Les Fano, milices traditionnelles d’autodéfense populaire de l’ethnie Amhara, deuxième en nombre en Ethiopie, ont pris les armes contre le gouvernement éthiopien en avril 2023 dans cette région de 23 millions d’habitants.
Le conflit a été déclenché par la volonté des autorités fédérales de désarmer les forces de sécurité régionales de Fano et d’Amhara. En août 2023, le gouvernement a déclaré l’état d’urgence à Amhara, qui a expiré en juin. “Au cours des deux dernières semaines, il y a eu l’envoi de nombreux renforts (de l’armée fédérale, ndlr) et de nombreuses arrestations de responsables soupçonnés de collusion avec les Fano”, a indiqué une Source sécuritaire, qui a requis l’anonymat.
Mardi, l’ONG Amnesty International a déploré des « détentions arbitraires massives » dans la région d’Amhara, citant des centaines d’arrestations, dont certains membres de la communauté universitaire. Cette information ne peut pas être vérifiée de manière indépendante car les autorités restreignent l’accès à la zone.
Les affrontements entre les forces fédérales et les Fano sont meurtriers. Le 17 septembre, à Debark, ville de la région d’Amhara située à environ 750 km au nord de la capitale Addis-Abeba, au moins neuf personnes, en majorité des civils, ont été tuées lors d’affrontements entre forces fédérales et miliciens.
Les Fano, milices largement autonomes sans véritable commandement central, multiplient depuis plus d’un an les attaques contre les forces fédérales et les villes de la région, dont elles ont réussi à prendre brièvement le contrôle à plusieurs reprises.
Les Fano s’estiment trahis par l’accord de paix signé par le Premier ministre Abiy Ahmed en novembre 2022 avec les dirigeants dissidents de la région voisine du Tigré, ennemis de longue date des nationalistes amhara qui revendiquent des « terres ancestrales » rattachées administrativement au Tigre.
Durant les deux années de conflit au Tigré, les forces Amhara ont en effet prêté main forte à l’armée fédérale contre les rebelles tigréens.
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