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Voler au secours des… chauves-souris

Les efforts de développement durable de l’industrie minière ne se limitent pas au traitement des eaux, au traitement des résidus miniers et aux émissions de gaz à effet de serre. Les sociétés minières déploient également des approches, souvent méconnues, pour préserver la biodiversité.

Didier Bert

Collaboration spéciale

Quel animal aussi emblématique que la chauve-souris pour illustrer la cohabitation souterraine entre l’homme et la nature ? Avant la mise en service de la mine Lamaque, dans l’est de Val-d’Or, la société Eldorado Gold a lancé un inventaire de la biodiversité. Sur le site, l’entreprise exploite une mine d’or depuis 2019, mais elle est également responsable de plusieurs mines anciennes, qu’elle devra toutes restaurer à la fin de la période d’exploitation.

Sur ce territoire, Eldorado Gold a identifié cinq espèces de chauves-souris, ainsi que des hibernacles, qui sont de petites cavités où hivernent ces mammifères volants. Les chauves-souris se nourrissent d’insectes, assurant ainsi l’équilibre de la chaîne alimentaire. « Nous n’avons pas eu à déplacer d’hibernacles pour exploiter la mine, mais nous voulons préserver ce qui nous entoure », explique Patrick Lavoie, surintendant environnemental chez Eldorado Gold.

Condos pour chauves-souris

La société minière a lancé un programme de sensibilisation à destination de ses salariés, pour leur permettre d’identifier les chauves-souris, ou toute autre espèce, et ainsi adopter de bonnes pratiques. «Lorsque certains oiseaux s’installent au printemps pour nicher, on s’organise pour ne pas les déranger», illustre M. Lavoie.

Eldorado Gold a travaillé avec des étudiants de l’école Papillon d’Or de Val-d’Or, qui avaient un projet de construction de condos pour chauves-souris. « Nous en avions effectivement besoin sur notre site pour préserver les chauves-souris, explique Patrick Lavoie. Les condos pour chauves-souris sont de petites cabanes conçues pour stocker autant de chaleur que possible.

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PHOTO MATHIEU DUPUIS, FOURNIE PAR ELDORADO GOLD

Patrick Lavoie, surintendant environnemental chez Eldorado Gold

Nous installons des condos à proximité des zones humides et des cours d’eau, où les chauves-souris peuvent trouver de la nourriture.

Patrick Lavoie, surintendant environnemental chez Eldorado Gold

Dans le même esprit, la société minière déploie des maternités de chauves-souris, qui sont des condos chauffés. «La période de maternité des chauves-souris est un moment critique», souligne M. Lavoie. Ce travail nous permet de connaître les besoins des chauves-souris pour les futures restaurations. Il nous faut des outils pour restaurer et entretenir ces habitats propices à la biodiversité. » Le succès de l’initiative a amené Eldorado Gold à se préparer à installer des maternités de chauves-souris sur ses autres sites miniers au Québec.

Réduire l’empreinte de la mine

L’exploitation minière a de nombreux impacts sur la biodiversité, notamment sur le site minier lui-même, mais aussi des effets indirects tels que la fragmentation du territoire par la construction de la route d’accès au site, ainsi que par les mouvements de poussières.

«On peut mesurer l’empreinte d’une mine sur la biodiversité jusqu’à 200 mètres en moyenne, voire un peu plus loin», précise Nicole Fenton, professeur d’écologie végétale et directrice de l’Institut de recherche forestière. l’Université du Québec en Abitibi-Témiscamingue. « Cela se voit dans la composition de la végétation et dans la quantité de métaux présents dans la flore et dans le sol », explique la chercheuse qui a elle-même travaillé sur le projet de préservation des chauves-souris.

Ces impacts sont très peu étudiés au Canada. Pourtant, « l’industrie minière canadienne a clairement reconnu que la biodiversité est un enjeu important », souligne Nicole Fenton. Elle se réjouit de constater que « malgré les efforts variés des sociétés minières, de nombreux acteurs de l’industrie sont sincères dans leur volonté de réduire l’empreinte de leur industrie sur la biodiversité ». Aujourd’hui, les services de génie minier recrutent des spécialistes pour travailler sur la biodiversité, illustre-t-elle.

Depuis 20 ans, l’industrie minière canadienne s’appuie sur l’initiative Vers un développement minier durable (TSMD) pour améliorer ses pratiques de développement durable. Ce programme fournit des protocoles et des indicateurs pour évaluer les progrès de chaque société minière. Chaque entreprise publie chaque année ses propres indicateurs et est soumise à une vérification tous les trois ans par des auditeurs externes.

Au fil des années, de nouveaux protocoles ont été mis en place pour pousser la barre toujours plus haut.

Josée Méthot, PDG de l’Association minière du Québec (AMQ)

Précurseur dans certains domaines, « l’industrie minière a devancé tout le monde dans l’intégration des communautés autochtones dans la société ». [ses] opérations », rappelle Josée Méthot. Et dans ce processus continu, le secteur minier canadien vient d’ajouter une nouvelle pierre, en mettant en œuvre un nouvel indicateur sur les lieux de travail justes, diversifiés et inclusifs.

 
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