Les frappes israéliennes dans la bande de Gaza se poursuivent sans relâche, un an après que les militants du Hamas ont tué plus de 1 200 personnes lors des attaques du 7 octobre 2023, augmentant le nombre de victimes civiles du côté palestinien sans aucune perspective de cessez-le-feu à l’horizon.
Malgré l’évocation répétée par l’administration américaine d’une éventuelle trêve, l’impasse demeure. Le gouvernement du Premier ministre Benjamin Netanyahu et les dirigeants du Hamas se renvoient mutuellement la responsabilité, tandis que l’offensive au Liban et les risques d’affrontement direct avec l’Iran occupent le devant de la scène.
Parler pour l’instant d’un retour au calme à Gaza, voire d’une paix durable entre Israéliens et Palestiniens, semble « déconnecté de la réalité », estime Kobi Michael, analyste à l’Institut d’études sur la sécurité nationale de Tel Aviv qui soutient l’approche du gouvernement israélien.
« Avec qui allons-nous faire la paix ? », demande M. Michael, qui ne voit pas d’autre option pour son pays que de continuer à traquer les militants du Hamas.
Les opérations menées au cours de l’année écoulée, qui ont suscité de vives critiques, ont, selon lui, tué près de 60 % des membres de l’organisation islamiste, décimé les rangs des dirigeants militaires et politiques de l’organisation et détruit ses capacités. de la production d’armes.
Des efforts supplémentaires sont nécessaires, dit-il, pour garantir que l’organisation islamiste ne pourra « plus jamais » exercer le pouvoir sur le territoire palestinien. La question de savoir qui pourrait prendre le relais, alors que l’Autorité palestinienne semble profondément affaiblie, reste en suspens.
“Cela ne veut pas dire que nous allons tuer jusqu’au dernier combattant et saisir le dernier lance-roquettes disponible”, note M. Michael, qui défend l’idée de créer une zone militaire formelle au nord de Gaza pour forcer l’évacuation des habitants. population civile restante, et « affamer » et tuer les militants restants, ainsi que tous ceux qui osent rester sur place.
Le scénario controversé a été soumis au gouvernement, qui y réfléchit activement, selon divers médias internationaux.
Joost Hiltermann, qui dirige la section Moyen-Orient de l’International Crisis Group (ICG), estime que Benjamin Netanyahu « n’a pas vraiment de plan sur ce qui doit se passer maintenant au niveau militaire ou au niveau civil en termes de gouvernance » en Gaza.
Selon eux, il n’y a aucune voie à suivre, c’est pourquoi ils continuent de se battre et de frapper le Hamas chaque fois qu’un combattant montre la tête ou qu’ils pensent qu’un combattant montre la tête. Ce sont les Palestiniens qui en paient le prix.
Joost Hiltermann, directeur de la section Moyen-Orient de l’International Crisis Group
Décès et déplacements
La détermination du Premier ministre israélien est en partie motivée par des considérations politiques personnelles, note M. Hiltermann, puisqu’il risque de voir les éléments les plus radicaux de sa coalition l’abandonner s’il modère son approche.
Selon le dernier décompte du ministère de la Santé de Gaza, plus de 40 000 personnes ont été tuées par les bombardements israéliens au cours de l’année écoulée.
Les Palestiniens de l’enclave ont été contraints de se déplacer à plusieurs reprises pour échapper aux combats et poussés à se réfugier dans des zones « sûres », où de nombreuses frappes ont eu lieu.
Hiltermann a déclaré que la seule façon d’avancer était d’envisager de véritables négociations de paix axées sur la recherche d’une solution à deux États, mais « rien de tel n’est en vue ».
Alain Gresh, qui dirige le journal en ligne Orient XXIestime que les violences subies des deux côtés rendent improbable une issue durable à la situation dans un avenir proche.
La société israélienne est profondément traumatisée par les attentats du 7 octobre, la société palestinienne est traumatisée par ce qui s’est passé au cours de l’année écoulée.
