Alors que l’inflation devrait poursuivre sa tendance baissière, clôturant l’année aux alentours de 1%, la croissance de l’économie nationale serait en baisse par rapport à l’année précédente, prévoit Bank Al Maghrib.
Le Conseil d’administration de Bank Al-Maghrib (BAM) a tenu, le 17 décembre, sa quatrième réunion trimestrielle au titre de l’année 2024, au cours de laquelle il a examiné les principales évolutions de la situation économique internationale et nationale.
Ainsi, le Conseil a noté que l’économie mondiale continue de faire preuve, dans l’ensemble, de résilience, malgré un niveau élevé d’incertitudes. ” Celles-ci sont principalement liées aux conflits et tensions géopolitiques, ainsi qu’aux mesures annoncées par la nouvelle administration américaine et aux conséquences de leur mise en œuvre. », indique la banque centrale dans un communiqué.
Un taux de croissance de 5,7% en 2025
Concernant l’économie nationale, BAM s’attend à une décélération de la croissance, qui devrait se limiter à 2,6% cette année, contre 3,4% l’an dernier. Ce ralentissement, explique la même source, serait le résultat d’une quasi-stabilité de la croissance non agricole autour de 3,5% en 2024 et d’une baisse de 4,6% de la valeur ajoutée agricole, en raison des conditions climatiques. défavorable.
Au cours de l’année prochaine, les activités non agricoles devraient s’améliorer, avec une hausse de 3,6% de la valeur ajoutée en 2025, puis de 3,9% en 2026. De son côté, la valeur ajoutée agricole devrait enregistrer une amélioration de 5,7% en 2025 et de 3,6% en 2026. BAM fonde ces prévisions sur l’hypothèse de récoltes céréalières de 50 millions de quintaux équivalent à la moyenne des 5 dernières années.
Ainsi, la croissance de l’économie nationale s’accélérerait au cours des deux prochaines années pour atteindre 3,9%, prédit l’institution dirigée par Abdellatif Jouahri.
Inflation à 1% fin 2024
En baisse depuis plusieurs trimestres, après des pics en 2022 et 2023, l’inflation devrait poursuivre sa baisse. Bank Al Maghrib s’attend ainsi à un taux d’inflation moyen de l’ordre de 1% à fin 2024, contre 6,1% l’an dernier. Au cours des deux prochaines années, l’inflation devrait rester modérée à moyen terme, atteignant 2,4% en 2025 et 1,8% en 2026, selon les projections de BAM.
Concernant la composante sous-jacente de l’inflation, qui reflète l’évolution fondamentale des prix, elle devrait poursuivre sa décélération, passant de 5,6% en 2023 à 2,1% cette année, puis à 2% en 2025 et 1,8% en 2026, ajoute le même source.
Les prix des produits alimentaires aux prix volatils diminueraient de 2,8% en 2024 après une hausse cumulée de plus de 30% au cours des deux années précédentes, puis augmenteraient de 1,9% en 2025 avant de se stabiliser en 2026. De leur côté, les prix des carburants et les lubrifiants afficheraient une baisse de 2,8% au lieu de -0,3%, tendance qui se poursuivrait à moyen terme. En revanche, après une hausse de 1,2% en 2024, les tarifs réglementés connaîtraient des hausses de 4,1% en 2025 et de 3,3% en 2026, tenant essentiellement compte de la poursuite du processus progressif de décompensation du gaz butane. , détaille la banque centrale.
La situation du marché du travail en « relatif ” amélioration
« Après un long moment, nous avons de bonnes nouvelles », a commenté le gouverneur de BAM, faisant référence aux derniers chiffres de l’emploi faisant état de la création de 213.000 nouveaux postes entre le troisième trimestre 2023 et le même trimestre 2024, après une perte de 297.000 un an plus tôt.
En effet, à l’exception de l’agriculture qui a subi une nouvelle perte de 124.000 emplois, les autres secteurs ont enregistré des créations s’élevant à 258.000 postes dans les services, 57.000 dans la construction et 23.000 dans l’industrie y compris l’artisanat, rappelle BAM.
