L’ONU a appelé mercredi à des “élections libres et équitables” en Syrie après la période de transition ouverte par la chute de Bachar al-Assad et a plaidé pour l’envoi rapide d’une aide humanitaire massive au pays, dévasté par plus de 13 ans de guerre civile.
« Nous devons soutenir le peuple syrien et saisir ce moment d’espoir. Et si nous ne le faisons pas rapidement, je crains que cette fenêtre ne se ferme”, a déclaré le chef du Bureau de l’ONU pour la coordination des affaires humanitaires (Ocha), Tom Fletcher, dans un entretien téléphonique avec l’AFP.
Une coalition dominée par les islamistes radicaux du groupe Hayat Tahrir al-Sham (HTS) a pris le pouvoir le 8 décembre en Syrie, mettant fin à la guerre civile déclenchée en 2011 par la répression des manifestations pro-démocratie qui avait duré six mois. -millions de morts et poussé six millions de Syriens à l’exil.
« Je souhaite augmenter massivement l’aide internationale, mais elle dépend désormais des donateurs. Le fonds pour la Syrie a toujours été honteusement sous-financé, et cette opportunité se présente désormais », a déclaré Tom Fletcher.
La Syrie reste soumise aux sanctions internationales dont le chef du HTS, Abou Mohammad al-Jolani, désormais de son vrai nom, Ahmad al-Chareh, a demandé la levée.
Le nouveau pouvoir a mis en place un gouvernement de transition jusqu’au 1er mars et s’emploie à rassurer les capitales étrangères sur sa capacité à pacifier le pays.
Le chef militaire du HTS, Mourhaf Abou Qasra, connu sous son nom de guerre d’Abou Hassan al-Hamwi, a annoncé mardi à l’AFP que “la prochaine étape” serait la dissolution des factions armées pour les fusionner au sein de la future armée.
Il a invité l’ONU, les Etats-Unis et les pays européens concernés à retirer HTS, de la branche syrienne d’Al-Qaïda mais qui affirme avoir rompu avec le djihadisme, de leurs listes d’organisations terroristes.
– “Beaucoup d’espoir” –
“Je pense (…) qu’il y a beaucoup d’espoir, qu’aujourd’hui nous assistons aux débuts de la nouvelle Syrie”, a déclaré mercredi à Damas l’envoyé spécial de l’ONU pour la Syrie, Geir Pedersen. .
“Une nouvelle Syrie (…) qui adoptera une nouvelle Constitution garantissant un nouveau contrat social pour tous les Syriens et qui organisera des élections justes et libres” après la période de transition, a-t-il ajouté.
Plusieurs missions diplomatiques ont rencontré les nouveaux dirigeants cette semaine, soulignant la nécessité de respecter les droits de tous les Syriens dans un pays multiethnique et multiconfessionnel.
Pour les capitales étrangères, l’enjeu est notamment d’empêcher une résurgence du groupe jihadiste État islamique, jamais totalement éradiqué en Syrie.
M. Pedersen a reconnu qu’il y avait « une stabilité à Damas », mais que « des défis persistent dans d’autres régions », notamment dans le nord-est, où la communauté kurde longtemps opprimée craint depuis la chute de Bachar al-Assad de perdre le pouvoir. une autonomie limitée qu’il a acquise au prix d’une dure lutte.
Dans cette région également, des combats opposent les forces kurdes aux groupes soutenus par la Turquie.
Malgré l’annonce mercredi par Washington de la prolongation d’une trêve entre ces groupes, 21 combattants pro-turcs ont été tués mercredi après avoir attaqué une position kurde dans le secteur de Manbij, selon l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH). ).
La Turquie estime que les Forces démocratiques syriennes (FDS), soutenues par les États-Unis, qui contrôlent les zones semi-autonomes du nord-est, sont une émanation de son ennemi juré, le Parti séparatiste des travailleurs du Kurdistan (PKK). .
Acteur majeur en Syrie pendant la guerre civile, la Turquie soutient la nouvelle puissance. Son ministre des Affaires étrangères, Hakan Fidan, a toutefois affirmé mercredi que la victoire des rebelles “n’est pas une prise de pouvoir par Ankara”.
Il a ainsi rejeté les propos du président élu américain Donald Trump, qui a qualifié cette victoire de « prise de pouvoir hostile » d’Ankara.
– Premier vol vers Alep –
Signe d’un certain retour à la normale, un vol commercial a décollé mercredi de l’aéroport de Damas pour la première fois depuis le 8 décembre, à destination d’Alep, la grande ville du nord du pays.
L’aéroport, où devraient reprendre les vols internationaux à partir du 24 décembre, était à l’arrêt depuis que l’ancien président Bachar al-Assad avait décollé le 8 décembre face à l’avancée de l’offensive rebelle lancée depuis le nord, avant d’atteindre Moscou.
Mercredi matin, des centaines d’hommes en civil attendaient dans la ville portuaire de Lattaquié devant un centre ouvert par les nouvelles autorités pour enregistrer les anciens soldats et policiers, à qui on avait promis une « amnistie » s’ils n’étaient pas « auteurs de crimes ». ou la torture ».
« Je suis venu régulariser ma situation. Pour ma sécurité d’abord et pour pouvoir me déplacer”, a expliqué à l’AFP Zein, un militaire de 33 ans qui doit “revenir dans deux jours” pour obtenir un laissez-passer de trois jours. mois.
D’autres Syriens continuent de rechercher leurs proches victimes des services de sécurité de l’ancien pouvoir, emprisonnés ou portés disparus.
Les Casques blancs ont annoncé mercredi la découverte de corps et d’ossements dans un entrepôt de la banlieue de Damas, où ces découvertes se multiplient.
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