorsque j’ai passé des appels, j’ai posé trois questions. La première : « Me voyez-vous comme Premier ministre ? Deuxièmement, « ai-je la crédibilité et l’expérience ? » Et troisièmement : « Ai-je manqué un rendez-vous ? », disait Denis Coderre dans une chronique radiophonique il y a un an. Tout le contraire de Mark Carney qui se laisse désirer depuis des mois par les sirènes libérales fédérales.

Bien sûr, il y a eu un « strip-tease médiatique » de six mois entre le moment où il a manifesté son intérêt et l’annonce officielle de sa candidature à la direction du Parti libéral du Québec. Un scénario classique dont la scène finale était écrite dans le ciel.

La course à la direction du PLQ débute donc officiellement lundi.

Depuis des mois, je ressens un malaise face au retour en politique de Denis Coderre. Les libéraux, qui ne veulent pas être nommés, me disent que c’est un homme politique d’une autre époque, aux discours et aux méthodes dépassées.

Il a perdu deux élections à la mairie de Montréal et les libéraux veulent un vainqueur. À leurs yeux, il ne peut incarner le renouveau dont le PLQ a besoin. Et puis il y a un malaise supplémentaire, pour ne pas dire de la pitié ou de la tristesse, de voir un homme s’accrocher à la politique malgré un accident vasculaire cérébral dont il garde encore quelques séquelles.

Je l’ai invité à venir prendre un café dans la Petite Italie pour qu’on puisse discuter de toutes ces questions. Il a accepté sans hésitation.

D’abord, il reconnaît avoir gagné cette course. « Je n’ai pas attendu que le voisin m’invite à manger pour me rendre au provincial. Je vois qu’il y a un problème, je pense avoir la solution. La politique, c’est toute ma vie. Je suis le dernier des Mohicans. »

Une fête est un véhicule, mais elle nécessite un conducteur qui sait conduire.

Denis Coderre

Quand je lui fais remarquer qu’il a reçu un accueil poli, mais sans grand enthousiasme de la part du caucus, il répond : « Il y a un establishment au PLQ qui pense plus à ses intérêts qu’à ceux du Québec. Des anciens ministres, des responsables de plateforme, des gens qui savent tout. Chaque mois, il y a une nouvelle saveur, Karl Blackburn, Charles Milliard et Pablo Rodriguez. Il y a des gens qui s’inquiètent parce qu’ils ne peuvent pas me contrôler. Le Parti libéral a toujours le même défaut. Il voulait que Claude Ryan ressemble à René Lévesque. Il voulait que Dominique Anglade ressemble à QS. Ce fut un échec. »

Quand j’aborde la question de son état de santé, il est piqué. « Est-ce que tous les gens qui commentent sont des neurologues ? J’ai le feu vert de mes médecins. J’ai marché 300 kilomètres jusqu’à Saint-Jacques-de-Compostelle. Parfois, je parle drôlement, mais je vais bien, je n’ai aucun problème. J’ai de la mémoire. J’ai tout mon esprit. »

Denis Coderre affirme que ses problèmes avec l’Agence du revenu du Canada et Revenu Québec seront résolus avec la vente de sa maison, qui serait imminente.

Voir cette histoire faire la une des journaux lui a déplu. Il suggère même que cela ressemble à un règlement de compte politique. «Je m’en fiche si quelqu’un m’aime ou ne m’aime pas. Mais je l’ai trouvé bon marché. Je veux être respecté. »

Denis Coderre est un catholique pratiquant. « Je suis sûr que je suis revenu de mon accident vasculaire cérébral parce qu’il y avait quelqu’un à l’étage qui m’a aidé. » Il se dit néanmoins capable de vivre avec la loi 21 sur l’interdiction des signes religieux, même s’il la juge inutile. Il est favorable au financement public des écoles religieuses privées (« Vous voulez mon argent, vous enseignez les matières du programme, y compris les cours sur la sexualité. »). Et il est favorable à la construction d’un troisième lien dans la région de Québec. Des heures de plaisir chez les libéraux !

Pour pimenter le débat, il ajoute : « Il y a 10 000 fonctionnaires de trop. Les affaires doivent être simplifiées. François Legault a tous les pouvoirs pour régler la question de l’immigration. Les villes devraient avoir le droit de demander de l’argent directement au gouvernement fédéral. Je dirais à Pierre Poilievre, je promets de ne pas vous parler de constitution et de dépenser l’argent selon les ententes négociées. » Il fait ici référence à Jean Charest, qui a baissé les impôts en prenant les 700 millions qu’il avait demandés pour financer les soins de santé. Stephen Harper ne lui a jamais pardonné.

Denis Coderre s’est fiancé à Noël avec Annie Paré, la femme qui partage sa vie depuis neuf mois. « Une femme remarquable, dit-il, et incroyablement efficace dans une salle remplie de militants ! »

L’homme n’a pas changé et ne changera pas. Ce que vous voyez est ce que vous obtenez ! Vous le trouvez baveux et arrogant ou vous le trouvez un combattant déterminé. Nous ne sommes pas au pays des nuances.

Un libéral influent m’a dit : « Je ne pense pas qu’il va gagner. » Mais il travaille dans le domaine depuis un an. Les présidents d’associations, les maires, les préfets, les chambres de commerce… c’est une machine ! Il est le plus connu des candidats. L’erreur serait de le sous-estimer. »

 
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