Durant la même période, le taux d’activité a augmenté au troisième trimestre de 0,4 point à 43,6%, avec l’entrée de 271.000 demandeurs d’emploi. En revanche, le taux de chômage a « légèrement augmenté » pour s’établir à 13,6% au niveau national, variant de 7,4% dans les campagnes à 17% dans les villes, avec un pic à 50,3% chez les jeunes urbains âgés de 15 à 24 ans, note la même source.
Rétrécissement du déficit du compte courant
Les exportations marocaines devraient poursuivre leur croissance, marquant une accélération de 5,5% cette année à 8,9% en 2026. Cette amélioration refléterait essentiellement la poursuite de la dynamique des ventes dans le secteur automobile qui devraient atteindre 200 milliards de dirhams (MMDH) en 2026 et la reprise de ceux du phosphate et dérivés qui avoisineraient les 100 milliards de dirhams.
Par ailleurs, les recettes voyages devraient maintenir leur bonne tenue, clôturant l’année sur une hausse de 9,1%. Cette hausse se poursuivrait jusqu’en 2026 pour atteindre 128 milliards de dirhams en 2026. De même, 2024 sera également marquée par une hausse des transferts des MRE à 4,3%. Au cours des deux prochaines années, cette évolution se poursuivrait à un rythme annuel compris entre 3% et 3,5% pour atteindre environ 128 milliards de dirhams en 2026.
A leur tour, les importations connaîtraient une augmentation de 4,6% en 2024, puis de 7,9% en 2025 et de 6% en 2026. Cette évolution serait la conséquence» notamment l’augmentation attendue des acquisitions de biens d’équipement liées à la mise en œuvre de nombreux projets d’infrastructures « . Parallèlement, la baisse des prix internationaux du pétrole entraînerait une baisse de la facture énergétique, qui devrait baisser de 6,9% cette année, se stabiliser en 2025 et baisser de 4,1% en 2026 à près de 110 milliards de dirhams.
Ainsi, selon les prévisions de BAM, le déficit du compte courant resterait contenu, s’établissant à l’équivalent de 1% du PIB en 2024 et en dessous de 2% du PIB au cours des deux prochaines années.
Au niveau du compte financier, les recettes des investissements directs étrangers s’amélioreraient, passant de l’équivalent de 2,7% du PIB en 2024 à 3,3% en 2026. Au total, et compte tenu des financements extérieurs prévus du Trésor, les avoirs de réserves officielles de Bank Al-Maghrib se renforceraient progressivement pour s’établir à 400,2 milliards de dirhams à fin 2026, soit près de 5 mois et 8 jours d’importations. de biens et services », indique la banque centrale.
Augmentation du besoin de liquidité bancaire
En termes de conditions monétaires, le besoin de liquidité bancaire, tiré principalement par l’expansion de la monnaie fiduciaire, continuerait de croître pour atteindre 192,3 milliards de dirhams en 2026. Compte tenu de l’évolution attendue de l’activité économique et des attentes du système bancaire, le taux de croissance du crédit au secteur non financier devrait progressivement s’accélérer, passant de 3,8% en 2024 à 5,5% en 2026, rapporte BAM.
Le taux de change effectif devrait poursuivre sa légère appréciation en termes réels avec un taux de 0,5% en 2024 et 0,3% en 2025, principalement en raison de l’appréciation de sa valeur en termes nominaux, avant une baisse de 0,6% en 2026.
Au niveau des finances publiques, l’exécution budgétaire pour les dix premiers mois de 2024 fait apparaître une amélioration de 13,6% des recettes ordinaires, tirée notamment par la performance notable des recettes fiscales. Dans le même -, les dépenses globales ont augmenté de 7,4%, reflétant notamment la hausse des dépenses en biens et services et en investissements.
Au vu de ces acquis, des données de la Loi de Finances 2025 et de la programmation budgétaire triennale 2025-2027, ainsi que des nouvelles projections macroéconomiques de Bank Al-Maghrib, le déficit budgétaire, hors produit de la cession des participations de l’Etat, devrait être à 4,5% du PIB en 2024, avant de diminuer progressivement jusqu’à 4,2% du PIB en 2025, puis à 3,9% en 2026, ajoute la même source.
Lors de cette réunion, le conseil d’administration de BAM a décidé d’abaisser le taux directeur de 25 points de base à 2,50%.
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