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Ramenez ce qui a déjà bien fonctionné

Il y a peu de signes plus révélateurs, pour un homme politique qui est plus proche de la fin que du début de sa carrière, que de le voir essayer une dernière fois ce qui lui a déjà bien servi.

C’est ce qu’on a vu la semaine dernière lorsque François Legault a sorti de son chapeau une « crise religieuse » provoquée par des islamistes priant dans la rue et qu’il combattra avec la disposition dérogatoire, devenue le symbole obligé du nationalisme québécois qui protège la nation. .

Protéger la nation, il le fera aussi contre Donald Trump, ses droits de douane et son protectionnisme qui menacent notre économie. Les négociations commerciales internationales relèvent davantage du gouvernement fédéral, mais cela n’a pas d’importance, puisque M. Legault peut montrer sa photo serrant la main du président élu des États-Unis.

Les deux problèmes ne se situent évidemment pas sur le même pied. La prière dans la rue que nous avons vue à Montréal était essentiellement liée aux manifestations pour dénoncer l’intervention militaire israélienne dans la bande de Gaza. A l’heure de la prière, certains manifestants ont effectivement prié dans la rue, mais il ne s’agit pas d’un phénomène significatif ni généralisé. Rien ne menace d’utiliser la clause dérogatoire à moins que cela ne fasse partie d’une stratégie électorale.

En effet, et plusieurs collègues l’ont déjà souligné, les catholiques sont les premiers à emprunter la voie publique pour les processions de la Fête-Dieu (le diocèse de Montréal en organise encore une chaque année) ou la marche du pardon du vendredi. saint.

Ce qui est le plus triste dans le retour de ce discours du gouvernement de la Coalition Avenir Québec, c’est que la laïcité, au lieu de devenir une valeur d’unité, aboutit toujours à des interdits et devient donc un facteur d’exclusion.

Mais ce n’est pas tout. Une fois à Paris pour la réouverture de la cathédrale Notre-Dame, M. Legault a compliqué le discours du gouvernement en affirmant que les Québécois ne devraient jamais oublier leurs traditions catholiques. Un appel à la fierté qui ne touche que la majorité.

D’ailleurs, en matière de patrimoine, il semble que les priorités du gouvernement du Québec soient ailleurs, puisqu’il soutiendra un nombre moindre d’initiatives de restauration du patrimoine religieux cette année, soit 37 projets de moins qu’en 2023-2024, selon le Conseil du patrimoine religieux du Québec.

Ce que l’on peut conclure, c’est qu’une fois de plus, la laïcité du Premier ministre est à géométrie très variable. Les catholiques devraient être fiers, les autres religions constituent un problème suffisamment grave pour suspendre les droits constitutionnels. Ce n’est pas la première fois que nous le remarquons.

Ce qui nous amène au gouvernement Legault qui veut protéger les Québécois contre Donald Trump. Il est vrai que même si M. Trump ne prêtera serment que dans 40 jours, il se comporte déjà comme s’il était le président des États-Unis, comme le montre l’annonce d’une guerre tarifaire contre ses trois principaux partenaires commerciaux : la Chine. , Canada et Mexique.

La guerre se limite pour l’instant aux symboles, mais ils servent à renforcer l’idée qu’il existe un partenaire plus grand que les autres.

Quand M. Trump parle d’un 51e L’état de l’Union et lorsqu’il parle du « gouverneur Trudeau », il ne fait qu’intensifier sa stratégie d’intimidation. M. Legault a effectivement eu une dizaine de minutes avec le président, mais la bonne nouvelle, c’est qu’il ne lui a pas (encore ?) trouvé de surnom désobligeant.

La plupart des négociations commerciales se dérouleront en l’absence du Québec, qui sera informé plutôt que consulté sur la position que compte prendre la partie canadienne. M. Legault fera partie d’Équipe Canada, mais il n’en sera ni le négociateur ni le chef.

Cela dit, une guerre commerciale avec les États-Unis aurait plus de répercussions sur le Québec que quelques prières sur la voie publique. Il n’est pas surprenant que s’il y a un sujet sur lequel les Québécois souhaitent voir leur premier ministre agir, c’est bien celui-là.

Même avant l’élection de M. Trump, on savait qu’au Québec, tout n’est pas rose et que les mauvaises nouvelles s’accumulent, de Northvolt au déficit budgétaire record.

Mais tout cela devient très relatif quand on le compare à la possibilité d’une guerre tarifaire avec notre puissant voisin du Sud, avec un président aussi imprévisible qu’intransigeant.

Que M. Legault ait tendance à parler d’une dérogation constitutionnelle pour empêcher les prières dans les rues plutôt que d’économie est une preuve d’impuissance. Dans les négociations économiques avec Donald Trump, le premier ministre ne pourra pas beaucoup « protéger les Québécois », même s’il le veut, puisqu’il sera loin d’être le maître du jeu.

Dans les circonstances, on ne sera pas surpris qu’il veuille ramener un sujet qui l’avait déjà rendu très populaire au début de son mandat. Même si c’est loin d’être une priorité.

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