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au Nord, les civils sous le déluge de tirs de l’armée israélienne

C’est la tête qui a été touchée. Un tir précis. Les corps fragiles de trois enfants gisent dans une mare de sang sur l’asphalte du quartier d’Al-Fallujah à Jabaliya, au nord de la bande de Gaza. La vidéo, publiée le 15 octobre, se concentre un peu plus loin sur le corps d’un homme, aux chairs déchirées.

“Il n’y a pas assez de mots pour décrire l’horreur de ce que nous voyons à Jabaliya, » déclare Mohammed Abu Loay, une jeune recrue des forces de défense civile de Gaza, qui documente son travail de sauveteur sur les réseaux sociaux. La réalité sur le terrain est bien pire que ce que je publie. Il y a des cadavres partout dans les rues. Les gens sont prisonniers, personne ne sait où aller. »

Cela fait presque dix jours que le nord de la bande de Gaza est sous le feu d’une opération d’une intensité sans précédent de la part de l’armée israélienne. Après avoir affirmé que « Le Hamas reconstruisait ses capacités opérationnelles dans le camp de Jabaliya »l’armée a ordonné aux 60 000 habitants de Beit Hanoun, Beit Lahiya et Jabaliya d’évacuer vers la zone humanitaire déjà surpeuplée d’Al-Mawasi, avant d’encercler le Nord.

« Personne n’ose plus sortir de chez lui »

Ismaïl, un habitant de Jabaliya installé à Beit Lahiya, a, comme beaucoup, décidé de rester. « Nous avons vécu l’horreur de la guerre et maintenant nous les laissons gagner en nous forçant à partir ? Bien sûr que non! Nous ne leur permettrons jamais de voler le Nord ! “, s’insurge cet ancien enseignant de 33 ans.

Pris au piège, il décrit un quotidien fait d’explosions, de coups de feu et de bombardements incessants : « Des gens sont tués alors qu’ils sont chez eux. Au moindre mouvement, les quadricoptères vous repèrent et vous abattent. L’armée utilise également des chars robots suicides qui explosent au milieu des quartiers, provoquant l’effondrement des immeubles. Les voies d’évacuation sont bombardées… Plus personne n’ose sortir de chez soi. »

Faute de journalistes, tant gazaouis qu’internationaux, les images arrivant du nord de Gaza sont rares. Certains habitants partagent leur quotidien sur les réseaux sociaux, pour alerter sur les “génocide” qu’ils disent vivre : “Pas de légumes, pas de viande, pas de fruits, et même certaines légumineuses ne sont épuisées, reportage sur X Ezzideen Shehab, médecin à Jabaliya. Internet est coupé dans la plupart des zones, le réseau de télécommunications est extrêmement médiocre, la seule boulangerie qui approvisionnait le camp a été incendiée et les puits d’eau sont systématiquement visés. »

« Plus de 300 patients gravement malades coincés »

Assiégé, le nord de la bande de Gaza ne reçoit ni nourriture ni aide médicale depuis le début du mois. Les trois hôpitaux de la région ont reçu l’ordre d’évacuer les patients et le personnel soignant gravement malades, mais le manque de voies d’évacuation sûres a rendu le processus impossible.

« Plus de 300 patients gravement malades sont coincés dans les hôpitaux, qui commencent à manquer de carburant et de fournitures médicales, alors que le nombre de blessés augmente. » alerte Fikr Shalltoot, directeur de l’Aide médicale aux Palestiniens de Gaza. L’ONG veut mettre en garde contre « l’effacement de la présence palestinienne » en cours au nord de l’enclave : « Le monde doit agir avant que Gaza ne soit complètement rasée. »

Dans le même mouvement, les ONG israéliennes de défense des droits de l’homme ont dénoncé « signaux alarmants » indiquant « la mise en œuvre discrète du « plan des généraux » ». Ce projet militaire, défendu devant le cabinet de guerre par des généraux à la retraite, entend éradiquer le Hamas, poussé à « se rendre ou mourir de faim »au mépris de la vie des civils qui seraient restés dans le Nord : “L’ensemble du territoire du nord de la bande de Gaza deviendra un territoire militaire, et ce territoire militaire, en ce qui nous concerne, ne recevra aucune aide”, explique Giora Eiland, général de division à la retraite de l’armée israélienne, dans une vidéo.

“Si la poursuite de l’attentisme des Etats permet à Israël de liquider le nord de Gaza, ils en seront complices”, protestent les ONG israéliennes dans un communiqué. Menaçant de limiter leur approvisionnement en armes, les États-Unis ont donné à Israël 30 jours pour résoudre la crise humanitaire.

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