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gros caractère et gaffes, la semaine infernale du Premier ministre

Par

Raphaël Lardeur

Publié le

21 décembre 2024 à 18h17

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François Bayrou l’a décrété lui-même : « en politique, les erreurs de - sont plus graves qu’en grammaire ». Son aller-retour express à la mairie de Pau en pleine crise à Mayotte a immédiatement fragilisé la position du nouveau Premier ministre, à la recherche d’un gouvernement et un mode de survie à l’Assemblée.

« Vous vous souvenez de la « loi de Bayrou » sur le - et la grammaire en politique ? », ironise un député MoDem. Le patron l’a récemment fait savoir pour critiquer l’annonce de la candidature d’Édouard Philippe à la présidentielle. Et l’a vérifié à ses dépens dès sa première sortie de Matignon. «C’est un péché d’orgueil. Il était si fier d’arriver à Pau en tant que Premier ministre… »

Iron de Pau

Battu deux fois depuis 1989, il a conquis Pau en 2014 en traversant le désert. Et dès son discours de passation de pouvoir à Matignon, il a vanté l’ancrage territorial. De là à cumuler la fonction d’édile avec Matignon ?

Plaider pour un retour aux mandats multiples des parlementaires ? Sous le portrait d’Henri IVFrançois Bayrou invoked Jacques Chirac, Alain Juppé and Gaston Defferre…

« Son identité politique est liée à cela. Même s’il n’aurait pas dû aller à Pau »dit un proche.

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L’Élysée n’a pas perdu une miette. Lundi soir, présidant une réunion de crise sur Mayotte alors que son Premier ministre était en Béarn, Emmanuel Macron “Laissez Bayrou faire une erreur, un pansement qui lui collera à la peau”, lance un interlocuteur régulier du chef de l’Etat.

“Ça fait oublier ce coup de force d’avoir été le premierdepuis sept ans, qui a su imposer quelque chose au président», regrette un député MoDem.

« Co-responsabilité » ou cohabitation ?

Sa nomination a été mouvementée. Emmanuel Macron, qui souhaitait garder la main et nommer Sébastien Lecornu, reçoit François Bayrou à l’Élysée. Quelques heures plus tard, le Béarnais est annoncé comme Premier ministre. “C’était dur, humiliant pour le président, violent”rapporte cette source proche d’Emmanuel Macron.

“Vous êtes président de la République, vous êtes confronté à cette multiplicité de crises.” « Vous n’avez pas le droit de réfléchir à qui vous allez mettre à Matignon, et donc d’hésiter entre plusieurs hypothèses ? », a évacué François Bayrou jeudi 2, qui ne l’a pas interrogé sur son escapade paloise.

Et pour insister au passage sur l’une de ces crises, la “gilets jaunes”, « la plus révélatrice de ces dernières décennies » aux yeux de ceux qui entendent incarner « la réconciliation entre la base et le sommet ».

What relations between Élysée and Matignon? There « coresponsabilité »un concept forgé par les Béarnais ? Ou une forme de cohabitation ?

« Macron est un Premier ministre exceptionnel, il connaît les enjeux mieux que quiconque. Nous avons un président qui a joué le rôle de Premier ministre pendant sept ans. Et nous avons un Premier ministre qui jouera le président », prédit un parlementaire centriste.

Installé depuis une semaine rue de Varenne, « il s’est entouré d’un entourage en qui il a confiance », observe un élu. Son chef de cabinet, Nicolas Pernotétait à ses côtés au ministère de l’Éducation nationale en 1995. Son directeur de cabinet Pierre-Emmanuel Portheret avait la même fonction à l’époque de l’UDF.

« Depuis deux ans et demi »

Lors d’un premier contact compliqué avec l’Assemblée, le Premier ministre a dû justifier son déplacement à Pau sans dévoiler son programme. Et commet une erreur en semblant placer Mayotte hors du « territoire national » – il se rattrapera le soir France 2. « Ses discours sont très approximatifs et très vagues », s’inquiète un conseiller ministériel.

Citant volontiers le discours de Bayeux de De Gaulle en 1946, François Bayrou ne veut pas négocier avec les partiss. Il reçoit tour à tour les dirigeants parlementaires. Pour enfin convoquer tout le monde jeudi à Matignon.

Parviendra-t-il à former son gouvernement de personnalités des deux bords, prôné depuis des décennies et promis « avant Noël » ? La participation de la droite ne semble pas remise en question. La gauche, en revanche, s’est déjà levée. « Reprendre sans suspendre » la réforme des retraites est jugé insuffisant.

François Bayrou « ne passera pas l’hiver »prédit Jean-Luc Mélenchon. La censure dépend néanmoins du Rassemblement national. Mais Marine Le Pen est sortie lundi de Matignon plutôt satisfaite. Le leader d’extrême droite et François Bayrou ont au moins un objectif commun : la représentation proportionnelle.

A l’un de ses interlocuteurs, qui lui expliquait qu’il devait tenir jusqu’à l’été, François Bayrou a répondu : “Je suis là depuis deux ans et demi”. Avant de prévenir qu’en cas de panne, “c’est la dernière station avant la falaise”.

Avec l’AFP.

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