Algérie : Emmanuel Macron “très inquiet” de la “disparition” de l’écrivain Boualem Sansal
Le président français Emmanuel Macron est “très préoccupé par la disparition” de l’écrivain franco-algérien Boualem Sansal qui, selon plusieurs médias, aurait été arrêté en Algérie, a indiqué jeudi l’entourage du chef de l’Etat.
“Les services de l’Etat sont mobilisés pour clarifier sa situation”, est-il précisé, ajoutant que “le président de la République exprime son attachement inébranlable à la liberté d’un grand écrivain et intellectuel”.
L’auteur de 75 ans, qui a obtenu cette année la nationalité française, a été arrêté samedi à l’aéroport d’Alger en provenance de France, ont rapporté plusieurs médias français.
Les raisons de son arrestation sont inconnues. Selon l’hebdomadaire Marianne, “elle n’a donné aucune nouvelle à ses proches depuis son arrivée à Alger”.
Plusieurs responsables politiques français, notamment ceux appartenant à la droite et au centre-droit, ont également exprimé leur inquiétude et leur soutien à l’écrivain, connu pour sa liberté de pensée, tant contre le pouvoir algérien que contre l’intégrisme religieux, depuis qu’il s’est lancé dans la littérature en 1999. .
“Il incarne tout ce qui nous est cher : l’appel à la raison, à la liberté et à l’humanisme contre la censure, la corruption et l’islamisme”, a lancé sur X l’ex-Premier ministre Edouard Philippe, invitant “les autorités françaises et les gouvernements européens à obtenir des informations précises et à garantir que il peut circuler librement et reviendra en France quand il le souhaite.”
– « Milieu de pression » –
“Tous les moyens de pression sur l’Algérie doivent être activés pour obtenir la libération de notre compatriote, le grand écrivain Boualem Sansal”, a ajouté le chef des députés LR (républicains, droite) Laurent Wauquiez.
La chef de file des députés du Rassemblement national (RN), Marine Le Pen, a demandé au gouvernement français “d’agir pour obtenir sa libération immédiate”, qualifiant Boualem Sansal de “combattant de la liberté et d’opposant courageux à l’islamisme”.
Boualem Sansal a connu le succès dès le début avec « Le Serment des barbares », un roman qui relate la montée des fondamentalistes qui ont contribué à plonger son pays dans une guerre civile qui a fait au moins 200 000 morts entre 1992 et 2002.
Ses livres, publiés en France, sont vendus librement en Algérie, mais l’auteur y fait polémique, notamment après une visite en Israël en 2014.
Un autre écrivain franco-algérien, Kamel Daoud, Goncourt 2024 pour « Houris », est au centre d’une polémique en Algérie, accusé par une victime de la guerre civile d’avoir exploité son récit.
“Kamel Daoud fait l’objet de violentes campagnes diffamatoires orchestrées par certains médias proches d’un régime dont personne n’ignore la nature”, a dénoncé lundi le directeur de sa maison d’édition, Gallimard, interdit de participation à la Foire internationale du livre d’Alger.
Kamel Daoud a pris la plume jeudi soir dans Le Figaro. “J’espère sincèrement que mon ami Boualem nous reviendra bientôt”, a-t-il déclaré dans une tribune, confiant son incompréhension face à “l’imprudence” dont, selon lui, avait fait preuve Boualem Sansal en se rendant en Algérie. .
Ces événements surviennent dans un contexte diplomatique tendu entre la France et l’Algérie, après le soutien de Paris au plan marocain d’autonomie du territoire contesté du Sahara occidental, fin juillet.
Le Sahara occidental, ancienne colonie espagnole, est en effet majoritairement contrôlé par le Maroc. Mais il est soutenu par les indépendantistes sahraouis du Front Polisario, qui réclament un référendum d’autodétermination et sont soutenus par Alger.
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