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Northvolt se prépare à se protéger de ses créanciers

Le fabricant suédois de batteries Northvolt s’apprête à invoquer le chapitre 11 de la loi américaine sur les faillites pour se protéger de ses créanciers, tout en gardant le contrôle de ses activités, a appris Radio-Canada. La décision, attendue dans les prochains jours, ne devrait pas remettre en question la poursuite du projet au Québec, selon les gouvernements.

Ces derniers jours, les médias suédois et l’agence de presse Reuters a signalé que des discussions avaient lieu en interne au sujet du dépôt du chapitre 11. Le Temps Financier a même évoqué la possibilité d’une faillite pure et simple au titre du chapitre 7 de cette loi, avec liquidation des actifs, mais cette possibilité a été écartée, selon nos informations.

Radio-Canada a pu obtenir confirmation que Northvolt AB, la société mère de l’entreprise, n’a pas encore réussi à conclure son appel de financement à court terme de 415 millions $ qui lui permettrait de régler ses problèmes de liquidités avant le début de 2025.

Northvolt ne nie pas qu’elle se prépare à déposer une demande de chapitre 11, mais ne le confirme pas non plus.

Sa porte-parole pour l’Amérique du Nord, Emmanuelle Rouillard-Moreau, a répondu à Radio-Canada que les négociations autour du financement se poursuivent et que l’entreprise reste en contact étroit avec [ses] investisseurs et partenaires clés et le résultat de ces discussions sera communiqué lorsque les décisions auront été prises.

Le premier ministre François Legault a mentionné, mardi, information avenir, dans les prochaines heures.

Le premier ministre François Legault a été interrogé mercredi par un journaliste au sujet de Northvolt. (Photo d’archives)

Photo : La Presse Canadienne / Jacques Boissinot

Plus tôt cette semaine, Northvolt a nommé l’expert en restructuration Paul O’Donnell président du conseil d’administration de l’usine suédoise. Il a remplacé le PDG Peter Carlsson, qui reste au sein de l’organisation.

Le chapitre 11 permet une réorganisation financière

Grâce au chapitre 11 du Code américain des faillites, l’entreprise en difficulté peut réorganiser ses finances et restructurer ses dettes sans liquider ses actifs.

Elle peut également poursuivre ses activités sans qu’un syndic de faillite n’intervienne dans la prise de décision et sans que les créanciers puissent en exiger le recouvrement ou la saisie. Le plan de restructuration sera soumis au vote des créanciers.

C’est l’existence d’une filiale de l’entreprise en Amérique du Nord qui permet à Northvolt de recourir au droit américain, jugé plus clément avec les entreprises.

Selon Pierre Fortin, président de Jean Fortin et associés, syndic autorisé en insolvabilité, Northvolt devra suivre une procédure dans chaque pays où il est implantémais il ajoute que souvent, tout est dirigé par un chef d’orchestre qui coordonne les différentes procédures judiciaires dans les différents pays, cela permet une certaine cohésion.

La grande question est de savoir ce qu’il adviendra des investissements que le gouvernement du Québec a faits en Suède et aussi, qu’arrivera-t-il du projet ici, au Québec.

Une citation de Pierre Fortin, président de Jean Fortin et associés

Investissement Québec a déjà injecté 510 millions de dollars dans Northvolt, pour le compte du gouvernement Legault, et dans la Caisse de dépôt et placement, 200 millions.

Le Québec figurerait donc sur la liste des créanciers auprès des principaux prêteurs de Northvolt, Volkswagen, Goldman Sachs et plusieurs autres.

[Le gouvernement Legault] ne peut pas faire grand-chose avec l’argent déjà investi, mais pourrait décider de ne pas honorer les subventions promisesdit Pierre Fortin.

Québec a promis une aide de 1,37 milliard pour la construction de l’usine et des subventions de 1,5 milliard pour la production de batteries.

De son côté, Ottawa a promis 1,37 milliard pour la construction et 3,1 milliards pour la production, mais le gouvernement fédéral n’a pas encore versé un seul dollar.

