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Santé Québec | Mission : économiser 1 milliard

(Québec) Le chef de Santé Québec appelle les établissements de santé à assainir leurs dépenses afin d’éliminer un déficit de 1 milliard de dollars sans réduire les services aux patients. A trois semaines de l’entrée en fonction de cette nouvelle société d’État, Geneviève Biron promet d’améliorer l’accès aux soins dans « les prochains mois ».

Délais d’attente aux urgences, enregistrement des patients orphelins et retards dans les interventions chirurgicales. La question de l’accès au réseau de la santé et des services sociaux est « omniprésente », admet le président-directeur général de Santé Québec en entrevue avec La presse.

Sans surprise, le dossier – qui présente de nombreux écueils, de l’aveu même du ministre Christian Dubé – figure en tête de liste de l’agence, qui prendra officiellement son envol le 1est Décembre. Les CISSS et CIUSSS seront alors intégrés à Santé Québec, qui deviendra l’unique employeur du réseau.

« Le 1est Décembre […]ce n’est pas une ligne d’arrivée, c’est un départ, affirme Geneviève Biron, en tournée médiatique pour présenter ses grandes priorités. Commençons. Ne vous attendez pas à ce que tout soit résolu d’ici le 2 décembre. Cela n’arrivera pas. C’est complexe. Il y a beaucoup à faire. »

Une mission périlleuse attend le « top gun » du secteur privé de la santé : éliminer le déficit budgétaire anticipé des établissements de santé, situé « dans les eaux » du milliard de dollars, dit M.moi Biron. Pour l’ancien directeur de Biron Groupe Santé, l’heure n’est pas aux demi-mesures, alors que Québec s’attend à enregistrer un déficit historique de 11 milliards.

« Ce que nous demandons aux établissements, c’est de respecter leur budget et de restreindre le développement. Nous ne pouvons pas continuer à dépenser toujours plus », dit-elle.

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PHOTO DENIS GERMAIN, COLLABORATION SPÉCIALE

Geneviève Biron, CEO of Santé Québec

Il faut absolument que le réseau contribue à réduire le déficit de l’Etat pour qu’il ne s’aggrave pas davantage. Nous demandons l’effort de chacun.

Geneviève Biron, CEO of Santé Québec

Sans vouloir donner d’exemples précis, Geneviève Biron assure que Santé Québec accompagne les gestionnaires de réseaux pour cibler « les bonnes actions » à prioriser pour revenir au vert. L’ordre est clair : pas question d’affecter les services à la population, assure-t-elle. Chaque établissement devait déposer son plan d’action au plus tard le 30 septembre pour atteindre l’équilibre budgétaire en 2024-2025.

Selon nos informations, les CISSS et les CIUSSS ont dû présenter des « mesures administratives » à prendre, dont des « mesures d’optimisation supplémentaires », sans ajouter de budgets supplémentaires. Québec a également demandé à Santé Québec d’élaborer son propre plan pour « redresser la situation budgétaire » des établissements au 1est Décembre, toujours selon nos informations.

“Pour moi, cela fait partie du rôle d’un bon manager, donc je m’y attendais”, répond M.moi Biron, qui l’a rendu public parce qu’elle estime que les Québécois n’en ont pas pour leur argent dans le système de santé actuel. Elle est préoccupée par la saine gestion des finances publiques.

« L’augmentation du budget de la santé depuis 10 ans est d’environ 50 %, et celle de la population, de 10 %, explique-t-elle.

On offre beaucoup à la population, c’est bien, ce sont toutes des bonnes choses, mais je sens vraiment qu’il faut se recentrer sur l’essence de notre réseau.

Geneviève Biron, CEO of Santé Québec

La presse a indiqué que les cinq établissements les plus déficitaires ont reçu la visite d’auditeurs indépendants pour évaluer leurs performances. Sur la Côte-Nord, le déficit anticipé pour 2024-2025 est estimé à 98,9 millions. C’est 96,5 millions en Abitibi-Témiscamingue. Malgré l’ampleur du défi, il n’y a aucune exception à prévoir “pour le moment”, estime M.moi Biron.

L’année dernière, les établissements de santé ont enregistré un trou financier de 1 milliard. Sous le Loi sur l’équilibre budgétaire du réseau public de la santé et des services sociauxun établissement public ne doit connaître aucun déficit à la fin d’un exercice.

Faire les choses différemment

Geneviève Biron se fait discrète depuis son entrée en fonction en mai dernier. Les six derniers mois lui ont, entre autres, permis de faire le tour des établissements de santé pour « comprendre la réalité » des équipes dans les différentes régions.

L’objectif principal du PDG est de restaurer la confiance des Québécois dans leur réseau de santé. Elle avance que Santé Québec, qui sera responsable des opérations, brisera les silos entre les établissements. Cela aura un effet sur l’accès, estime-t-elle.

“On n’avait pas ça avant, la mutualisation”, illustre M.moi Biron.

Elle évoque les retards en chirurgie. Les « bonnes pratiques » seront exportées. Ce qui signifie que les établissements les plus performants partageront leurs protocoles cliniques. « C’est quelque chose de nouveau. Le réseau est très complexe, tout le monde le sait, mais il y a beaucoup de choses interdépendantes. Mais lorsque vous travaillez de manière indépendante, vous n’êtes pas doué pour passer le relais. »

Priorities of Santé Québec

  • Accès (première ligne, chirurgie)
  • Humains (utilisateurs et personnel)
  • Efficacité (revoir les façons de faire)
  • Les causes (pourquoi le réseau peine à se rétablir ?)

En donnant la priorité à nos quatre domaines principaux, j’espère que nous pourrons voir l’aiguille avancer dans la bonne direction dans les mois à venir. Nous devrions commencer à voir des changements.

Geneviève Biron, CEO of Santé Québec

Santé Québec présentera ses « cibles opérationnelles » dans son premier plan stratégique en mars prochain. Pour l’instant, nous maintenons les objectifs du Ministère, comme réduire à 2 300 le nombre d’interventions chirurgicales en attente de plus d’un an et réduire la durée des soins en urgence à 2 heures 5 minutes d’ici le 31 mars 2025.

Geneviève Biron confirme avoir complété la mise en place d’un mandat aveugle pour ses participations dans Propulia Capital, une plateforme d’investissement qu’elle a fondée après avoir quitté l’entreprise familiale Biron Groupe Santé, en 2021.

« Privé, on ne peut plus s’en passer »

Alors que la place du secteur privé en santé fait débat, le PDG de Santé Québec, qui a évolué dans ce secteur, partage la vision du ministre Christian Dubé, selon qui le secteur privé devrait être « complémentaire » au public. «Je pense que le secteur privé ne peut pas s’en passer, mais si je dois en faire une priorité, le réseau public est certainement la priorité», affirme-t-elle. M.moi Biron n’a pas voulu dire si elle adhère à la position du Collège des médecins, qui demande au Québec de ralentir l’expansion de la santé privée. « C’est vraiment un concept qui appartient au ministère. […] Le dossier Santé Québec est vraiment un dossier sur le fonctionnement du réseau. Nous ne sommes pas là pour élaborer des politiques publiques. Je veux laisser cela au ministère. Ils sont dans cette réflexion», déclare-t-elle. La presse rapportait mardi qu’un nombre croissant d’infirmières praticiennes spécialisées (IPN) quittent le réseau public pour le secteur privé. “J’espère que nous aurons un environnement de travail où les gens n’auront pas besoin d’aller dans le secteur privé pour trouver ce qu’ils ne peuvent pas trouver dans le secteur public”, commente M.moi Biron.

 
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