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Nicolas Sarkozy définitivement condamné à un an sous bracelet électronique dans l’affaire Bismuth – Libération

Il sera un bon voisin avec sa montre de luxe. C’est un bracelet électronique que Nicolas Sarkozy, 69 ans, devra bientôt porter pendant un an, après avoir épuisé tous les recours suspensifs possibles. Ce mercredi 18 décembre, la Cour de cassation a confirmé définitivement sa condamnation à trois ans de prison, dont un pour corruption et trafic d’influence, dans l’affaire dite du Bismuth. La cour d’appel de Paris, dans sa bienveillance, a proclamé en mai 2023 que « la partie ferme sera aménagée sous surveillance électronique de la maison »après avoir tenu des propos durs à l’égard de Nicolas Sarkozy, soulignant “des arrangements cachés destinés à profiter à des intérêts privés, d’autant plus graves qu’ils ont été commis par un ancien président de la République, garant de l’indépendance de la justice, qui avait le devoir de se comporter en citoyen parfaitement respectable”.

Affaire la plus pittoresque

Et cerise sur le gâteau, trois ans de privation des droits civiques, donc de se présenter aux élections, s’il en avait envie. Et même revêtir la robe d’avocat à la barre d’un tribunal, c’est son métier d’origine, qu’il a repris depuis, se contentant de délivrer des conseils plus ou moins précieux. Une sanction inédite pour un ancien président de la République. Nicolas Sarkozy devrait être convoqué – en principe dans un délai de moins d’un mois – devant un juge de l’application des peines (JAP), qui déterminera les modalités de son bracelet, qui lui sera remis ultérieurement. En pratique, son installation l’obligera à rester chez lui à certaines heures de la journée, généralement la nuit : adieu les conférences à l’étranger généreusement payées et les dîners en ville.

Ce n’est pas la pire affaire visant l’ancien locataire de l’Elysée, mais la plus pittoresque, d’autant qu’elle se déroule au confluent d’autres enquêtes criminelles. En 2014, se sachant mis sur écoute dans l’affaire libyenne (dont le procès pénal s’ouvrira le 6 janvier 2025, sur trois mois), Nicolas Sarkozy et son avocat Thierry Herzog mettent en place une ligne dédiée sous un nom d’emprunt, le désormais célèbre Paul Bismuth. Ils parlèrent alors très librement de l’affaire Bettencourt : le premier venait certes d’obtenir un non-lieu pour abus de faiblesse de l’héritière milliardaire de L’Oréal, mais il était surtout soucieux d’obtenir de la Cour de cassation la restitution des ses cahiers et agendas présidentiels. Le second lui promet alors l’intervention d’un haut magistrat, Gilbert Azibert. Pour le prix de ses prestations : “booster” en vue d’obtenir sa nomination à un poste aussi honorifique que bien rémunéré dans la haute magistrature monégasque.

Et maintenant, l’affaire Bygmalion

Il n’y aura pas d’action, Nicolas Sarkozy obtenant enfin le retour de ses agendas par la voie normale et Gilbert Azibert ne partira pas en retraite anticipée à Monaco. Mais en matière de corruption, l’intention seule suffit à caractériser le crime. D’où sa conviction. En cassation, la défense a une nouvelle fois fait valoir l’illégalité des écoutes téléphoniques entre un avocat et son client. Emmanuel Piwnica, l’avocat de Thierry Herzog, a critiqué à l’audience une procédure qui « n’aurait jamais dû voir le jour »en parlant d’un dossier où « on ne compte plus les illégalités commises, les violations, les atteintes aux droits fondamentaux ». Mais les sombres tractations sur la ligne Bismuth entrent-elles dans cette catégorie du secret professionnel ? La plus haute juridiction française a répondu non : « Il ne résulte pas de la jurisprudence de la Cour européenne des droits de l’homme que les propos échangés entre eux sur une ligne téléphonique mise sur écoute soient interdits d’être utilisés à l’encontre du client d’un avocat si ces propos révèlent des indices susceptibles de faire naître une présomption d’intégrité de l’avocat. participation à une infraction pénale. » Fin du match et indignation de principe.

Sauf que Nicolas Sarkozy ne compte pas lâcher prise, avec un recours à la CEDH, mais qui n’est pas suspensif. Sur X (ex-Tweeter), il s’est dit « Victime depuis douze ans de harcèlement judiciaire pour un soi-disant pacte de corruption sans aucune indemnisation. » Son avocat, Patrick Spinosi, justifie cette ultime escarmouche procédurale pour « obtenir les droits que les juges français lui ont refusés. » Au sein des sarkozie à la dignité outragée, Thierry Saussez, autrefois et clairement communicant depuis sa sphère d’influence, a clamé sur BFMTV : « C’est un triste jour, une tache pour la justice française, mais la vérité finira par triompher. »

Mais Nicolas Sarkozy n’en a peut-être pas fini avec les bracelets électroniques, car un deuxième pend à son poignet ou plus sûrement à sa cheville (son point de localisation le plus souvent utilisé) : dans l’affaire Bygmalion, soit le financement illégal de sa campagne présidentielle de 2012 (42,8 millions d’euros dépensés, soit le double du plafond autorisé de 22,5), la cour d’appel a confirmé en février 2023 sa peine à un an de prison, la moitié avec sursis, la partie ferme étant transformable sous télésurveillance. Mais là encore, un recours est en cours devant la Cour suprême, une décision à venir en 2025, retardant cette nouvelle échéance, peut-être fatale.

 
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