La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, s’exprime devant le Parlement européen à Strasbourg, le 27 novembre 2024 (AFP / FREDERICK FLORIN)
Le Parlement européen a adoubé mercredi à Strasbourg la nouvelle équipe de la Commission européenne, qui prendra ses fonctions début décembre dans un contexte de graves turbulences économiques et géopolitiques.
L’exécutif européen a obtenu 370 voix (282 contre, 36 abstentions). Le deuxième mandat d’Ursula von der Leyen va pouvoir débuter, une cinquantaine de jours avant l’investiture de Donald Trump à la présidence des Etats-Unis. Un sentiment d’urgence a prévalu.
L’Europe n’a « pas de temps à perdre », a prévenu le président de la Commission, donnant la priorité à la compétitivité pour « combler » l’écart avec les États-Unis et la Chine.
« Notre liberté et notre souveraineté dépendent plus que jamais de notre puissance économique », a-t-elle insisté.
En matière de défense, Ursula von der Leyen a ensuite insisté sur la nécessité d’en faire davantage pour concurrencer les dépenses militaires russes, au moment où le retour de Donald Trump fait craindre un désengagement des États-Unis en Ukraine.
“Nos dépenses doivent augmenter”, a déclaré l’Allemand de 66 ans. « La Russie consacre jusqu’à 9 % de son PIB à la défense. L’Europe dépense en moyenne 1,9%. Il y a quelque chose qui ne va pas dans cette équation.
Préparer le retour de M. Trump est « le défi le plus urgent » pour l’UE, souligne Luigi Scazzieri, analyste au Centre pour la réforme européenne. Sur « deux fronts » : le commerce, avec la promesse du président élu républicain d’augmenter les droits de douane sur les produits européens, et la « sécurité », avec la guerre en Ukraine.
Malgré ces défis, le Parlement européen aura eu du mal à approuver la nouvelle Commission.
Les groupes se sont affrontés sur la vice-présidence accordée à l’Italien Raffaele Fitto (Cohésion territoriale), membre du parti d’extrême droite Fratelli d’Italia de Giorgia Meloni, tandis que la gauche réclamait le maintien d’un « cordon sanitaire ».
Von der Leyen a assumé cette vice-présidence, ce qui lui permet d’entretenir ses relations avec Mme Meloni. « C’est un choix que j’ai fait », a-t-elle souligné devant les députés.
– Kaja Kallas sur la diplomatie –
Le commissaire désigné à la Prospérité et à la Stratégie industrielle, Stéphane Séjourne, le 18 septembre 2024 à Bruxelles (POOL / JOHN THYS)
Après plusieurs jours de bras de fer, le PPE (droite), les centristes de Renew et les sociaux-démocrates ont fini par sceller un accord pour approuver tous les commissaires proposés, une première depuis vingt ans.
Parmi les nouveaux visages : l’ancienne Première ministre estonienne Kaja Kallas devient la nouvelle chef de la diplomatie européenne, le centriste français Stéphane Séjourné obtient une vice-présidence avec un large portefeuille en matière de stratégie industrielle et la socialiste espagnole Teresa Ribera sera vice-présidente pour la transition écologique et concours.
Cette nouvelle Commission penche à droite avec une quinzaine de portefeuilles, sur 27, attribués au PPE (à droite), principale force politique du Parlement.
Séance plénière au Parlement européen à Bruxelles, le 10 avril 2024 (AFP / JOHN THYS)
Le leader du PPE, Manfred Weber, n’a pas caché sa satisfaction. Il s’agit d’une Commission “très équilibrée”, a-t-il dit, évoquant une possible majorité parlementaire allant de l’ECR (extrême droite), où siègent les députés européens italiens de Giorgia Meloni, à certains Verts.
– « Besoin de stabilité » –
Au passage, le responsable allemand a une nouvelle fois balayé les accusations de la gauche sur ses ambiguïtés avec l’extrême droite.
“Il y a des lignes rouges” et aucune coopération possible avec ceux qui ne sont pas “pro-européens, pro-Ukraine et pro-Etat de droit”, a-t-il réaffirmé, en distinguant les troupes de Giorgia Meloni et les deux autres groupes d’extrême droite.
L’Italien Raffaele Fitto à Bruxelles, le 18 septembre 2024 (POOL / JOHN THYS)
A la tête des sociaux-démocrates, l’Espagnole Iratxe Garcia-Pérez a mis en avant le « besoin de stabilité » en Europe pour expliquer son soutien à la nouvelle équipe. Mais ce n’est « pas un chèque en blanc », a-t-elle déclaré en mettant en garde le PPE. “Nous n’accepterons pas de double jeu” avec l’extrême droite.
L’octroi d’une vice-présidence à Raffaele Fitto a divisé son groupe. Les socialistes français ont voté contre la nouvelle Commission. « Nous franchissons une ligne rouge. Il faudrait avoir une commission de combat, capable de défendre l’intérêt général européen, et je ne crois pas que Fratelli d’Italia soit sur cette ligne-là», a dénoncé Raphaël Glucksmann (Place publique).
Chez les Patriotes, d’extrême droite, le Français Jordan Bardella a rejeté d’emblée la nouvelle équipe, “des commissaires inconnus du grand public qui dictent le quotidien de 450 millions de citoyens”, a-t-il fustigé.
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