L’essor des cryptomonnaies est-il une opportunité ou un mirage ?

L’essor des cryptomonnaies est-il une opportunité ou un mirage ?
L’essor des cryptomonnaies est-il une opportunité ou un mirage ?

l’essentiel
Bitcoin a franchi le seuil des 98 000 $ jeudi dernier pour la première fois de son histoire. En plein boom, le secteur des cryptomonnaies anticipe des législations et des politiques économiques plus souples qui lui seraient favorables sous la future administration Trump, dirigée par Elon Musk. Cette révolution financière sera-t-elle une opportunité ou un mirage ?

Réélu largement président des États-Unis le 5 novembre, Donald Trump n’est pas encore entré dans le bureau ovale de la Maison Blanche et peut déjà se targuer d’une réussite économique dans le secteur stratégique des cryptomonnaies.

Depuis son élection en effet, le bitcoin, la plus connue des cryptomonnaies, a vu son prix s’envoler : jeudi, il a franchi le seuil des 98 000 dollars pour la première fois de son histoire et les experts le voient bien dépasser la barre des 100 000 dollars. Depuis le début de l’année, la cryptomonnaie a gagné 122% avec une croissance vertigineuse de +35% depuis l’élection de Trump.

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Revirement de Trump sur la régulation des cryptomonnaies

Ce bond s’explique parce que le secteur s’attend à une déréglementation massive des cryptomonnaies que va initier Donald Trump, qui a fait un virage à 180° sur le sujet, sans doute convaincu par Elon Musk, fervent partisan des cryptos. En effet, lors de son premier mandat, Donald Trump s’est montré favorable à une régulation forte.

« Je ne suis pas fan du bitcoin et des autres cryptomonnaies, qui ne sont pas de l’argent, et dont la valeur est très volatile et basée sur le vide. Les actifs cryptographiques non réglementés peuvent faciliter des comportements illégaux, notamment le trafic de drogue et d’autres activités illégales. […] Si Facebook – qui a abandonné son projet Libra, ndlr – et d’autres entreprises veulent devenir une banque, elles doivent chercher une nouvelle charte bancaire et se soumettre à toutes les réglementations bancaires, tout comme les autres banques, tant nationales qu’internationales. Nous n’avons qu’une seule monnaie réelle aux États-Unis, et elle est plus forte que jamais, à la fois fiable et digne de confiance. C’est de loin la monnaie la plus dominante au monde, et elle le sera toujours. On l’appelle le dollar américain ! » écrivait le président américain le 12 juillet 2019.

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Les cryptomonnaies en plein essor : une opportunité ou un mirage ?

Aujourd’hui, Trump a changé d’avis. « Il a critiqué les lois américaines existantes et a appelé les États-Unis à devenir une superpuissance Bitcoin. La campagne Trump est la première campagne présidentielle à accepter les paiements en crypto-monnaies », a noté Anjana Susarla de la Michigan State University.

Le président élu américain s’est engagé à remplacer Gary Gensler, le patron de l’organisme de surveillance des marchés financiers, la SEC, détesté par un secteur qui lui reproche son approche répressive, et son choix de réguler les cryptomonnaies comme les titres financiers traditionnels. “Le fait que certains actifs cryptographiques échappent à la définition de titres financiers pourrait grandement accélérer l’approbation de nouveaux produits d’investissement et accroître l’afflux de capitaux dans la sphère” des monnaies numériques, estime Simon Peters d’eToro.

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Une réserve stratégique américaine de bitcoins

Stéphane Ifrah, analyste chez Coinhouse, note que de nombreuses entreprises du monde de la crypto sont en effet favorables à une « régulation de type MiCA », le règlement de l’Union européenne, qui prévoit notamment un agrément obligatoire pour les prestataires de services autour des actifs numériques, ce qui « rendrait ils courent moins de risques juridiques », selon lui.

Les cryptomonnaies en plein essor : une opportunité ou un mirage ?
RD

Une autre mesure phare évoquée par Trump lors de sa campagne est la mise en place d’une réserve nationale stratégique de bitcoins. Pour le constituer, le gouvernement américain s’engagerait à ne plus vendre les bitcoins déjà en sa possession, principalement saisis dans le cadre d’affaires judiciaires, au nombre d’environ 210 000, soit l’équivalent d’environ 19 milliards de dollars aux prix actuels, selon Simon Peters. . Si un tel projet devait voir le jour, les États-Unis pourraient « potentiellement acheter des bitcoins sur le marché libre », spécule l’analyste, dopant ainsi la demande et la légitimité de cet actif numérique.

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Un euro numérique peut-être d’ici fin 2025

Les ambitions de Trump, plus isolationnistes que jamais, dans les cryptomonnaies constituent un enjeu stratégique et de souveraineté pour l’Europe, où la création d’un euro numérique est à la traîne. L’Eurosystème, qui regroupe la Banque centrale européenne (BCE) et les banques centrales nationales des États membres de la zone euro, a lancé ce projet en 2021 pour créer une monnaie virtuelle. Contrairement aux cryptomonnaies, la BCE émettrait et garantirait cette nouvelle monnaie, comme elle le fait pour les euros liquides.

De quoi rassurer le grand public et les entreprises qui se méfient encore des cryptomonnaies. Une première phase d’investigation a été menée d’octobre 2021 à octobre 2023, les expérimentations doivent se poursuivre. Le développement potentiel et la mise en œuvre de l’euro numérique pourraient alors avoir lieu à partir de novembre 2025.

« L’euro numérique permettrait de remédier à la dépendance aux solutions non européennes dans le domaine des paiements » notait un rapport sénatorial français en juin dernier. « Ces situations de dépendance, déjà problématiques en temps normal, pourraient s’avérer dangereuses en cas de crise. Plus qu’une motivation économique, l’euro numérique répond donc à un projet politique, celui de renforcer la souveraineté sur les paiements en Europe. »

 
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