Le 27 septembre 2022, Guillaume Morin reçoit l’haltère au front et s’effondre immédiatement au sol, le crâne fracassé. Il a été grièvement blessé et a été rapidement transporté à l’hôpital.
La blessure a été soignée et l’état de l’homme de 43 ans s’est stabilisé. Lorsqu’il a été transféré dans une autre chambre de l’hôpital le 28 septembre, M. Morin est tombé au sol. L’événement a provoqué d’autres saignements et a conduit à une autre intervention chirurgicale d’urgence.
« Après cette chute, son état s’est très nettement dégradé. En 10 minutes, la victime est passée d’un individu éveillé et lucide à un coma profond », indique le résumé des faits déposé au tribunal.
Guillaume Morin est décédé dans les heures qui ont suivi cet automne. L’accusation n’attribue pas entièrement la mort de cet homme à l’accusé, mais estime que les blessures causées par l’haltère y ont contribué.
“M. Morin n’aurait jamais été à l’hôpital s’il n’avait pas reçu un haltère en fonte sur la tête», souligne Me Valérie Bélizaire-Joseph, qui mène le dossier du procureur de la République.
M. Morin ne connaissait pas l’accusé. Il ne lui a jamais parlé. Ce jour-là, il accompagnait son ami Hughes Gingras-Jobin pour récupérer 20 $ auprès de Patry. Lorsque les deux hommes ont haussé le ton, la victime est restée à l’écart, debout sur le parking ; où il a reçu l’haltère au visage.
Michel Patry, 62 ans, a plaidé coupable de voies de fait graves.
“Pour faire peur”
Michel Patry a affirmé avoir lancé l’haltère « pour effrayer » les deux hommes. Il a témoigné devant le tribunal lundi dans le cadre des conclusions sur la peine, deux ans après le crime.
«Quand j’ai lancé le haltèresc’était pour faire peur, je ne l’ai pas vu. J’ai visé l’arbre, je ne savais pas qu’il avait reculé aussi loin», a déclaré l’accusé.
L’homme de 62 ans possède plusieurs casiers judiciaires. Il a déjà passé 17 ans derrière les barreaux pour homicide involontaire avec arme à feu.
Le parquet estime que Michel Patry se positionne en victime et tente de minimiser son acte. Il s’est montré « agressif » et « impulsif » face à un homme qui ne représentait aucune menace, résume le procureur.
«Malgré ce que peut dire monsieur, nous n’avons d’autre choix que de conclure qu’il s’agissait d’un geste calculé et précis», note Me Bélizaire-Joseph.
Les deux hommes n’étaient pas menaçants envers Patry, ils ne montraient aucun signe de violence ; encore moins la victime, qui n’a pas dit un mot.
Pour les faits graves commis par un récidiviste, elle demande la peine maximale pour voies de fait graves, soit 14 ans. Patry démontre des remords sincères, mais n’a montré aucune preuve de conscience. Selon le procès, le risque de récidive reste élevé.
“C’était mon meilleur ami”
L’ami de la victime, Hughes Gingras-Jobin, a témoigné lundi. Il est rongé par la culpabilité depuis les événements.
«C’est une personne qui ne ferait pas de mal, c’est un gars drôle, qui aimait rire, il était paisible, réfléchi. Guillaume était un ami précieux. […] Il n’avait pas sa place dans l’équation, il ne méritait pas ça, j’aurais dû être celui à sa place. C’était mon meilleur ami, c’était mon confident. Il me manque », exprime avec difficulté le témoin.
Son témoignage a donné lieu à des échanges difficiles dans la salle d’audience. Lui et l’accusé ont échangé plusieurs regards et se sont parlé, alors que chaque témoin doit s’adresser strictement au juge lorsqu’il parle sous serment.
«Il s’en veut…», a déclaré M. Gingras-Jobin en retournant à sa place dans la salle en essuyant ses larmes.
Cinq à huit ans, suggère la défense
Me Benoît Labrecque estime plutôt que la peine appropriée pour son client est de cinq à huit ans de pénitencier. Même s’il est sensible au sort de la victime, il rappelle que Patry n’est pas directement responsable de sa mort.
Il estime qu’une peine de 14 ans de prison pour voies de fait graves est trop sévère, proche d’une tentative de meurtre ou d’homicide involontaire.
«Je veux m’excuser pour le mal que j’ai fait, je sais ce qu’est le chagrin, je sais ce que c’est de perdre une personne. Je ne peux rien faire pour revenir en arrière, si je pouvais je le ferais, j’appellerais la police au lieu de lancer l’haltère”, a souligné son client à l’issue de l’audience lundi.
Mario Patry s’est également plaint de sa vie en prison, soulignant qu’il doit faire face à de nombreux problèmes de santé.
« Là, c’est jeune, c’est rock and rollc’est violent. […] C’est l’enfer, ça crie, il n’y a rien à faire. Je fais des crises d’angoisse, je me suicide», déclare l’accusé devant le juge Pierre L. Rousseau.
Le magistrat rendra sa décision en début d’année prochaine.
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