La « fraude aux petits-fils » est devenue un véritable fléau dans la région de Québec, comme en témoigne un citoyen de Portneuf qui a failli remettre 3 500 $ à un prétendu avocat après avoir reçu un appel de « son garçon » en larmes.
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En août dernier, Sylvain Genest a reçu un appel d’une personne qui se faisait passer pour son fils et qui disait se trouver au poste de police après avoir heurté une femme dans une voiture.
« Il avait le même ton de voix, les mêmes expressions. Je ne sais pas comment ils ont fait, mais j’aurais juré que c’était mon homme», raconte l’homme de 74 ans qui habite Saint-Casimir, à Portneuf.
Un individu prétendant être son avocat a alors contacté le septuagénaire et lui a demandé de verser « une caution » de 3 500 $ en espèces, qu’un « agent de recouvrement » viendrait récupérer.
Si plusieurs éléments évoqués par les fraudeurs ont allumé un signal d’alarme dans la tête de M. Genest, c’est lorsqu’ils lui ont dit de « trouver quelque chose de crédible » pour retirer son argent de la banque qu’il a eu un déclic. .
Il a ensuite contacté l’entreprise où travaille son fils pour s’assurer qu’il allait bien, avant de signaler la situation à la police.
M. Genest prétend que le fraudeur a utilisé des expressions très semblables à celles de son fils.
Photo de Jérémy Bernier
Une délinquance « structurée »
« Les gens pensent qu’ils ne seront jamais dupes, mais ils vous tiennent par leurs sentiments. On n’a pas le temps de réfléchir», affirme le septuagénaire.
La situation rapportée par M. Genest ne surprend pas le lieutenant-détective de l’unité des fraudes et produits de la criminalité du Service de police de Québec (SPVQ), Gillo Brière. En fait, c’est exactement le mode opératoire des fraudeurs qui utilisent ce type de tromperie.
« C’est très structuré, comme le marketing de masse. Il y a un centre d’appels qui a été créé et des centaines d’appels sont passés chaque semaine à des personnes vulnérables qui étaient auparavant ciblées», explique M. Brière.
Ce type de criminalité a augmenté dans la région ces dernières années. Depuis janvier, 105 événements de ce type ont été recensés par le SPVQ, alors qu’il n’y en avait que 8 en 2020. Mais ce n’est que la pointe de l’iceberg, souligne-t-on.
Gillo Brière, lieutenant-détective à l’unité des fraudes et des produits de la criminalité du Service de police de Québec.
Photo fournie par le SPVQ
Des enquêtes complexes
En raison des technologies téléphoniques, des espèces échangées lors de ces fraudes et du fait que les suspects viennent majoritairement de l’extérieur de la région, les enquêtes liées à ces affaires sont particulièrement complexes.
« Comme un suspect est souvent impliqué dans plusieurs dossiers, nous avons un bon taux de résolution. Malheureusement, on retrouve rarement l’argent des victimes», déplore le lieutenant-détective.
C’est pourquoi il invite les citoyens à en parler avec leurs proches vulnérables et à être particulièrement prudents lorsqu’ils reçoivent un appel de quelqu’un qui fait pression pour agir rapidement.
« Posez des questions. Les fraudeurs n’ont pas le temps de mener des recherches exhaustives sur chacune de leurs victimes. Le scénario va vite s’effondrer», laisse entendre M. Brière.
Fraude du petit-fils signalée par le SPVQ
2020 : 8
2021 : 20
2022 : 51
2023 : 72
2024 : 105*
*au 28 novembre 2024
Qu’est-ce que la fraude aux petits-fils ?
→ Un faux proche de la victime l’appelle paniqué en lui disant qu’il a été arrêté
→ Une deuxième personne en position d’autorité (souvent un « avocat ») appelle alors et demande une libération sous caution pour libérer le proche en question
→ Échange téléphonique jusqu’à la remise d’une somme d’argent à un coursier de passage dans la zone
Comment détecter la fraude ?
→ Nous demandons de n’en parler à personne
→ On nous demande de trouver une fausse excuse pour retirer un montant à la banque
→ Nous vous demandons d’aller remettre l’argent à quelqu’un à l’extérieur ou à une boîte postale
→ Un sentiment d’urgence s’installe
Source : Service de police de Québec
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