Les organisateurs de la manifestation contre l’Otan qui a dégénéré vendredi à Montréal ont invité la population à venir protester pour des motifs douteux, voire complètement faux, selon des experts en relations internationales.
« Je pense qu’ils doivent suivre un cours sur la sécurité internationale et les organisations internationales. J’aime que les étudiants s’intéressent à la politique, mais il vaudrait mieux qu’ils le découvrent avant d’aller manifester », résume Anessa Kimball, professeure à l’Université Laval et spécialiste de l’OTAN.
Pourquoi manifester contre l’OTAN ? C’est la question que l’on peut se poser après avoir vu les images de pagaille, d’altercations avec policiers et journalistes attaquées vendredi soir. Ce rassemblement de plusieurs centaines de personnes a eu lieu en marge de l’Assemblée parlementaire de l’OTAN qui se tient au Palais des congrès de Montréal du 22 au 25 novembre.
Manifestation contre la venue de l’Assemblée parlementaire de l’OTAN à Montréal, le vendredi 22 novembre 2024.
MARIO BEAUREGARD/AGENCE QMI
Dans l’invitation à participer à cette manifestation qu’il a co-organisée, le groupe Convergence des luttes anticapitalistes (CLAC) aborde trois critiques de l’Otan qui ont fait sourciller Mmoi Kimball quand La Revue lui a demandé de les analyser.
« J’avais envie de sortir mon stylo rouge et de dire : ce n’est pas vrai, ce n’est pas vrai », raconte l’expert.
CAPTURE D’ÉCRAN PRISE DU SITE WEB DE LA CONVERGENCE DES LUTTES ANTICAPITALISTES
“C’est tiré par les cheveux”
L’Organisation du Traité de l’Atlantique Nord (OTAN), qui comprend le Canada et les États-Unis, est une alliance militaire dont les membres s’engagent à se protéger mutuellement contre toute menace.
Dans son invitation, la CLAC accuse notamment l’OTAN d’être « complice du génocide palestinien » à travers son « soutien indéfectible à Israël, qui est l’allié central de l’OTAN ».
“C’est complètement faux”, a déclaré Anessa Kimball en riant. « Il faudrait [pour cela] qu’il existe un pacte ou un traité formel entre l’OTAN et Israël, et qu’il n’existe pas.
Anessa Kimball.
MARIO BEAUREGARD/AGENCE QMI
« Impliquer l’Otan dans ce qui se passe au Moyen-Orient, dire que c’est tiré par les cheveux, ce serait même trop gentil », insiste Laurent Borzillo, docteur en sciences politiques et membre du Réseau d’analyse stratégique.
Des croyances « propagées par la Russie »
Les organisateurs de la manifestation écrivent également que « l’OTAN détruit tout sur son passage, sème la misère et favorise la multiplication des groupes armés » et que cela se ferait « au nom de l’impérialisme américain ».
“Ces croyances sont propagées par la Russie sur l’idée que tout est la faute de l’OTAN, des Etats-Unis et des impérialistes occidentaux, alors que c’est la Russie qui est en cause”. [la Russie] qui a attaqué [l’Ukraine]. La Suède est un pays qui a renoncé à plus de 200 ans de neutralité pour rejoindre l’OTAN. [par peur de Moscou]. Cela montre que s’il y a impérialisme, il est peut-être davantage du côté de la Russie. [que d’ailleurs]», argumente M. Borzillo.
Enfin, la CLAC reproche à l’OTAN d’avoir fait pression sur Ottawa pour qu’il augmente son budget militaire à 2 % de son PIB. «Cet argent doit être utilisé pour l’éducation, la santé et la communauté», peut-on lire.
«C’est le Canada qui a accepté le pourcentage et cela remonte à 2006», rappelle Anessa Kimball. « La pression sur le Canada vient du fait que les autres partenaires ont réussi à respecter cet engagement », ajoute-t-il.
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