Une coalition regroupant notamment Sports Québec, le Grand Défi Pierre Lavoie et la FADOQ tire la sonnette d’alarme : l’état de santé des Québécois est « médiocre » et il faut miser sur l’activité physique pour « inverser la tendance ». Elle prévient le gouvernement qu’il faudra investir dans la prévention pour réduire les coûts du système de santé.
Publié à 1h13
Mis à jour à 5h00
Ce que vous devez savoir
Le gouvernement du Québec souhaite mettre en place une stratégie nationale de prévention au printemps.
Le directeur national de santé publique du Québec, Dr Luc Boileau, lancera des consultations dans les prochains mois.
Une grande coalition, qui comprend Sports Québec, le Grand Défi Pierre Lavoie et la FADOQ, estime que l’activité physique doit être au cœur de cette stratégie.
Québec entend mettre en œuvre une stratégie nationale de prévention au printemps prochain1. La Coalition pour l’avenir du sport et de l’activité physique au Québec (CASAPQ), composée de 10 organismes qui font bouger les gens de tous âges, veut faire partie de la solution.
«Ça fait 16 ans qu’on dit qu’on va se heurter au mur», lance l’apôtre de l’activité physique Pierre Lavoie. Nous sommes au pied du mur. »
Le budget de la santé dépasse les 60 milliards de dollars, en hausse de 50 % au cours des six dernières années. Une situation qualifiée d’« intenable » par le ministre de la Santé, Christian Dubé, lors d’une conférence tenue le 1est novembre à l’Université du Québec à Montréal.
«C’était écrit dans le ciel», raconte Pierre Lavoie. Vous travaillez pour augmenter l’espérance de vie, mais vous ne travaillez pas pour augmenter la qualité de l’espérance de vie. »
Le CASAPQ croit que ses membres peuvent contribuer à retarder la maladie et le recours au système de santé par les Québécois. Le groupe, qui a publié dimanche une lettre dans La presse2vient de rendre public une note d’une quarantaine de pages présentant des « constats alarmants » sur l’état de santé des Québécois ainsi que des solutions possibles.
« Nous avons besoin que les organisations soient financées. Nous, les acteurs qui font bouger les jeunes et la société, sommes tous en difficulté», souligne M. Lavoie. De nombreux bénévoles sont partis pendant la pandémie de COVID-19.
Selon lui, il faut faire bien plus que des campagnes pour promouvoir de saines habitudes de vie, comme l’a mentionné le ministre de la Santé lors de la conférence.
« Si j’étais le gouvernement, j’investirais massivement dans les sports tout compris, des sports que même les plus pauvres peuvent pratiquer : natation, athlétisme, soccer, volley-ball, basket-ball, ski de fond, etc. », énumère Pierre Lavoie. Oubliez le tennis, le ski alpin et le hockey : « Du sport pour les riches ! » »
Faire bouger les petits en CPE
Le CASAPQ soutient que l’activité physique pourrait être intégrée aux centres de la petite enfance (CPE). Actuellement, les enfants d’âge préscolaire « dépendent entièrement », à cet égard, « de leurs parents ou de la volonté des éducatrices en garderie ».
«En Finlande, il y a 120 minutes d’activité physique obligatoires par jour dans les garderies et les garderies», précise Marie-Ève Proulx, qui a coordonné la recherche et la rédaction du mémoire de la coalition.
Les aînés doivent aussi pratiquer une activité physique, soutient le CASAPQ. Le réseau FADOQ affirme faire bouger 70 000 personnes chaque semaine, notamment grâce aux populaires clubs de pickleball. Mais les participants pourraient être plus nombreux, selon lui.
«Si je n’ai pas les moyens de me payer un appareil auditif, des lunettes, un dentier, je ne vais pas socialiser ni faire d’activité physique», affirme sa directrice générale, Jacinthe Roy. Si je n’ai pas accès à un moyen de transport parce que j’ai perdu mon permis de conduire, ma capacité de participer à des activités physiques et de socialiser sera réduite. »
À l’image de la ministre responsable des Aînés, Sonia Bélanger, le Réseau FADOQ estime que tous les ministères doivent s’impliquer en prévention.
