Le président sud-coréen Yoon Suk Yeol a proclamé mardi la loi martiale, une décision immédiatement contestée par un vote à l’Assemblée nationale, où l’opposition est majoritaire et devant laquelle les manifestants se sont rassemblés à son appel.
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3 décembre 2024 – 19h07
(Keystone-ATS) L’armée a toutefois prévenu qu’elle appliquerait la loi martiale jusqu’à ce qu’elle soit levée par le président.
“Pour protéger la Corée du Sud libérale des menaces posées par les forces communistes nord-coréennes et éliminer les éléments hostiles à l’Etat (…), je déclare la loi martiale”, a déclaré le président en direct dans une allocution télévisée surprise.
La loi martiale n’a pas été imposée en Corée du Sud depuis le début du processus de démocratisation à la fin des années 1980.
“Sans se soucier des moyens de subsistance du peuple, le parti d’opposition a paralysé le gouvernement (…) pour protéger son chef des poursuites judiciaires”, a accusé le président.
Toutes les activités politiques ont été interdites et les médias sont placés sous la surveillance du gouvernement, a déclaré le chef de l’armée Park An-su dans un communiqué. Des hélicoptères ont atterri sur le toit du Parlement à Séoul, selon des images diffusées en direct par les chaînes de télévision.
Le chef de l’opposition sud-coréenne Lee Jae-myung a qualifié la loi martiale d’« illégale » et a appelé la population à se rassembler devant le Parlement pour protester.
“L’imposition illégale de la loi martiale par le président Yoon Suk Yeol est invalide”, a déclaré M. Lee, qui a perdu de peu contre Yoon aux élections de 2022. « Venez maintenant à l’Assemblée nationale. J’y vais aussi », a-t-il ajouté.
“Ouvrez la porte!” »
Des centaines de personnes ont répondu à son appel et se sont rassemblées au Parlement dès 1 heure du matin (17 heures en Suisse) en scandant « Stop Yoon Suk Yeol ».
« Au début, je pensais que c’était de fausses informations, je ne pouvais pas croire à la loi martiale. Après, j’ai décidé de venir ici pour protéger la démocratie, non seulement pour nous mais aussi pour nos enfants”, a déclaré Lee Jin-hwa, 48 ans, à l’AFP dans la foule.
Quelque 190 députés ont réussi à pénétrer dans l’Assemblée, après avoir été brièvement empêchés par des militaires qui ont fini par quitter les lieux. Ils ont voté à l’unanimité en faveur d’une motion bloquant l’application de la loi martiale et réclamant sa levée.
“Sur les 190 députés présents, 190 se sont prononcés en faveur de la résolution appelant à la levée de la loi martiale, qui est donc adoptée”, a déclaré le président de l’Assemblée nationale, Woo Won-shik.
“L’armée appliquera la loi martiale jusqu’à ce qu’elle soit levée par le président”, a immédiatement réagi l’état-major selon les médias locaux.
Les États-Unis et le Royaume-Uni ont exprimé leur inquiétude, tandis que la Chine a appelé ses concitoyens sud-coréens à la « prudence ».
“Nous observons avec une grande inquiétude les récents développements” en Corée du Sud, a déclaré Kurt Campbell, secrétaire d’Etat adjoint américain. « Nous espérons et espérons que les différends politiques seront résolus de manière pacifique et dans le respect de l’État de droit. »
Le Parti du pouvoir populaire de M. Yoon continue de se battre avec le principal parti d’opposition, le Parti démocrate, sur le projet de budget de l’année prochaine.
« Refuge criminel »
Les députés de l’opposition ont approuvé la semaine dernière un programme budgétaire considérablement réduit par l’intermédiaire d’une commission.
“Notre Assemblée nationale est devenue un refuge pour les criminels, un repaire de dictature législative qui cherche à paralyser les systèmes administratif et judiciaire et à renverser notre ordre démocratique libéral”, a déclaré M. Yoon pour justifier l’instauration de la loi martiale.
Il a accusé les élus de l’opposition de couper « tous les budgets essentiels aux fonctions premières de la nation que sont la lutte contre la criminalité liée à la drogue et le maintien de la sécurité publique (…) transformant le pays en un paradis de la drogue et en un lieu de chaos pour la sécurité publique.
M. Yoon a ensuite qualifié l’opposition, qui détient la majorité au Parlement, de « forces hostiles à l’État ayant l’intention de renverser le régime ».
“Je rétablirai la normalité dans le pays en me débarrassant au plus vite de ces forces hostiles à l’Etat”, a ajouté le président sud-coréen, dont la cote était en chute libre dans les sondages.
La loi martiale n’avait pas été imposée en Corée du Sud depuis le processus de démocratisation entamé à la fin des années 1980, y compris dans des périodes de forte tension, comme en 2016, lorsque des millions de manifestants ont obtenu le destitution de la présidente Park Geun-Hye, sur fond d’un scandale de corruption. . Elle a été décrétée pour la dernière fois le 17 mai 1980, lors du coup d’État militaire du général Chun Doo-hwan.
Le lendemain, des centaines de milliers de personnes sont descendues dans les rues de Gwangju (Sud-Ouest), centre traditionnel de contestation, pour protester contre le coup d’État. M. Chun voulait combler le vide du pouvoir après l’assassinat du dictateur Park Chung-hee. Les manifestations ont été réprimées dans le sang. La loi martiale a été levée en janvier 1981.
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