(Mississauga) Face au « chaos » sur la Colline parlementaire à Ottawa, les premiers ministres des provinces et territoires ont voulu présenter un front uni à l’issue de leur rencontre lundi. Même si aucun d’entre eux n’a publiquement désavoué le premier ministre Justin Trudeau, ils ont tous évité de dire qu’ils lui faisaient toujours confiance pour gérer la menace des tarifs douaniers américains.
Publié à 10h57
Mis à jour à 15h59
«Ce que nous avons convenu, c’est que ce n’est pas à nous de décider de ce qui se passe à Ottawa», a répondu le premier ministre du Québec, François Legault, lors de la conférence de presse de clôture. “Cela dépend des députés qui sont à la Chambre des communes et nous travaillerons avec l’équipe qui est en place.”
« En tant que pays, nous devons projeter une image de force et d’unité », a déclaré le premier ministre de l’Ontario, Doug Ford. Il a présidé la réunion des premiers ministres provinciaux et territoriaux qui a eu lieu dans la région du Grand Toronto. Ils s’inquiètent des conséquences économiques dévastatrices d’une éventuelle guerre commerciale avec les États-Unis.
«C’est le chaos en ce moment à Ottawa», a-t-il poursuivi, reprenant les propos d’un journaliste. Et il est - de faire ce que nous, premiers ministres, faisons chaque jour : veiller à dire au monde qu’il y a de la stabilité ici, qu’il y a de la certitude au Canada et que c’est un endroit idéal pour investir, que ce soit dans les provinces ou les territoires. »
Le départ de la ministre fédérale des Finances et vice-première ministre Chrystia Freeland en début de journée a fait l’effet d’un électrochoc. Elle a quitté le Cabinet lundi matin à la suite d’un désaccord sur la meilleure voie à suivre face à la menace d’une guerre commerciale avec les États-Unis. Le président élu Donald Trump a menacé d’imposer des droits de douane de 25 % sur les produits canadiens.
Sa démission intervient le jour où elle devait présenter les détails du plan d’un milliard de dollars visant à sécuriser la frontière dans le cadre de sa mise à jour économique de l’automne en réponse au mécontentement de M. Trump concernant le trafic de fentanyl et les immigrants illégaux à la frontière canado-américaine.
Les premiers ministres ont eu l’occasion d’échanger quelques mots avec elle plus tard lorsqu’elle a téléphoné à M. Ford lors de la séance du Conseil de la fédération.
«Je veux juste la remercier pour ses années de service», a-t-il déclaré.
M. Ford et Mmoi Freeland, dont la circonscription d’University—Rosedale est située à Toronto, entretient de bonnes relations au fil des ans malgré leurs divergences politiques. “C’est mon thérapeute”, a même déclaré Mmoi Freeland dans une interview avec Étoile de Toronto en avril 2020, au plus fort de la pandémie de COVID-19.
Flexibilité fiscale
Les premiers ministres provinciaux et territoriaux ont tous évité de commenter la nécessité d’élections fédérales précipitées à la suite de cette démission surprise. Dans sa lettre de démission, M.moi Freeland écrit que le gouvernement doit « travailler de bonne foi et avec humilité avec les premiers ministres provinciaux et territoriaux » et « bâtir une véritable réponse d’Équipe Canada ».
« Nous devons prendre cette menace au sérieux », dit-elle. Nous devons préserver notre capacité budgétaire aujourd’hui, afin de pouvoir disposer des réserves dont nous pourrions avoir besoin en cas de guerre tarifaire. »
Ottawa aurait-il dû faire preuve de rigueur budgétaire pour conserver une certaine marge de manœuvre financière pour faire face à ces tarifs douaniers au lieu de faire gonfler le déficit de plusieurs milliards de dollars supplémentaires ?
«Il y a toutes sortes de façons de stimuler l’économie, les infrastructures, c’est une demande qu’on fait depuis longtemps au gouvernement fédéral», a répondu François Legault, se gardant de commenter directement Mme.moi Freeland. « Je pense qu’il est - maintenant, compte tenu des risques qui pèsent sur nos têtes, d’investir dans les infrastructures. »
Oui, a déclaré la première ministre du Nouveau-Brunswick, Susan Holt, qui comprend Mme.moi Freeland. « Nous ne savons pas ce qui se passera dans les mois à venir, mais nous avons besoin de tous les outils possibles pour défendre les intérêts des Canadiens contre ces tarifs. Il est donc très important d’avoir une flexibilité fiscale. »
Pour l’instant, les premiers ministres des provinces et des territoires croient toujours qu’il est possible d’éviter ces droits de douane de 25 %. Ils ont présenté un front uni malgré leurs divergences la semaine dernière sur la manière d’aborder les tarifs.
Le premier ministre Ford avait suggéré de couper complètement l’exportation d’électricité vers les États-Unis, ce à quoi se sont opposés François Legault, Andrew Furey et Danielle Smith, respectivement premiers ministres du Québec, de Terre-Neuve-et-Labrador et de l’Alberta.
Avec Vincent Larin, La presse
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