Alain Gresh, fondateur du journal en ligne Orient XXI
L’analyste insiste sur la nécessité d’arrêter les combats au plus vite.
La Cour internationale de Justice (CIJ), après avoir été saisie par l’Afrique du Sud, a mis en garde Israël contre les risques de génocide à Gaza et a déterminé des mesures provisoires pour l’empêcher, mais la communauté internationale tarde à agir pour empêcher que ce scénario ne se produise, note M. .
Tel Aviv, qui critique l’intervention de la CIJ, ne fait pas l’objet, note l’analyste, de pressions suffisamment importantes, notamment de la part des Etats-Unis, pour provoquer un changement de cap.
L’armée israélienne assure que les frappes menées en territoire palestinien sont calibrées de manière à minimiser le nombre de victimes civiles.
Kobi Michael estime que la communauté internationale est « hypocrite » sur ce sujet puisque d’autres campagnes de bombardements, comme celle menée par une grande coalition internationale en 2014 contre le groupe armé État islamique à Mossoul, en Irak, ont eu un impact majeur sur le monde. population civile sans susciter une indignation équivalente.
« Le Hamas est profondément lié à la société et au territoire de Gaza, ce qui en fait la zone de combat urbain la plus complexe de la planète », souligne-t-il.
Le Liban, pour détourner l’attention ?
M. Hiltermann de l’ICG estime que la vague de bombardements et l’offensive terrestre lancée au Liban contre le Hezbollah il y a quelques semaines visent en partie à faire oublier la situation à Gaza et le sort des otages encore aux mains du Hezbollah. Hamas. Selon les autorités israéliennes, 117 ont été libérés depuis le 7 octobre 2023. L’organisation islamiste détient toujours 97 otages présumés vivants.
« Le gouvernement veut changer le discours, pour que les Israéliens se concentrent ailleurs », note-t-il.
L’analyste souligne en même temps que l’incapacité d’Israël à rapatrier la population civile évacuée de la zone frontalière avec son voisin du nord devenait un problème politique de plus en plus pressant.
Tel Aviv, affirme Kobi Michael, ne veut pas occuper définitivement le territoire libanais, mais veut s’assurer de pousser le Hezbollah suffisamment au nord pour empêcher l’organisation de poursuivre ses tirs de roquettes en soutien au Hamas.
“Nous n’occuperons pas le territoire, mais nous le surveillerons et n’hésiterons pas à frapper si nécessaire”, assure M. Michael.
L’attitude de l’Iran, qui contrôle le Hezbollah, risque de peser lourdement sur la poursuite du conflit. Téhéran, qui multipliait ses avertissements à l’égard d’Israël, a tiré mardi quelque 200 missiles vers le pays, alimentant une dangereuse escalade.
Josh Bell, ancien diplomate qui dirige le programme Moyen-Orient du Centre international de Tolède pour la paix, constate que le nouveau président iranien, Massoud Pezeshkian, dont les pouvoirs sont limités, affiche depuis son entrée en fonction une certaine volonté d’apaisement avec les pays occidentaux qui semblait apporter de l’espoir. Les partisans de la ligne dure au sein du régime semblent toutefois dicter la ligne de conduite pour l’instant.
Israël, pour sa part, veut « forcer le Hezbollah à se soumettre » à ses impératifs de sécurité sans tenir compte de ce qui se passe à Gaza, une approche qui ne garantira pas, selon M. Bell, une paix durable.
De nombreux pays arabes de la région sont « en mode attentisme » et souhaitent voir qui remportera la prochaine élection présidentielle américaine avant d’investir davantage dans la recherche de solutions, note l’analyste.
Une victoire de l’ancien président Donald Trump, qui prônait une ligne dure contre l’Iran durant son mandat, pourrait influencer l’équation.
« Il n’y aura pas de stabilité tant que les besoins fondamentaux d’Israël, des Palestiniens et des pays voisins ne seront pas raisonnablement satisfaits », note M. Bell.
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