Avec des températures inférieures à -20°C en fin de semaine, les ressources pour les sans-abri ont été débordées à Montréal tandis que le nouveau dispositif d’arrêt de chaleur d’urgence de la Ville, mis en place après le décès d’un homme dans Hochelaga, a connu un démarrage timide.
« Chaque année, l’hiver arrive après le premier décès », déplore Catherine Lesage, directrice des services cliniques du Cap Saint-Barnabé, dans Hochelaga-Maisonneuve, déplorant que des mesures pour aider les itinérants soient trop souvent mises en place. mis en place à la dernière minute.
Selon nos informations, le défunt de 55 ans qui aurait pu mourir de froid s’appelait Stéphane Lefrançois.
Début timide
Pour éviter que le pire ne se reproduise, la Ville a inauguré un nouveau relais thermique dans le Vieux-Montréal, sans attendre le financement de Québec. Une trentaine de chaises permettent de se détendre au chaud.
Samedi soir, 9 personnes s’y sont présentées selon l’attachée de presse du maire, Catherine Cadotte. La nuit suivante, 13 places étaient occupées.
« Avec le temps, elle deviendra de plus en plus connue comme une ressource », assure-t-elle, rappelant par la même occasion qu’un duo d’assistantes sociales de la Ville sont sur place.
Une source proche du fonctionnement de cette ressource a indiqué qu’un homme de 73 ans s’y était présenté « avec les pieds complètement gelés » samedi soir dernier. A 23 heures, le mercure était à -23°C.
Se réchauffer par temps très froid
« Nous sommes gelés ! » s’est exclamé Marc Turcotte, qui est à la rue depuis plusieurs années. Ce week-end, il a dû dormir dans sa voiture. Il dit avoir été « exclu » du Cap Saint-Barnabé après un désaccord avec un intervenant.
Marc Turcotte vit dans les rues d’Hochelaga depuis la pandémie et porte des vêtements chauds qu’il décrit comme des reliques d’une ancienne vie. Photo Zoé Arcand
Photo Zoé Arcand
«Les gens qui dorment assis sur des chaises pendant des mois peuvent créer des tensions parce qu’ils dorment mal, mais à part ça, cela peut être géré», assure Mme Lesage.
Malgré ses 350 places dans ses trois refuges, l’organisation est contrainte de refuser une cinquantaine de personnes chaque jour, faute de place.
Les sans-abri qui restent dehors par choix ou par manque de ressources utilisent les moyens du bord pour se réchauffer, même s’ils peuvent être dangereux.
France Payant fréquente parfois les chaufferies. Sinon, il est chauffé avec un radiateur fait maison.
Photo Zoé Arcand
«Je l’ai mis dans ma tente», installée près du boulevard Notre-Dame Est, explique-t-elle.
Photo Zoé Arcand
Besoin de soutien et d’hébergement
«Laisser les gens dormir sous la tente, je ne dis pas que c’est l’option du siècle, je dis que c’est ce qui se passe», insiste Martin Pagé, directeur général de Dopamine, dont les travailleurs de rue parcourent Hochelaga.
Il a déclaré que des tentes d’hiver isolées « comme celles de l’armée » et des sacs de couchage pour les températures extrêmes devraient être distribués. Il déplore le fait qu’il n’y ait pas plus d’éducation sur les moyens sûrs de se réchauffer.
Du côté du Cap St-Barnabé, il y a une pénurie d’infirmières et de travailleurs sociaux présents en tout temps, affirme Catherine Lesage.
À l’Accueil Bonneau, ça déborde aussi.
“Il y a un manque de logements sociaux et abordables”, explique la directrice générale, Fiona Crossling, insistant sur le fait qu’il en coûterait “trois à quatre fois plus cher aux contribuables de laisser les gens à la rue que de les loger avec accompagnement”.
Car lorsqu’ils sont laissés à la rue, les gens sont plus exigeants envers des services tels que l’équipe EMMISS, la police ou les hôpitaux, se souvient-elle.
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