Tu es drôle parfois.
Quand les marchés financiers baissent, on ne veut pas investir car la chute ne fait que commencer et il vaut mieux attendre.
Et quand les marchés sont au plus haut, on ne veut pas investir simplement parce qu’il va y avoir une baisse et qu’il vaut mieux attendre.
Vous attendez donc des baisses sur des marchés où elles sont courtes et rares. Je préfère vous prévenir : ce n’est pas une formule pour patauger dans une montagne de billets verts comme l’oncle Scrooge.
Mais je comprends d’où ça vient.
Dans l’imaginaire populaire, investir, c’est un peu comme aller au magasin pour acheter quelque chose dont on a besoin. Disons, une friteuse à air.
Quoi de mieux qu’une friteuse à air ? Une friteuse à air chaud en vente. Nous attendons donc le Black Friday.
C’est humain. Nous voulons prendre la « bonne » décision. Minimisez le risque de regret. Éliminez le « donc j’aurais dû ».
Avec une friteuse, ça marche. Mais avec nos investissements ? Ça ne marche pas. C’est notre cerveau qui nous joue des tours.
Pour mettre toutes vos chances en votre faveur lors de l’investissement, vous devez apprendre à penser un peu moins comme un humain qui achète une friteuse à air chaud, et un peu plus comme une usine qui les fabrique.
Imaginez une usine en Chine. Il est rempli de presses à métaux, de machines de moulage par injection, de robots qui appliquent des revêtements antiadhésifs ou des couches de peinture… Toutes ces machines travaillent ensemble dans une chaîne d’assemblage pour fabriquer des friteuses à air.
Cette chaîne de montage se demande-t-elle si mardi est un meilleur jour que jeudi pour fabriquer des friteuses ? Ou s’il est préférable de fabriquer des friteuses avant ou après les élections américaines ? Avant ou après le changement d’heure ? Avant ou après les concerts de Taylor Swift à Toronto ?
(OK, je suis un homme de 47 ans et c’est ma deuxième référence à Taylor Swift cet automne. Est-ce que je deviens un Swiftie ?)
L’usine n’a pas d’opinion. Elle fabrique des friteuses à air chaud. C’est tout. Nous devrions faire la même chose avec nos investissements.
Meilleurs jours
“Oui, d’accord”, dites-vous. Mais là, c’est différent ! Les marchés sont euphoriques ! Une chute est sûre d’arriver ! »
C’est vrai que les marchés sont au plus haut. La Bourse de Toronto a grimpé de 20 % depuis le début de l’année. Aux États-Unis, on parle d’une augmentation de plus de 25 %.
Le S&P 500, l’indice qui représente les 500 plus grandes entreprises des États-Unis, a clôturé à des niveaux records plus de 50 fois cette année. L’année 2024 est la septième meilleure année en termes de nombre de jours records depuis près d’un siècle.
Tout cela devrait faire peur, non ?
En fait, tout cela est normal. Laissez-moi vous expliquer.
Depuis 1924, le rendement annuel le plus souvent observé pour la Bourse de Toronto se situe entre 20 % et 30 %. Un tel retour s’est produit au cours de 21 des 100 dernières années, soit une année sur cinq.
Aux États-Unis, une augmentation de 25 % ou plus se produit historiquement une fois tous les quatre ans.
Ces rendements nous paraissent exceptionnels. Mais, par définition, ce qui se produit une année sur quatre ou une année sur cinq depuis un siècle n’est pas exceptionnel.
C’est également contre-intuitif, mais les sommets ont été d’excellents moments pour entrer sur les marchés.
Selon une analyse de JP Morgan réalisée de 1988 à 2020, un investissement dans l’indice S&P 500 réalisé lors d’une journée record était en hausse de 14,6 % en moyenne au bout d’un an. Mais un investissement réalisé un jour choisi au hasard était en hausse de 11,7% en moyenne un an plus tard.
Au bout de cinq ans, l’investissement réalisé au sommet a connu une croissance de 79% en moyenne, contre 71% pour les investissements réalisés au hasard.
Je pense que nous avons une mauvaise perception de la robustesse des marchés car les baisses font la une des journaux, mais les hausses passent inaperçues.
Tout le monde se souvient que les marchés ont chuté violemment en 2020, au début de la COVID-19.
Mais combien de personnes savent que 10 000 $ ont été investis juste avant le krach de la COVID-19 dans un fonds négocié en bourse « de croissance » composé à 80 % d’actions canadiennes, américaines et internationales, et à 20 % d’obligations, qui vaut aujourd’hui 14 900 $ ?
Un rendement annualisé moyen de près de 9%. Tout cela malgré la pandémie, la forte inflation, la hausse historique des taux, etc.
Alors, comment investir lorsque les marchés sont au plus haut ?
De la même manière que nous investissons lorsque les marchés sont au plus bas.
Il est préférable d’investir régulièrement dans un portefeuille diversifié et équilibré composé de fonds négociés en bourse avec des frais de gestion faibles qui nous donnent une exposition aux actions canadiennes, américaines et internationales, ainsi qu’aux obligations.
Et si une chute se produit ? Nous continuons à investir de la même manière, à un meilleur prix. Ceux qui l’ont fait en 2008, 2020 et 2022 sont heureux d’avoir suivi leur plan aujourd’hui.
Les meilleurs investisseurs ne sont pas des génies. Les meilleurs investisseurs sont capables de faire quelque chose de routinier et de l’oublier.
Trouvez-vous l’investissement passionnant ? Vous faites probablement une erreur.
Investit doit être plat. Comme une chaîne de montage.
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