Derrière des lunettes aux verres fumés – semblables à celles de Bernadette Chirac –, Brigitte Macron ne manque pas un mot de l’échange que son mari a, en ce soir d’automne, avec l’un des derniers soutiens du couple. Emmanuel Macron souhaitait, avec la dissolution, « une grande clarification ». Cela a eu lieu. Politiquement et personnellement. « Les masques sont tombés », constate non sans amertume la première dame. Les courtisans, nombreux avant cet épisode, qui affluaient au 55 Faubourg-Saint-Honoré, ont depuis déserté les lieux. Aujourd’hui, il ne reste plus qu’une poignée d’adeptes autour du couple présidentiel.
Alors, il y a quelques jours, lorsque l’un d’eux a franchi les portes du palais pour partager « un simple whisky » avec le chef de l’Etat, les Macron ont rapidement proposé de prolonger la soirée en leur compagnie. « Restez, restez », insiste le président. « Leur isolement se fait sentir », commente ce proche dont l’optimisme, un peu exagéré, a revigoré un couple solitaire le temps d’un dîner. J’ai dit à Emmanuel [Macron] qu’il faut au contraire savourer ce moment. Il y a une attitude à adopter. François Mitterrand, lors de la première cohabitation [entre 1986 et 1988]j’ai très bien compris cela. Il distille, ici et là, des petites phrases meurtrières à l’encontre du gouvernement Chirac. »
Elle ne retient plus ses coups contre ceux qui s’en prennent à son mari
Autour de la table, la première dame, si prompte à apaiser les tensions, ne retient désormais plus ses coups contre ceux qui n’hésitent pas à multiplier les attaques contre son mari. «Dès qu’on évoquait un nom hostile, elle se montrait critique», poursuit l’invitée du couple. Loin de se lamenter – « Ce n’est pas dans son tempérament », dit son entourage –, elle a fait du ménage avec ses amis. « Nos discussions, auparavant très riches, sont devenues banales, presque insipides », ne comprend pas celui qui ne trouve plus grâce aux yeux du couple présidentiel. Elle s’est rapprochée de ses filles, Laurence et Tiphaine, qu’elle appelle tous les jours. Et, si ses proches répètent qu’elle « va très bien », il n’en reste pas moins qu’elle est chargée par son emploi du temps par peur du vide.
A Honfleur, où le couple présidentiel passe habituellement le week-end de la Toussaint, elle a travaillé sur le cours – « autour de la poésie », selon son entourage – qu’elle donnera ce vendredi aux élèves havrais de Live, les nouvelles vocations. institut pour l’emploi qu’elle a inauguré en septembre dernier en compagnie de Bernard Arnault, partenaire du groupe LVMH dans cette structure de réinsertion professionnelle. L’échange avec une cinquantaine de Livers – c’est le nom qu’elle donne aux étudiants – ici âgés de 25 à 62 ans, sera retransmis en direct aux étudiants des autres campus de France. Avant cela, elle aura effectué la veille un déplacement dans un collège pour la journée nationale de lutte contre le harcèlement scolaire, aux côtés de la nouvelle ministre de l’Éducation nationale, Anne Genetet, avec qui elle s’est entretenue rapidement lors de la visite d’Etat du couple français à Maroc la semaine dernière. « C’est son combat depuis le début », insiste un proche. « Et elle est ultra-investie », poursuit un autre.
Face à un président qui se « chiraquisse », Brigitte Macron pourrait bien se « bernadettisée »…
Face à un président « chiraquisant », contraint de rester dans l’ombre portée par Matignon à l’Élysée, Brigitte Macron pourrait bien se « bernadettiser », dans les mois à venir, en osant se mettre davantage en avant. Très souvent renfermée depuis son arrivée au château, et calquant même son emploi du temps sur celui de son mari – « Elle profite de son absence à l’extérieur du pays pour organiser ses déplacements dans la région », nous confirme son entourage – la première dame veut montrer, aujourd’hui, que sa voix porte, y compris à l’étranger ! Son influence, récemment, auprès des sœurs du roi Mohammed VI a participé à la réconciliation de la France avec le Maroc après trois années de crises aiguës. « Brigitte Macron est l’atout du président de la République », juge un proche. “Son meilleur côté”, a ajouté un autre. Bien décidé à poursuivre sur cette lancée, son cabinet prépare actuellement un voyage de la première dame, seule, à l’étranger pour le mois de décembre. Une première !
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Bernadette Chirac, dont elle a succédé à la tête de la Fondation des Hôpitaux de Paris en 2019, a profité de cinq années de cohabitation, entre 1997 et 2002, pour enfin s’installer aux côtés de son mari. A l’époque, son tempérament combatif séduit. Les militants du RPR l’adorent, le reste des Français l’adopte. Rapidement, la femme de l’ombre devient indispensable à Jacques Chirac, dans sa lente reconquête du pouvoir. Elle est acclamée à chaque apparition. Sa popularité atteint de nouveaux sommets. Avec plus de 300 000 exemplaires vendus, son premier livre d’entretiens avec Patrick de Carolis, « Conversation », connaît un énorme succès en librairie (en 2001). Ce qui lui fera dire plus tard à l’académicien Alain Decaux : « C’est moi qui ai fait élire mon mari » contre Jean-Marie Le Pen, en 2002.
Même si elle a reçu plusieurs propositions, Brigitte Macron hésite encore à se lancer dans l’écriture d’un livre. « Elle refuse systématiquement les projets que nous lui soumettons – séries, films ou documentaires compris », explique son entourage. « Elle est résolument dans le présent » nous dit-on, même si plusieurs amis proches nous disent encore qu’elle pense « beaucoup à l’après-2027 », son mari n’arrivant pas à se représenter. « Elle a mis sa vie au service de la réussite de son mari, analyse un proche du couple, sans hésiter parfois à dissimuler ses erreurs ! Ce sera ensuite à lui, une fois le quinquennat terminé, de lui rendre la pareille. » Le fera-t-il ? En attendant, en coulisses, elle n’hésite pas à s’affirmer davantage, même si elle laissait les choses couler. Récemment, alors que le chef de l’État arrivait en retard pour dîner avec elle comme on le fait habituellement vers 22 heures, elle lui a dit : « Si tu ne viens pas maintenant, tu peux dormir sur le canapé. » Une franchise qui n’est pas sans rappeler celle… de Bernadette Chirac.
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