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Semaine sombre à la DPJ, parlons-en sérieusement

Je ne reviendrai pas sur les problèmes évoqués toute la semaine autour du DPJ. Il y a eu de graves manquements. Le ministre était secoué. Nous avons changé de directeur national de la protection de la jeunesse, espérons le meilleur pour la suite.

Je ne veux pas minimiser ces problèmes, mais je crois qu’il faut élargir notre réflexion et regarder les choses de front. Ce que nous demandons au DPJ n’est plus raisonnable. Il est extrêmement difficile de trouver le personnel nécessaire et de maintenir la motivation pour y travailler. Beaucoup de ceux qui s’y consacrent ont envoyé leur CV à d’autres services sociaux.

Je vois deux questions majeures qui semblent hautement taboues. La société blâme le personnel et les managers, mais n’ose jamais poser ces questions difficiles.

Trop de cas

Premier constat : l’augmentation du nombre de signalements année après année représente une aberration. C’est dommage, surtout avec des taux de natalité aussi faibles ces dernières années. Disons-le sans détour : le Québec n’a jamais eu aussi peu d’enfants et on ne peut pas s’en occuper correctement.

Au cours des deux dernières années, les DPJ des différentes régions ont reçu plus de 135 000 signalements. Il y a dix ans, ce chiffre dépassait à peine les 80 000. Même si l’on peut affirmer que les gens sont plus conscients et plus rapides à signaler les cas, une telle augmentation n’a aucun sens.

La Commission Laurent a donné la priorité au soutien aux parents. Il faudra certainement agir pour réduire le nombre d’interventions demandées à la DPJ. Je maintiens mes propos sur la dégradation du tissu social.

Jeunes délinquants

L’autre grande question est encore plus délicate. Faut-il demander à la même organisation de faire des interventions dignes de Mère Teresa auprès des enfants abandonnés ou maltraités et de prendre en charge les membres mineurs des gangs de rue condamnés par les tribunaux ?

C’est un choix assez unique qu’a fait le Québec : les jeunes contrevenants, même ceux qui ont commis les crimes les plus graves, sont placés sous la direction des services sociaux, dans des centres qui relèvent de la DPJ. Dans certains cas, ils entrent en contact trop étroit avec des jeunes qui n’ont rien fait de mal et qui sont sous protection.

Le Québec a toujours été fier de son modèle distinct. En , il existe des sections pour mineurs dans les établissements pénitentiaires destinés aux grands délinquants. Au Royaume-Uni, ils sont détenus dans les « Instituts pour jeunes délinquants de Sa Majesté ». En Ontario, les cas plus graves relèvent de la sécurité publique et non des services sociaux. Si personne ne nous imite, c’est peut-être parce que nous commettons une erreur.

Oui, il faut garder l’esprit de réinsertion des jeunes, mais les sortir du dôme de la DPJ pourrait aider tout le monde. Le DPJ doit en prendre moins, mais en prendre soin.

 
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