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le gros couac de l’administration fiscale

Les associations de consommateurs tirent la sonnette d’alarme depuis des mois. Et pendant ce temps-là, le compteur tourne. Les ménages bénéficiant du chèque énergie, mais qui ne l’ont pas encore reçu, au titre de 2024, ont jusqu’au 31 décembre pour en faire la demande en s’inscrivant sur le site dédié.

Ils seraient dans ce cas environ 900 000 sur les 5,6 millions attendus pour bénéficier de cette aide, d’un montant moyen de 150 €, mise en place en 2018, pour remplacer les tarifs sociaux du gaz et de l’électricité. Il concerne les 20 % des ménages les plus modestes, c’est-à-dire ceux dont les revenus fiscaux sont inférieurs à 11 000 € pour une personne seule, 16 500 € pour un couple et 23 100 € pour un couple avec deux enfants. Au total, cette relance du paiement des factures d’énergie représente un coût pour l’État de 900 millions d’euros.

L’administration fiscale manque d’informations

Normalement, tous ceux qui avaient reçu le chèque énergie en 2023 l’ont reçu au printemps, pour 2024. Le problème concerne les nouveaux bénéficiaires, comme les étudiants, les ménages qui viennent d’emménager ou ceux dont les revenus ont diminué, dans le cas, par exemple. , de perte d’emploi ou de retraite.

Jusqu’à présent en effet, le chèque énergie était payé en fonction du revenu fiscal et de la taxe d’habitation qui inclut le nombre d’occupants d’un logement. Bref, en croisant les deux dossiers. Problème, celui de la taxe d’habitation a disparu, avec la suppression de cette taxe pour toutes les résidences principales depuis le 1est Janvier 2023.

En début d’année, l’ancien ministre de l’Économie, Bruno Le Maire, avait d’ailleurs reconnu la difficulté de son administration à procéder à un recensement actualisé des allocataires, mentionnant « raisons techniques » et avait promis qu’il y aurait « pas de perdant « . D’où la mise en place d’un site en ligne pour déposer plainte.

De nombreuses réclamations ont été rejetées

Mais cela ne met pas fin au désordre. Selon Bercy, il pourrait y avoir cette année autant de ménages entrant pour la première fois dans les critères d’attribution du chèque énergie que de ménages qui n’y auraient plus droit, mais qui l’ont quand même reçu. Cela représente environ un million dans chaque sens.

Le service de plaintes en ligne mis en place par le gouvernement n’a en tout cas pas donné de résultats. De nombreux dossiers ont été rejetés, faute d’exhaustivité ou parce que les revenus présentés étaient trop élevés, a reconnu la Direction générale de l’énergie et du climat (DGEC) lors d’une réunion avec les associations début octobre.

Au 30 septembre, selon son décompte, seuls 32 000 foyers avaient reçu un chèque, après avoir accompli les démarches. Ils sont aujourd’hui 100 000, après des campagnes actives de sensibilisation menées par les structures d’accompagnement des personnes en situation précaire. Il resterait donc 900 000 foyers encore sous les radars.

« Les associations de consommateurs ont le sentiment que le gouvernement a volontairement complexifié l’accès au chèque énergie pour réaliser des économies budgétaires au détriment des plus démunis. », déclare Françoise Thiébault, représentante du Conseil national des associations familiales laïques (Cnafal), au Conseil supérieur de l’énergie.

Un nouveau système qui ne satisfait pas les associations

Rien n’est encore joué pour la suite, même si l’administration a déjà écarté le scénario d’une éligibilité au chèque énergie, par foyer fiscal au sens de l’impôt sur le revenu. Selon une étude réalisée par l’Inspection générale des finances (IGF), cela entraînerait un doublement du coût du système et une augmentation de 105% du nombre de bénéficiaires. Selon elle, cela aurait « un impact limité sur la lutte contre la précarité énergétique » et « les ménages déclarant leurs revenus séparément recevraient automatiquement plusieurs chèques ».

L’IGF a donc proposé une autre solution, retenue par le gouvernement Barnier dans son projet de loi de finances pour 2025. Il s’agirait de croiser le numéro de PDL (point de livraison d’électricité, figurant sur la facture) avec le numéro fiscal du titulaire de l’abonnement, ainsi qu’un seul chèque est envoyé par logement. Une base de données serait également créée.

Chaque année, l’administration établirait une liste des ménages éligibles au chèque énergie. à partir de la liste des bénéficiaires des trois années précédentes et des demandes enregistrées sur une plateforme mise à disposition », notamment de la part des ménages qui déménagent. Les associations dénoncent la complexité de ce système, qui aurait pour conséquence d’exclure de nombreux ayants droit. Avec la censure du budget 2025 et la discussion qui va s’ouvrir avec un nouveau texte, les modalités d’attribution de cette aide pourraient être rediscutées.

 
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