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L’œuvre de Pierre Houde enfin reconnue à sa juste valeur

Pierre Houde passera un bon moment lundi à Toronto. Le descripteur des matchs des Canadiens au Réseau des sports (RDS) recevra le prix Foster-Hewitt décerné par l’Association des diffuseurs de la Ligue nationale de hockey. Cette distinction honore un membre de l’industrie de la radio et de la télévision pour sa contribution à sa profession et au hockey en général. Portrait d’un grand communicateur local.

Étonnamment, Houde ne se dirigeait pas vers une carrière dans les communications pendant ses études collégiales et universitaires. À l’université, il a principalement étudié la comptabilité au niveau commercial avancé.

« Dans ma tête, j’allais faire de la gestion de radio », raconte-t-il.

“Mais il est difficile d’interrompre son destin.”

Efficacement.

On n’arrive nulle part par hasard.

De la radio collégiale à Radio-Canada

Houde avait déjà de l’expérience au micro. Il débute à la radio au collège du Bois-de-Boulogne. Puis, durant sa vie étudiante, il fait ses débuts à la radio traditionnelle sur les ondes de CKOI. De fil en aiguille, il arrive à la télévision comme pigiste pour les matchs de la Ligue nationale de football à Radio-Canada.

Houde se sentait à l’aise.

“Je l’aimais de plus en plus”, poursuit-il.

« Au cours de ma quatrième année d’université, j’ai quitté la comptabilité pour me spécialiser en marketing. »

Pas fait pour la médecine

Pierre nourrissait aussi un autre rêve, celui-là plus secret.

« Au fond, j’aurais aimé être médecin, confie-t-il. Ma fille en est devenue une.

« Avec le recul, j’aurais été trop émotif pour poursuivre des études de médecine. Je suis très sensible. Je n’ai peut-être pas non plus eu le courage de répondre aux exigences académiques que cela exige.

« C’est complètement fou ! Ma fille vient d’obtenir son diplôme [en santé publique] et elle aura 30 ans en janvier.

Michelle Houde elle-même travaille dans les médias à sa manière puisqu’elle utilise les réseaux sociaux pour rejoindre des personnes en recherche d’information médicale qui ne sont pas des consommatrices des médias traditionnels.

Recommandé par un ancien Journal

Entre la fin de ses études et son entrée au Réseau des sports en 1989, Houde a travaillé deux ans (1985 et 1986) pour le Grand Prix du Canada. Les moins jeunes se souviendront qu’il était également lecteur de nouvelles sportives à Radio-Canada à cette époque.

Son embauche chez RDS démontre, une fois de plus, que la vie est faite d’imprévus.

Photo fournie par Sylvain Simard

«Trois semaines ou un mois après son ouverture, RDS n’avait toujours pas trouvé de descripteur pour les matchs de hockey», raconte Houde. C’est Mario Brisebois [qui était journaliste à la section sportive du Journal de Montréal] qui a commencé à faire circuler mon nom.

En peu de temps, Houde se voit confier la description des matchs de hockey, qui n’incluent alors pas ceux du Canadien. C’est arrivé en 2002.

Les Jeux de Vancouver : un grand moment

Vous pouvez imaginer que Houde ne manque pas de bons souvenirs compte tenu du large éventail que lui offre la couverture du Canadien, de la et des Jeux olympiques. Mais puisque nous parlons spécifiquement de hockey dans ce rapport, un moment très spécial arrive en tête de liste.

«C’est l’objectif de Sidney Crosby aux Jeux olympiques de Vancouver en 2010», souligne Houde.

On se souviendra que le joueur vedette des Penguins a marqué le but en prolongation qui a permis au Canada de remporter la victoire contre les États-Unis dans le match pour la médaille d’or.

«Encore une fois, il y avait un contexte particulier autour de cet événement», poursuit Houde.

« À Vancouver comme à Londres en 2012, Sports Network était le gestionnaire exclusif de la diffusion francophone des Jeux au cours de ces deux années. C’était un énorme défi pour notre chaîne et nous l’avons relevé avec fierté.

« Quant aux autres bons moments, il y en a tellement. On n’oublie pas son premier match, les innombrables finales de la Coupe Stanley, le printemps Halak, le fameux retour du Canadien face aux Rangers.

Le dernier match de Roy… à la radio anglaise

Houde a également décrit deux matchs du Tricolore en anglais. La première était à la radio CJAD le 2 décembre 1995…

«C’était le dernier match de Patrick Roy contre le Canadien», se souvient Houde.

« Nous travaillions sans écran de télévision devant nous. À un moment donné, Jim Corsi, qui faisait l’analyse, m’a dit : «Pierre, il se passe quelque chose derrière le banc du Canadien!»

Roy venait de dire à Ronald Corey qu’il avait joué son dernier match avec le Canadien. Cela ne s’est pas arrêté là.

«Vous m’avez bien entendu», avait ajouté Roy au visage de Mario Tremblay, qui le regardait d’un air de défi.

Trois semaines plus tard, Houde a été appelé pour décrire un match canadien à Washington à la télévision TSN. La chaîne manquait de descripteurs en raison de la présentation des matchs du Championnat du monde junior sur ses ondes.

Un René Lecavalier des temps modernes

Je ne connais pas intimement Pierre Houde. Mais je crois le connaître suffisamment pour deviner qu’il rougira en lisant qu’il est l’équivalent d’un René Lecavalier des temps modernes.

À l’image de l’ancien grand présentateur de Radio-Canada qui entrait dans nos salons les samedis soirs froids d’hiver, Houde possède un vocabulaire riche et est d’une grande rigueur.

Il fait tout bien.

Qu’il s’agisse de décrire des matchs de hockey, des courses de Formule 1, des événements olympiques ou d’animer des émissions et des documentaires d’après-match. L’homme incarne le professionnalisme.

Houde vivra beaucoup d’émotions lundi. Il aura sûrement une pensée pour son défunt frère Paul, qui incarnait René Lecavalier et plusieurs autres animateurs de radio et de télévision à la résidence familiale, dans sa jeunesse.

Combien d’années encore ?

Un mot résume bien la pensée de Pierre Houde lorsqu’il dresse le bilan de ses 36 années de carrière et de ses quelque 3 500 matchs pour décrire le hockey de la LNH et celui du Canadien depuis plus de 20 ans. Ce mot est : reconnaissance.

«Je remercie le petit Jésus de m’avoir donné l’amour de la vie et la faculté de m’émerveiller. Je suis reconnaissant d’avoir été fait comme je suis. Je suis reconnaissante d’avoir été éduquée par des parents qui ont été d’une complémentarité exemplaire. Mon père était l’artiste, ma mère, la rigoureuse.

«Je suis reconnaissant à Dieu de m’avoir donné une fille comme Michelle. Je suis reconnaissant envers tous ceux qui ont suivi mon parcours et qui, sans le savoir, m’ont dicté à quel point j’aime faire mon travail.

Houde récite tout cela sans retenue et avec sincérité. Une façon de dire qu’on ne peut rien réaliser seul dans la vie. Nous avons tous des personnes qui nous ont aidé dans notre voyage.

Pierre Houde and Marc Denis

Photo fournie par Sylvain Simard

Combien de temps encore se voit-il dans son métier ?

« Nous ne sommes pas dans l’industrie la plus prévisible », commence-t-il en disant.

« Il reste deux ans sur le contrat de diffusion du hockey et un an sur le contrat de Formule 1. J’aimerais faire un autre cycle après ça. Mettons un nombre rond : j’aimerais arriver à 40.

“Mais j’aimerais continuer tant que j’ai le goût et la santé pour le faire.”

 
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