L’Équateur est traumatisé après la découverte, le 19 décembre, de quatre corps calcinés près de la base militaire de Taura, à l’ouest du pays. Cette découverte macabre s’inscrit dans le cadre des recherches visant à retrouver quatre adolescents portés disparus depuis le 8 décembre. La Commission interaméricaine des droits de l’homme (CIDH) a exprimé sa « préoccupation », tandis que l’ONU et l’UNICEF ont exhorté Quito à « épuiser tous les mécanismes pour enquêter sur les faits de manière exhaustive, rapide et impartiale ». .
Ce qui s’est passé?
Saul Arboleda, Steven Medina, ainsi que les frères Josué et Ismael Arroyo, âgés de 11 à 15 ans, ont quitté leur domicile le 8 décembre pour jouer au football dans le sud de Guayaquil. Ils ne sont jamais revenus. Selon Luis Arroyo, père des deux frères, il a reçu le soir même un appel inquiétant d’Ismael. « Des militaires nous poursuivaient, tiraient en l’air, nous maltraitaient », aurait confié l’adolescent.
Peu de temps après, la famille a reçu des messages WhatsApp contenant deux adresses, dont l’une renvoyait à la ville de Taura, où se trouve une base militaire. Lors d’un autre appel, un inconnu aurait mentionné que les garçons étaient capturés par « la mafia ». Ce dernier détail laisse des zones d’ombre autour des circonstances exactes de leur disparition.
Est-il possible d’identifier les corps ?
Le 19 décembre, après que la justice a qualifié les faits de « disparition forcée », les corps de quatre jeunes ont été découverts dans une zone de mangrove à proximité de la base militaire de Taura. Ces corps sont gravement endommagés, ce qui complique leur identification. Une vidéo diffusée par l’Assemblée nationale, dont l’authenticité reste à vérifier, montre des militaires emmenant l’un des adolescents dans une camionnette, tandis qu’un autre garçon est aperçu face contre terre.
« Les corps retrouvés sont détruits », a déclaré Billy Navarrete, directeur exécutif du Comité de défense des droits humains de Guayaquil. Les familles des victimes ont été convoquées à la morgue de Guayaquil le jour de Noël pour tenter de reconnaître les restes. Si cette étape échoue, des tests ADN, qui pourraient prendre 30 à 40 jours, seront nécessaires.
Que font les autorités ?
Les autorités équatoriennes ont ouvert une enquête approfondie. Les procureurs ont perquisitionné la base militaire de Taura, où étaient stationnés des soldats impliqués dans une opération militaire au moment de la disparition des garçons. Les téléphones des militaires et les véhicules utilisés ont été saisis. Seize soldats ont été placés en détention militaire. Le ministre de la Défense, Gian Carlo Loffredo, a déclaré que « rien de ce que ces enfants ont fait ne justifie leur disparition », tout en dénonçant une tentative de ternir l’image des forces armées. «C’est une stratégie pour faire croire que les militaires sont des fous qui sortent par groupes de 16 pour parcourir les terrains de football et kidnapper des mineurs. »
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Le président Daniel Noboa, confronté à une explosion de violence liée au trafic de drogue dans un pays autrefois paisible, a accru le recours aux forces de sécurité pour lutter contre les bandes criminelles. Il a également annoncé que les mineurs disparus pourraient être déclarés « héros nationaux ». Du côté de l’opinion publique, la population réclame justice pour les familles des victimes et s’inquiète du rôle et de la responsabilité des forces armées.
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