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“Le cordon sanitaire a été brisé au niveau local mais pas au niveau national”, estime Dave Sinardet

De son côté, la N-VA a pris du plaisir à prendre ses distances avec toute cette agitation. Le groupe nationaliste a indiqué samedi qu’aucun de ses membres ne figurait parmi les deux listes alliées au Vlaams Belang. C’est assez piquant : alors que le comportement du parti de Bart De Wever est scruté depuis les élections au sujet d’une éventuelle rupture du « cordon sanitaire », ce sont finalement les (anciens) élus démocrates-chrétiens et libéraux qui ont ouvert la voie à Belang. Jusqu’à ce week-end, la situation politique à Ranst était passée inaperçue dans les médias. Le VB n’avait obtenu « que » trois sièges sur 25 au conseil municipal.

Le bourgmestre de Ranst explique pourquoi il a brisé le cordon sanitaire et accuse… la N-VA

Petits jeux locaux…

Cette ouverture vers Belang est en partie une question de petits jeux politiques et d’inimitiés locales. Bart Goris (liste PIT), le nouveau maire de Ranst, a justifié son alliance avec l’extrême droite par… le comportement de la N-VA, deuxième parti de la commune aux élections. Entretenant de mauvaises relations avec les nationalistes, il leur reproche de l’avoir contraint à se tourner vers Belang en ne répondant pas à ses appels. La N-VA dément cette version des faits.

Cette séquence a suscité des commentaires contradictoires. Certains observateurs de la politique flamande estiment que le principe du « cordon sanitaire » a été respecté depuis que le CD&V et l’Open VLD ont libéré leurs membres compromis avec l’extrême droite. C’est notamment le cas du journaliste Hannes Heynderickx, chef du service politique du Nieuwsblad : « Puisque le CD&V et l’Open VLD ont immédiatement exclu leurs membres impliqués dans Ranst, le cordon sanitaire n’est pas rompu mais plutôt renforcé », a-t-il partagé sur les chrétiens-démocrates et les libérauxest un signal important et plein d’espoir « .

Comment expliquer la rupture du cordon sanitaire à Ranst ? « Une histoire bien banale de politique locale… »

Le « cordon » n’existe plus depuis plus de 20 ans

Le politologue Dave Sinardet (VUB, Faculté Saint-Louis) fait une lecture encore plus détaillée de ces événements. “Tout dépend de la définition que l’on utilise du cordon sanitaire, il analyse. La définition stricte évoque un accord écrit entre tous les partis dits démocrates qui s’engagent à ne jamais former de coalition avec Belang. Cet accord formel n’existe plus depuis plus de vingt ans car le texte a été renouvelé une dernière fois avant la création de la N-VA. Geert Bourgeois l’avait signé, mais il était alors président de la Volksunie… La N-VA, depuis sa création, s’oppose au principe du cordon santé pour éviter que le Belang ne se victimise. Même si la N-VA refuse en pratique de s’associer à l’extrême droite.

Lors des élections législatives du 24 novembre 1991, qualifiées de « dimanche noir », le Vlaams Blok (rebaptisé Vlaams Belang suite à une condamnation judiciaire pour racisme) réalise une percée électorale sans précédent. En réponse, les cinq partis démocrates flamands se sont engagés à exclure l’extrême droite de toute coalition politique, quel que soit le niveau de pouvoir.

Au-delà de ce texte déjà ancien, le « cordon sanitaire » a cependant survécu dans sa dimension morale et s’impose néanmoins aux partis en Flandre. “En effet, qu’un accord soit signé ou non, aucun parti ne peut agir en formant une coalition avec Belang, ajoute Dave Sinardet. Cependant, deux listes ont franchi cette étape à Ranst. Mais ces deux listes sont uniquement locales et les personnes appartenant à des partis nationaux ont été exclues par ces derniers. Le cordon n’a pas été rompu en raison de grandes convictions idéologiques mais pour des raisons de politique locale, très triviales et banales : de grands conflits entre les personnalités des deux listes les plus importantes. (la liste PIT et la N-VA locale) qui se battent. Le cordon sanitaire a été rompu au niveau local mais pas au niveau national.

mouette

Le cordon n’a pas été rompu en raison de grandes convictions idéologiques mais pour des raisons de politique locale, très insignifiantes et banales..»

 
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