Mais Québec devra « délier les cordons de la bourse », estime sa présidente, Gisèle Tassé-Goodman.
« Il faut réfléchir en profondeur sur l’importance de rembourser les coûts des dispositifs médicaux essentiels, notamment pour les personnes vivant en dessous du seuil de pauvreté », pense-t-elle. Une seule aide auditive est actuellement remboursée.
1$ en prévention, 3,30$ en économies sur les soins
Selon un rapport de la firme de consultants McKinsey, chaque dollar investi en prévention génère un rendement de 3,30 $ en économies en santé, rapporte la CASAPQ dans son mémoire.
The group – which also includes, among others, the Réseau Plein Air Québec, the Association québécoise du Loisir Municipale and the Fédération des Educators et Educatrice Physical Educators du Québec – argues that its members represent a “simple and accessible solution” and have expertise.
«Ils pourraient élargir leur offre pour intéresser une plus grande partie de la population et cela aurait un impact direct sur l’état de santé des Québécois», estime Marie-Ève Proulx.
Pierre Lavoie milite pour l’audace. « L’audace n’est pas une folie. C’est du courage, avec de l’intelligence. Le statu quo est inacceptable. »
Le judo pour prévenir les chutes chez les seniors
Les clubs de judo, notamment à Montréal et à Sherbrooke, donnent des cours aux seniors pour leur apprendre à tomber « correctement ». L’objectif ? Éviter les fractures de la hanche et les commotions cérébrales, entre autres. Le président de Judo Québec, Patrick Kearney, estime que cette initiative pourrait être étendue à l’ensemble de la province. Il milite également pour des cours gratuits pour les jeunes issus de milieux défavorisés, comme c’est le cas dans son club, situé à Blainville.
Matériel de sport gratuit
Le Grand Défi Pierre Lavoie a distribué 3 000 paires de skis de fond dans une soixantaine de centres au Québec pour permettre aux jeunes de 12 ans et moins d’apprendre ce sport. Le programme « La Petite Expé » permet aux enfants d’accéder gratuitement aux pistes et aux équipements. « Chaque année, nous initions 100 000 enfants au ski de fond au Québec, explique Pierre Lavoie.
Hockey pour fils, gym pour maman ou papa
De nombreux parents utilisent leur téléphone cellulaire pendant l’entraînement de hockey ou de patinage artistique de leur enfant. Et pourquoi ne pas les faire bouger à la place ? «On pourrait penser à des équipements et à des activités sportives pour garder les parents actifs», estime le président de Judo Québec, Patrick Kearney. Une « petite salle de sport » pourrait par exemple être aménagée pour les parents. Un cours de self-défense pourrait être dispensé dans une salle attenante.
L’activité physique en chiffres
- 35 % de la population québécoise est en surpoids et 23 % est obèse, selon l’Enquête sur la santé de la population québécoise 2020-2021
- 29 % des Canadiens âgés de 5 à 17 ans respectent les lignes directrices nationales en matière d’activité physique, qui consistent à faire 60 minutes d’activité physique modérée à vigoureuse par jour, selon ParticipAction.
- 16 % des enfants de 5 ou 6 ans passent en moyenne deux heures ou plus par jour à utiliser des écrans, selon l’Enquête québécoise sur le parcours préscolaire des enfants de la maternelle.
- 58,5 % des Québécois âgés de 65 ans et plus sont sédentaires ou peu actifs, selon l’Enquête sur la santé de la population québécoise 2020-2021
1. Lire l’article « Stratégie de prévention du printemps : « On ne peut pas aborder le système de santé uniquement à travers le ministère de la Santé » »
2. Lire la lettre « Une solution essentielle pour un Québec en santé, le sport et l’activité physique »
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