En Suède, le gouvernement a refusé de venir en aide à Northvolt ou de devenir actionnaire de l’entreprise.

Le gouvernement Legault a déjà affirmé que les terrains, achetés pour 240 millions de dollars, lui reviendraient si le projet était abandonné.

À Ottawa, le ministre fédéral de l’Innovation, des Sciences et de l’Industrie, François-Philippe Champagne, a déclaré mercredi qu’il rester confiantplus prudent. Il a contacté Northvolt pour obtenir les faits : Ce que je comprends, c’est que le projet au Québec continue et oui, il y a des discussions en Europe.

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Ministre fédéral de l’Industrie, François-Philippe Champagne (Photo d’archive)

Photo : La Presse Canadienne / Sean Kilpatrick

Ce qui se passe en Europe est une chose. Ce qui se passe en Amérique du Nord est une autre affaire. […] Ils ont l’argent nécessaire pour faire avancer le projet, actuellement, au Québec.

Une citation de François-Philippe Champagne, ministre de l’Innovation, des Sciences et de l’Industrie du Canada

Au Québec, la ministre de l’Économie, de l’Innovation et de l’Énergie, Christine Fréchette, a déclaré mercredi : nous sommes très attentifs à ce qui se passetout en s’assurant que le projet prévu au Québec demeure intact et reste une priorité pour Northvolt et pour nous.

Le premier ministre François Legault s’est montré plus évasif. Interrogé à plusieurs reprises à l’Assemblée nationale, il n’a pas voulu dire s’il croyait toujours au projet Northvolt, rappelant qu’il attendait des informations.

Le chef de l’opposition officielle, Marc Tanguay, s’est emparé de la situation en affirmant que le premier ministre n’est pas pas en mesure de nous confirmer qu’il y croit toujours.

Il y a un an, c’était le Klondike, on allait être riches avec Northvolt. Et là, aujourd’hui, il n’est même pas capable de rassurer les Québécois, qui ont déjà investi 710 millions.

Une citation de Marc Tanguay, chef du Parti libéral du Québec

François Legault répond que l’investissement dans l’entreprise suédoise a été un risque calculé et ça la moyenne au bâton est ce qui compte. Il a également affirmé que L’économie du Québec n’a jamais été aussi performante en 20 ans qu’aujourd’hui.

Le premier ministre et Christine Fréchette ont tour à tour fait la liste des bons clichés dans les investissements gouvernementaux et Northvolt ne figurait pas sur la liste.

Des nouvelles attendues du projet québécois

D’ici la fin de l’automne, Northvolt North America doit annoncer son intention de restructurer le projet de McMasterville et de Saint-Basile-le-Grand, ce qui serait retardé d’au moins un an.

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Paolo Cerruti, PDG de Northvolt pour l’Amérique du Nord (Photo d’archives)

Photo : Radio-Canada / Ivanoh Demers

Dans le cadre de l’appel de financement à court terme de Northvolt AB, la banque d’investissement Goldman Sachs a accepté de réinjecter davantage d’argent, mais à condition d’obtenir des garanties sur les filiales, dont celle de Québec. Le gouvernement Legault a d’abord envisagé de l’accepter, avant de fermer la porte une fois l’information rendue publique.

Aux dernières nouvelles, Northvolt AB prévoyait de lancer une autre demande de financement, encore plus ambitieuse, en 2025, pour compenser son manque de liquidités à plus long terme.

Même si l’entreprise suédoise a signé des contrats de commande de batteries d’une valeur de plusieurs dizaines de milliards de dollars, elle peine à produire au rythme attendu. Son usine suédoise est loin d’atteindre sa pleine capacité, ce qui limite les ventes et donc les rentrées de trésorerie.

L’entreprise a déjà admis que sa stratégie de développement avait été un peu trop dynamique et qu’elle avait lancé trop de projets d’usines en même temps.

Le mois dernier, l’entreprise a supprimé 1.600 emplois et recentré ses activités autour de la production de batteries pour assurer le succès de son plan de sauvetage.

Avec la collaboration d’Aude Garachon et Louis Blouin.

 
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