Les supporters de l’Union Bordeaux-Bègles se souviennent encore de cette journée de mai 2019 où leur équipe s’était effondrée face au Stade Toulousain à Chaban-Delmas alors qu’elle menait 36-7 à la mi-temps (score final 36-43). Désormais, ils se souviendront aussi de cette soirée à Vannes où l’UBB a surmonté un handicap identique de 29 points pour s’imposer à Rabine (29-37). « J’ai l’impression qu’il y a pas mal de matches dont on parlera dans 10 ans… » sourit Yannick Bru, en référence à la tornade subie lors de la dernière finale de Top 14.
Qui a été assez fou pour miser un kopeck samedi sur le Bordelo-Béglais après ces 35 minutes cauchemardesques, marquées par quatre essais encaissés et un manque d’engagement évident ? Par la suite, le manager a parlé d’un premier acte « inacceptable » et « indigne ». Lequel s’est toutefois soldé par un essai de Ben Tapuai, alors que l’Australien et ses coéquipiers n’avaient jamais tenu le ballon dans les 22 mètres adverses.
Bru élève la voix
« On s’est accroché à cet essai qui nous a ramené à 22 points et qui nous a redonné un peu de confiance », rembobine le deuxième ligne Cyril Cazeaux. « Après une première période à sens unique, ça fait du bien, confirme l’ailier Arthur Retière. Mais cela n’empêche pas les Bordelo-Béglais d’être sévèrement secoués à la mi-temps par Yannick Bru. Même sans le son, les images captées par Canal+ dans le vestiaire ne laissent aucun doute.
« Je ne suis pas une grande gueule, je n’ai pas l’habitude de me mettre en colère. Mais on a eu l’impression que c’était du déshonneur et qu’on ne respectait pas le maillot, ce qu’on construit, nos 14 000 abonnés. Je leur ai dit : on ne regarde pas le score et on fait du mieux qu’on peut”, a-t-il encore détaillé. Puis les joueurs échangent rapidement : « On se parle. On essaie de comprendre ce qui se passe, on pense aux supporters. Parce que ce Bordeaux, ce n’est pas nous », dit Retière.
Le staff renouvelle en grande partie un pack complètement obsolète (entrées de Bochaton, Swinton et Latterrade à la place du Samu, Coleman et Sa). Les Vannais, euphoriques jusque-là, se sont immédiatement mis sous pression en ratant leur réception dès le coup d’envoi de la seconde période. Et la machine de l’UBB, enfin saignante et déterminée sinon brillante, le vent dans le dos, a inscrit coup sur coup deux essais. A la 46e minute, l’écart était déjà tombé à dix points.
« Ne pas avoir le cœur brisé »
Le tournant intervient dix minutes plus tard, avec deux cartons jaunes et un essai de penalty infligés aux Bretons sur la même action. Disposant d’une nette supériorité numérique, l’UBB peut facilement exploiter la largeur pour inscrire un cinquième essai. L’Union, qui se contentait d’être sérieuse et efficace, a progressé et ne renoncera jamais à son avantage. « Tu n’aurais pas dû avoir de problèmes cardiaques », soupire Retière.
Yannick Bru, de son côté, n’avait pas l’air d’un manager heureux après cette deuxième victoire en cinq déplacements. « L’objectif est atteint, mais nous sommes toujours marqués par cette incohérence. Cela ne devrait pas nous arriver compte tenu de notre investissement. C’est peut-être ce qui rend notre équipe attachante. Nous avons atteint des points hauts et des points bas. Nous ne sommes pas encore la force tranquille. » Cela suffit aujourd’hui pour occuper une confortable deuxième place. Mais face à une formation mieux équipée, cela pourrait coûter plus cher.
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